L'hommage à Abdallah Abaab ou les émouvantes retrouvailles des vieux militants

L'hommage à Abdallah Abaab ou les émouvantes retrouvailles des vieux militants
 
L'organisation de la cérémonie du 40ème jour du militant Abdallah Abaab disparu le 19 février  dernier, par l'association des anciens combattants, a été l'occasion pour de nombreux vieux destouriens, de se rencontrer pour rendre hommage à l'un des leur. Etaient présents des militants comme Laroussi Ben Brahim, Mohamed Karim Mastouri, Rachid Sfar, Mahmoud Ellafi, Salah Bouderbala, Moncef Barcous, Mekki Aloui et d'autres personnalités qui avaient connu Abdallah Abaab et milité avec lui dans le Néodestour. Il y avait également dans la salle d'anciens ministres et hauts responsables de l'époque Ben Ali, comme Mohamed Jeri, Mohamed Jenifane, Mohamed Jegham, Ali Chaouch, Chadli Neffati, Yadh Ouedhreni... Le tout en présence des fils du défunt et des membres de sa famille.  
 
Le commandant Abaab, est en effet, un militant de la première heure. Il a traversé tout le 20ème siècle et a accompagné pratiquement tous les leaders du mouvement national, Habib Bourguiba, Habib Thameur, Ali Balhouane, Taieb Slim, Mongi Slim, Youssef Rouissi, Salah Ben Youssef, Rachid Driss, Hamadi Badra, Chadli Kallala...Il a connu, également, des leaders maghrébins comme Ahmed Ben Bella, Abdelkrim Khattabi...
 
Natif de Ben Gardane, il s'est engagé dans le Néodestour en 1940, avant d'entrer à l'école de guerre de Bagdad et d'obtenir un diplôme dans la spécialité "des blindés".
Le professeur d'histoire Fethi Lessir, auteur des mémoires du défunt, a, dans son intervention, passé en revue toutes les étapes de la vie du militaire, du militant et du député. Et "le poète de Bourguiba" Hassen mahnouch, originaire de la ville de Ben Gardane aussi, a déclamé un poème à la mémoire de celui qu'il considère comme son "parrain".
 
Abdallah Abaab, c'est aussi l'homme qui s'était opposé, en septembre 1987,  à la condamnation à la peine capitale du leader du mouvement islamise Rached Ghannouchi. D'ailleurs, ce dernier a assité à l'enterrement de celui à qui il doit encore la vie et a prononcé une oraison dans laquelle il a rappelé le rôle joué par le défunt dans la lutte de libération nationale. Ghannouchi a évoqué ce moment crucial et pénible qu’il a vécu avec bon  nombre des dirigeants du mouvement islamiste lors du jugement de 1987. Les larmes aux yeux et en sanglots, il a dit : « si, 28 ans après, je suis encore en vie, c’est grâce à Dieu et Abdallah Abaab ».
 
 Ce dernier, en sa qualité de député, était membre de la cour de sûreté de l’état qui avait jugé les dirigeants du MTI(mouvement islamiste tunisien devenu Ennahdha en 1989). Elle était composée de quatre membres, deux juges et deux députés en plus du président le procureur général Hechmi Zammel. Avec l’autre député, Mohamed Karim Mastouri, ils s’étaient tous les deux opposés à la peine capitale qui était requise contre Ghannouchi et plusieurs autres dirigeants et que la cour devrait entériner. 
 
L'ancien premier ministre de Bourguiba et secrétaire général du parti socialiste destourien, Rachid Sfar n'a aps raté l'occasion pour faire le point sur cet épisode "douloureux de l'histoire du pays" qu'il avait "suivi dans son bureau grâce au métériel installé par les bons soins du minsitre de l'intérieur...Ben Ali". Il a rappelé que c'ést le Président Habib Bourguiba en personne qui avait choisi, parmi une liste de députés, Abdallah Abaab et Karim Mastouri pour faire partie du jury de la cour. Dans son intervention,  il a  raconté, avec détails,  comment en sa présence et celle de Ben Ali ," Bourguiba avait tout simplement dit à Hechmi Zammel, le président de la cour " attention si vous prononcez la peine capitale, je n'accorderai pas ma grâce". Sous entendu, d'après Sfar, " faites attention n'allez pas jusqu'au bout".
 
Au nom de toute la famille, le fils ainé du défunt, Amor Abaab, a pris la parole pour remercier l'association des anciens combattants pour cette initiative, les intervenants et tous les présents.
B.O