Les martyrs de Aïn Soltane : Qu’ils paraissent ridicules les conflits qui divisent le pays
Six jeunes gens à la fleur de l’âge qui respiraient la santé ont été fauchés ce dimanche matin par une bande d’assassins assoiffés de sang alors qu’ils accomplissaient leur devoir.
Ils s’appelaient Hatem, Anis, Arbi, Hamza, Houssem et Achraf. Ils venaient de tous les coins de la Tunisie, de Kairouan, Radès, Cité Ettadhamen, Bizerte, Kélibia ou Tajerouine. Ils avaient entre 25 et 28 ans
Leur seul tort est d’avoir revêtu l’uniforme de la garde nationale et fait le serment de défendre chaque centimètre du territoire national fut-ce au prix de leur vie. Attentat lâche, acte ignoble.
De notre piédestal nous pouvons chercher les qualificatifs les plus épouvantables cela ne changera rien à la réalité. Des familles sont endeuillées dans la chair de leur chair, des mères inconsolables pleurent leurs enfants, des jeunes femmes continueront à attendre leur homme qui ne reviendra plus. De jeunes enfants lèveront pendant longtemps les yeux au ciel en cherchant à croiser le regard de ce père qu’ils ont perdu et dont plus tard ils ne se souviendront plus, pas même du moindre des détails de son visage.
A Aïn Soltana, au pied du djebel à quelques encablures de Ghardimaou, la bien nommée grotte du sang, ces jeunes gens ont donné leur vie pour que nous Tunisiens vivions dans la paix et la sécurité. Ils ont irrigué cette belle terre que nos ancêtres nous ont légué par ce qu’ils ont de plus précieux, leur souffle de vie.
Deux autres ont été grièvement blessés et garderont pour longtemps les séquelles de cet acte dans leur chair. Fort heureusement ils sont hors de danger. Nos prières les accompagnent pour qu’ils recouvrent la santé rapidement.
Ceux-là et ceux-ci viennent s’ajouter à la liste longue des martyrs de l’armée et des forces de sécurité intérieure, qui sont tombés au champ d’honneur pour que la patrie demeure souveraine et invulnérable. Qu’ils paraissent ridicules dès lors les conflits qui divisent le pays entre ceux qui tiennent au maintien de Youssef Chahed à la tête du gouvernement et ceux qui réclament à cor et à cri son départ illico presto.
Alors que l’ennemi tapi à l’intérieur de nos frontières planifie pour attenter à la vie de nos vaillants gardes nationaux qui veillent sur nous, se perdre en conjectures dans des remaniements ministériels ou, pire, des changements de gouvernements qui ne servent à rien sauf à satisfaire les égos démesurés de quelques uns est pour le moins saugrenu.
Ce sont du reste ce genre de tiraillements qui sont faits pour nous distraire de problèmes autrement plus graves et donnent à l’ennemi l’opportunité de nous viser parce qu’il sait que notre vigilance est émoussée et que notre attention de tous les instants est retombée.
Cet attentat ignoble doit nous sortir de notre torpeur et nous faire prendre conscience que tous les conflits même les plus justifiés n’ont plus de raison d’être lorsque la nation est visée dans ce qu’elle a de plus cher, la vie de ses enfants et la quiétude de tous.
L’union sacrée de toutes les composantes de la communauté nationale autour de son armée et de ses forces de sécurité est plus que jamais nécessaire. Nous devons oublier nos différends, nos conflits, nos crises et les ranger au placard.
C’est la patrie meurtrie qui nous appelle et nous devons répondre à son appel par davantage de cohésion, d’unité et de rassemblement.
Le président de la République que la constitution investit du devoir de veiller à la sécurité nationale se doit de mettre de l’ordre dans les affaires du pays. Il doit siffler la récréation qui n’a que trop duré. La Constitution lui en donne les moyens de le faire.
Il doit aussi user de son magistère comme il en a pris l’engagement même si ses prérogatives paraissent ne pas lui en donner la capacité.
Cette opération lâche ne doit pas rester sans conséquence. Les assassins doivent être poursuivis et châtier avec la plus grande fermeté. Mais cela ne doit pas suffire. Le moment est grave et une union sacrée autour de la patrie est plus que jamais nécessaire.
Ceux qui ne répondent pas à l’appel peuvent être aisément taxés de complices. La trahison de la patrie est la plus ignoble des traitrises.
RBR
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