Lionel Messi: Le nouveau Pape Argentin !

Par Mahjoub Lotfi Belhedi
Spécialiste en réflexion stratégique 

A l'issue d’une finale sublime de la coupe du monde - Qatar 2022 -,  une cérémonie planétaire digne de conte de fée fût organisée á l’honneur du  Lionel Messi.

Aux yeux des Argentins, il s'agit d'une cérémonie de proclamation d’un nouveau Pape à l'église Maradonienne (en espagnol Iglesia Maradoniana).

En effet, depuis l'ascension fulgurante  du phénoménal Diego Maradona, l'Argentine a su garder une bonne longueur d'avance sur les autres nations latines les plus accros du football comme le Brésil, l'Uruguay et le Chili,  lequel le foot argentin se distingue par sa connotation religieuse et son soft power non négligeable…

 I- Le Foot Argentin : Une nouvelle religion !

A l'initiative de trois journalistes argentins respectivement Héctor Campomar, Hernan Amez et Alejandro Veron, l'église Maradonienne a vu le jour le 30 octobre 1998 dans la ville de  Rosario (troisième ville d’Argentine derrière Buenos Aie et Cordoba).

A cette date charnière de l'histoire du pays,   la conviction  catholique profonde des Argentins se trouve, pour la première fois, réinventer par la création de toute pièce d'un nouveau saint doté d’un pouvoir footballistique surnaturel, appelé Diego Armando Maradona.

La légende a atteint un niveau liturgique lors du match Argentine / Angleterre en 1986 (disputé dans  le stade Azteca de Mexico), plus exactement suite au  but décisif marqué par la main de Diego Maradona qualifié de «  main du dieu »...

Et comme tout culte, l'église Maradonienne a ses propres fidèles (dont Lionel Messi et Cristiano Ronaldo  figurent en tête de liste), mais aussi ses propres  commandements au nombre de dix,  ses propres rites  faisant de la naissance de Diego le 30 / Octobre / 1960 le commencement d'un nouveau calendrier grégorien, et ses propres prières dont l’une les plus célèbres appelle :

« Notre Diego qui est sur terre.
Que ton gauche soit sanctifié, que ta magie vienne.
Fais en sorte que l'on se souvienne de tes buts,
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui notre joie quotidienne.
Pardonne aux journalistes,
Comme nous pardonnons à la mafia italienne.
Ne nous laisse pas gâcher la balle.
Et délivre-nous d'Havelange."

II – Le Foot Argentin : Un outil de soft power non négligeable ! 

Dans nos pré-requis en sciences  politiques, l'État est construit autour d’un territoire,  d'une population et d'un gouvernement,  dans l'imaginaire collectif argentin, il faut ajouter  le foot comme élément constitutif déterminant, symbole de cohésion nationale et de puissance de l’Etat.

En termes de cohésion nationale, une chose est sûre que par le biais de ses icônes footbalistiques l’Argentin se sent fier d'être un Argentin, forgeant ainsi une nouvelle identité spécifique à portée universelle d'une nation multi-ethnique/confessionnelle.

En termes de soft power, certes, l'image emblématique du grand maître Diego Maradona et son adepte Lionel Messi pèse lourd sur l’échiquier géopolitique international  en propageant des ondes de puissance douce typiquement argentine capable de drainer des flux d'investissement important dans un pays de « Mille et Une inflation »…

Et le culte argentin ne fait que commencer !