Les protestataires de Mejel Bel Abes menacent le gaz algérien à destination de l’Italie
L’information de l’entame d’un sit-in de certains protestataires des zones frontalières d’Oulad Marzoug et d’Oulad Farah de la délégation de Mejel Bel Abes (gouvernorat de Kasserine) dans la station de pompage de la société SERGAZ, qui passe presque inaperçue en Tunisie (tellement on s’est habitué à l’anarchie et aux blocages des sites énergétiques) choque depuis hier en Algérie et dans de nombreux pays européens.
La Société Tuniso-Italienne de Service du Gazoduc Transtunisien (SERGAZ) est en effet responsable du transport du gaz algérien vers l'Italie, d’où certaines quantités sont acheminées vers d’autre pays européens dont la France.
Ce transport se fait par pipeline via le gazoduc trans-méditerranéen, d’une longueur de 1200 kilomètres environ, qui passe par trois pays (600 km en Algérie, 370 km en Tunisie, 155 km en mer et le reste en Italie où il atterrit en Sicile).
C’est pour cela que les craintes sont énormes en Algérie, ainsi que dans les pays européens qui importent le gaz de ce pays, quant aux répercussions catastrophiques d’un éventuel blocage du passage du gaz dans cette première station de la société SERGAZ sur le sol Tunisien situé à Mejel Bel Abes.
Il est inutile de rappeler, dans ce cadre, que l’énergie occupe une place prédominante dans l’économie algérienne et que les hydrocarbures à eux seuls représentent 60 % des recettes du budget et 98 % des recettes des exportations de ce pays frère qui est classé comme troisième plus gros exportateur de gaz naturel liquéfié vers l’Europe.
Etant donné que la majorité des quantités du gaz algérien exportés vers l’Europe passe par la Tunisie, on comprend facilement les craintes d’un éventuel blocage à Mejel Bel Abes ou dans n’importe quelle autre station de pompage du gazoduc sur le territoire tunisien.
Il est à rappeler aussi que notre pays bénéficie de la redevance sur le gazoduc acheminant le gaz algérien vers l’Italie, estimée à 5,25%. Ce qui permet de renforcer la trésorerie de l’Etat en recettes annuelles de l’ordre de 500 millions de dinars (MDT).
En plus d’une somme fixe annuelle de 11,5 millions de dollars et du fait que ce passage du gazoduc acheminant le gaz Algérien vers l’Europe permet à la Tunisie de s’approvisionner en nature pour la STEG de quelque 4 milliards de m3 de gaz naturel par an, ce qui représente 65% de la consommation annuelle nationale en gaz.
Face à ces énormes enjeux pour la Tunisie, l’Algérie, l’Italie ainsi que pour que tous les pays européens qui importent le gaz algérien, il est grand temps que l’Etat tunisien assume son rôle dans la protection des sites énergétiques.
Le chef du gouvernement semble finalement avoir saisi ce message. C’est pour cela que pour éviter tout incident diplomatique avec l’Algérie frère et avec l’Italie, il a enfin ordonné, lors de sa réunion d’aujourd’hui avec le ministre de la Défense, Ibrahim Bartagi, le ministre de la Justice, Mohamed Boussetta et le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, à la force publique d'intervenir, pour rouvrir les sites de production et les routes bloquées.
Espérons seulement qu’il sera entendu et que la loi sera appliquée pour éviter de voir notre cher Tunisie ruinée.
Kais Ben Mrad
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