L’OIT lève la suspension d’inscription des diplômés des écoles privées
Le siège de l’Ordre des Ingénieurs Tunisiens a abrité, ce jeudi après-midi, une importante conférence de presse consacrée à la présentation de la position de cet organisme au sujet de la Formation des ingénieurs, particulièrement dans les écoles privées et des moyens de la promouvoir.
Durant ce rendez, le Président de l’OIT, Oussama Kheriji, a rappelé que depuis sa création cet organisme a toujours veillé à la qualité de la formation des ingénieurs.
D’ailleurs, selon l’Article 9 de son statut, l’OIT veille à la promotion de la profession d’ingénieur et à la qualité de formation et il contribue à l’évaluation des besoins du pays en ingénieurs dans le cadre des plans de développement économique et social. Il lui revient aussi d’informer périodiquement l’administration des spécialités et des profils d’ingénieurs disponibles.
Kheriji a précisé que l’augmentation disproportionnée des écoles publiques (33) et privées (28) d’ingénieurs a débouché sur une augmentation jamais atteinte, en nombre de diplômés, au cours de la période 2010-2015.
En effet, ce nombre a doublé en passant de 4292 en 2010 pour atteindre quelque 8500 diplômés en 2015. Cette fulgurante augmentation du nombre des nouveaux diplômés a logiquement creusé davantage le fossé entre l’offre et la demande, portant le taux de chômage à 10 à 40 % dans certaines spécialités du secteur.
Il a été rappelé lors de cette conférence de presse que devant cette situation précaire et en l’absence d’une vision claire pouvant garantir un avenir meilleur à la profession d’ingénieur, les étudiants des écoles d’ingénieurs publiques ont entrepris, en 2015, des mouvements de contestations.
Les intervenants ont aussi rappelé que durant ces protestations qui ont perturbé l’année universitaire et causé deux mois d’arrêt des enseignements, les étudiants ont appelé à l’application d’une série de mesures visant à promouvoir la formation en ingéniorat, tant publique que privée, et à appliquer les mêmes critères de qualité à toutes les écoles d’ingénieurs.
D’un autre côté, Il a été précisé lors de la conférence qu’interagissant avec ce mouvement de protestation et constatant la poursuite d’octroi de licences aux écoles privées, sans respect strict des cahiers des charges et sans tenir compte des besoins du marché, le comité provisoire de l’Ordre des Ingénieurs Tunisiens a décidé, lors du mois de février 2015, de suspendre l’inscription des diplômés des écoles privées au tableau de l’Ordre. Décision qui les prive de prendre part aux concours nationaux de recrutement aux établissements publics et de postuler à l’étranger.
Le président de l’Ordre, Oussama Kheriji, a ajouté : « Après l’intronisation du nouveau Conseil élu de l’OIT, il a été décidé, lors de sa réunion du 29 novembre 2015, de maintenir la suspension des inscriptions des diplômés des écoles privées, tout en leur délivrant des attestations d’inscription provisoire, en attendant la tenue d’une réunion de travail avec le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Cette réunion visait à présenter au ministère la vision de l’OIT concernant la formation des ingénieurs et à débattre de la position du ministère quant à la réforme de cette formation en ingéniorat.»
Cette réunion avec le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a finalement eu lieu le 12 janvier 2016. L’OIT y a présenté sa vision et ses propositions-doléances qui consistent essentiellement en l’obligation d’être représenté, de façon efficiente, au sein de la commission des équivalences et en la nécessité de la création d’un organisme indépendant d’accréditation qui prenne en charge l’évaluation du niveau de la formation dans les écoles publiques et privées sur la base de critères unifiés de qualité.
Lors de la conférence de presse, les représentant de l’OIT ont indiqué que leur rencontre avec le ministre leur a permis de remarquer que la vision de ce dernier se rapproche de celle de l’Ordre dans la mesure où il a expliqué que le projet de son département comprenait la création d’une Agence Nationale d’évaluation de la recherche scientifique et de l’enseignement supérieur et une deuxième pour l’accréditation à deux volets, l’un pour les ingénieurs et l’autre pour les médecins.
Le ministre aurait même formulé le vœu de les voir démarrer en janvier 2017.
Il a, d’un autre côté, appelé l’OIT à assumer ses responsabilités quant à l’évaluation des besoins du pays en formation en ingéniorat et à fixer le nombre d’ingénieurs dont le pays a besoin.
Ainsi, le Conseil de l’Ordre a annoncé qu’il a pris la décision d’assumer ses responsabilités pour assurer la qualité de la formation d’ingénieurs, au cours de cette période nous séparant de la création de l’Instance d’Accréditation et ce par :
* La levée de la suspension d’inscription au tableau de l’OIT infligée aux diplômés des écoles privées et la reprise de l’inscription des diplômés des mêmes écoles, sortis les années précédentes. Ces mesures ayant pour échéance la fin de l’année universitaire 2015-2016.
*La mise en place, entretemps par l’OIT, pour cette année universitaire, d’un comité d’évaluation des écoles privées d’ingénieurs pour examiner leur adhésion aux cahiers des charges, en fonction de quatre critères fondamentaux :
1-Les critères présidant à l’inscription des étudiants.
2-Le taux des enseignants permanents.
3-Le taux d’encadrement des étudiants.
4-La qualité des espaces et des équipements dédiés à la formation.
*Cette évaluation permettra de dégager, tout au plus, trois catégories d’écoles :
Première catégorie: elle comprendra les écoles répondant totalement aux conditions requises ci-haut citées. L’OIT continuera d’inscrire à son tableau leurs étudiants diplômés de ces écoles après 2016.
Deuxième catégorie: elle comprendra les écoles répondant partiellement aux conditions requises ci-haut citées. L’OIT continuera d’inscrire à son tableau leurs étudiants diplômés après 2016, sous couvert d’une période de grâce. Au-delà de cette période, l’OIT suspendra l’inscription si les conditions ne sont pas remplies.
Troisième catégorie: elle comprendra les écoles ne répondant à aucune des conditions requises ci-haut citées. Dans ce cas, l’OIT refusera son tableau aux diplômés de ces écoles.
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