Les législatives sont-elles suffisamment transparentes pour être crédibles ?
Maintenant que les résultats des Législatives de 2019 sont pratiquement acquis, avec les estimations annoncées et très proches de la réalité, sur la base de différents sondages effectués, donnant le mouvement Ennahdha au premier rang, suivi par « Qalb Tounès » et « La coalition El Karama » en troisième position, plusieurs questions restent malgré tout posées à propos des conditions de déroulement de ce scrutin, bien que la majorité des observateurs locaux et internationaux le jugent « satisfaisant et sans entaches »…
Et pourtant, bon nombre d’infractions ont été relevées dans certains centres de vote qui atteignent un degré de gravité qui ne donnent plus à ce scrutin sa crédibilité et aux vainqueurs leur « légitimité ».
C’est que parmi ces mêmes observateurs, ceux des associations nationales et de la société civile en particulier, bon nombre ont déclaré que des infractions ont été constatées dans plus d’un centre de vote, à l’instar de la poursuite de la campagne par des « appels au vote » ou par d’autres moyens « détournés » au profit d’une liste donnée, obligeant par exemple le président de l’un de ces centres à fermer les lieux un certain temps jusqu’au renvoi de ces « intrus » …
L’un de ces observateurs ayant rapporté que des citoyens souffrant d’insuffisance mentale (trisomiques) ont été vus en train de voter. Comment et en faveur de qui se demande-t-on ???
Ou ces informations crédibles sur le comportement de ce membre d’un bureau de vote « soufflant » aux citoyens le nombre de la case à cocher, particulièrement aux personnes « vulnérables », ou d’autres cas d’influence sur le vote touchant celles d’un âge avancé, illettrées ou porteuses d’un handicap (mal-voyantes par exemple).
Cela sans parler de ce cas d’une extrême gravité qui a été largement partagé à propos de ce citoyen attrapé en flagrant délit, une valise pleine d’argent à la main, « soudoyant » les électeurs en leur offrant une somme d’argent en contrepartie du vote à faire !
Autre question que plus d’un est en droit de poser est la « neutralité » de ces membres des bureaux de vote, les « foulardées » particulièrement qui, même si leur majorité est assignée à la neutralité par le serment, il n’est pas évident que certaines autres jouissent de cette neutralité ; l’habit pouvant bien faire, dans ce cas, le moine…
Et « l’insensibilité » de l’ISIE !
Malgré tous ces constats et ces observations, notre Instance pour les élections, l’ISIE, semble « convaincue » que ces infractions n’atteignent pas un degré de gravité qui annulerait le scrutin ou la radiation d’une liste.
L’achat des voix n’est-elle pas une grave infraction ? L’appel au vote d’une liste précise n’en est pas un autre cas de gravité ? L’influence au vote n’est-elle pas une grave infraction au code du scrutin ?
De quoi cette Isie a-t-elle peur pour prendre les décisions qui s’imposent dans ces cas-là ?
La peur d’un parti ou de créer une sorte de confusion générale non souhaitée et non souhaitable en décidant l’annulation du scrutin et l’appel à un nouveau tour des Législatives ?
Même si presque partout à travers le monde, et au sein des démocraties les plus chevronnées, des infractions ont toujours été relevées, il n’a jamais été décidé une annulation du scrutin (rarement dans certaines circonscriptions locales) !
Tout cela pour dire que notre jeune expérience démocratique commence mal avec trop d’irrégularités, de dépassements, de coups bas et autres délits sur lesquels on ferme trop les yeux, l’ISIE étant un peu trop indulgente et jouant beaucoup plus la « neutralité » que le rôle qui lui est dévolu en tant que « juge » ayant les moyens de décider du sort du scrutin et de celui des listes en concurrence, en cas d’infraction, cela malheureusement, aux dépens de la voix du citoyen, de la loi, de la légalité et de la crédibilité de notre scrutin.
Jameleddine Ben Abdessamad
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