« L’UE craint pour sa crédibilité en matière des droits de l’homme » en Tunisie, selon le Guardian citant un document fuité

« L’UE craint pour sa crédibilité en matière des droits de l’homme » en Tunisie, selon le Guardian citant un document fuité

 

« L’UE craint pour sa crédibilité en matière de droits de l’homme alors que la Tunisie écrase l’opposition », selon un document fuité élaboré par l’Union Européenne dont le journal britannique le Guardian a pris connaissance d’après un article publié ce vendredi 13 septembre sur le site de ce journal « Un document détaillant la « détérioration » sous (le président) Kais Saied alimentera les inquiétudes concernant l’accord migratoire du bloc (européen) avec son pays », ajoute-t-il.

Un rapport interne rédigé par le service diplomatique de l’UE (SEAE), consulté par le Guardian, détaille « une nette détérioration du climat politique et un rétrécissement de l’espace civique » sous le président tunisien, Kais Saied, écrit-il. Et le document d’indiquer : « Les responsables de l’UE s’attendent à ce que Saied reste au pouvoir après les élections présidentielles du 6 octobre » avant d’ajouter que la période précédant le vote a été marquée par l’emprisonnement d’opposants et la poursuite de dissidents sous prétexte de diffusion de fausses informations ».

Le document alimentera les inquiétudes concernant le pacte migratoire UE-Tunisie de 2023, qui vise à empêcher les personnes d’atteindre l’Europe. « Les relations UE-Tunisie sont devenues plus complexes », indique le document, que le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, a envoyé aux ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’UE le 7 juillet.

« L’UE continue d’avoir un vif intérêt à préserver son partenariat avec la Tunisie afin d’assurer la stabilité du pays », poursuit le rapport, décrivant ce lien comme un moyen de garantir la stabilité socio-économique, le respect des droits de l’homme et de « poursuivre une coopération efficace en matière de gestion des migrations ».

L’UE craint que sans un tel soutien, la Tunisie ne tombe sous l’influence de « pays tiers hostiles », qui, bien qu’ils ne soient pas nommés, font presque certainement référence aux «concurrents » que sont la Russie, l’Iran et la Chine.

Le rapport de cinq pages relate l’arrestation de politiciens de l’opposition, de journalistes, d’avocats et d’hommes d’affaires avant l’élection présidentielle du mois prochain. Des personnes travaillant pour des ONG qui aident les migrants ont également été arrêtées, « dont la majorité sont des partenaires de mise en œuvre de programmes financés par l’UE », note le document de l’UE.

Depuis la rédaction du rapport de l’UE, de nouvelles personnes ont été arrêtées, notamment la militante des droits de l’homme et journaliste Sihem Bensedrine, ancienne présidente de l’Instance Vérité et Dignité, créée après le printemps arabe pour enquêter sur des décennies de violations des droits de l’homme. Elle a été placée en détention provisoire le 1er août, à l’issue d’une enquête largement considérée comme fondée sur de fausses accusations. Avant son arrestation, Bensedrine s’était prononcée contre la répression politique et « l’atmosphère toxique » en Tunisie.

Le rapport du SEAE souligne que « le tollé et l’attention publique » concernant les violences, les expulsions et autres mauvais traitements infligés aux migrants et aux demandeurs d’asile « dans lesquels les autorités sont souvent impliquées » soulèvent « des questions cruciales sur le soutien de l’UE aux autorités de gestion des frontières ».

Selon The Guardian Hussein Baoumi d’Amnesty International, qui a commenté le document à la demande du journal, a déclaré que son analyse reflétait une situation très désastreuse. « On ne peut échapper à cette réalité : la situation en Tunisie en termes de droits de l’homme et de recul démocratique est très préoccupante. »

La dernière partie du rapport, cependant, était « comme si elle avait été écrite par une personne complètement différente » qui n’avait pas lu les pages précédentes, a-t-il néanmoins déclaré. «Elle dit que l’UE doit continuer à s’engager davantage avec les autorités tunisiennes, continuer à élargir la coopération, à élargir leur partenariat, même si elle est très clairement consciente que cela serait une violation des engagements de l’UE en matière de promotion des droits de l’homme, du droit international et de l’État de droit. »

« En élargissant la coopération avec la Tunisie pour le contrôle des migrations internationales », a-t-il déclaré, l’UE « a donné un certain pouvoir à la Tunisie ». Udo Bullmann, un député social-démocrate chevronné, a déclaré que la situation politique et des droits de l’homme en Tunisie était « préoccupante maintenant » et l’était déjà lors de la signature du protocole d’accord.

« La Commission européenne a accordé l’argent des contribuables européens à un régime autoritaire qui tente de restreindre toute opposition par des méthodes inhumaines », a-t-il déclaré. L’UE a promis 105 millions d’euros à la Tunisie en 2023 pour lutter contre les passeurs d’êtres humains, augmentant ainsi un fonds existant de plusieurs millions d’euros pour le contrôle des frontières.

Le gouvernement tunisien a déclaré plus tard qu’il avait restitué 60 millions d’euros à Bruxelles, note enfin le journal britannique.

Ci-dessous le lien pour le texte intégral de l’article du Guardian :

https://www.theguardian.com/world/2024/sep/13/eu-fears-for-its-human-rig...

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