Méditerranée: Développer le transport maritime pour enrichir l'offre touristique !
Grâce à son emplacement stratégique au carrefour de trois grands passages maritimes, à savoir le détroit de Gibraltar (qui s’ouvre sur l’océan Pacifique et les Amériques), le canal de Suez (principale porte de navigation qui relie l’Asie du Sud-Est via la mer Rouge), et le détroit du Bosphore (qui mène à la mer Noire et à l’Europe orientale ainsi qu’à l’Asie centrale), la mer Méditerranée reste la première région touristique du monde. Elle s'impose aussi par son énorme potentiel tant en termes de climat que de paysages et de patrimoine attractif.
Néanmoins, l'on peut dire sans risque de se tromper que la région est à mille lieues d'exploiter tout son potentiel. Alors que certains pays du bassin méditerranéen se structurent pour doper une fréquentation déjà importante, d’autres dotés d’énormes potentiels s’ouvrent à peine au tourisme.
Ainsi, beaucoup reste à faire pour développer ce secteur touristique en Méditerranée à travers essentiellement la promotion et l’amélioration du transport maritime, non seulement en misant sur ses points forts à savoir ceux des croisières et de la navigation de plaisance (que ce soit à travers les petits navires ou les yachts de différentes tailles), mais aussi à travers le transport des passagers d’un pays à un autre de la rive dans un but touristique.
Surtout que, comparé aux modes de transport aérien, ferroviaire et routier, le transport maritime demeure un mode de transport peu coûteux, économe en énergie et sûr. Ce qui fera de lui, selon beaucoup d’observateurs, le mode de transport le plus prisé en Méditerranée. Il bénéficie par ailleurs de l’avantage de la courte durée des voyages d’un pays à un autre.
La Méditerranée, un pôle du tourisme mondial
Pour avoir un aperçu fidèle des réalités variables selon le potentiel de chaque sous-région de la Méditerranée, il faut d’abord prendre en considération que son bassin est divisé en quatre sous-régions géographiques distinctes, chacune ayant son propre potentiel, ses caractéristiques géographiques et autres spécificités notables :
-Les pays du nord-ouest de la Méditerranée (Espagne, France, Italie et Malte) où le développement du tourisme est déjà mature.
-Les pays du nord-est de la Méditerranée (Grèce, Chypre, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Monténégro, Slovénie), qui connaissent un renouveau et vivent un véritable « boom touristique » en tant que destinations émergentes ou résilientes.
- Les pays du sud-ouest de la Méditerranée (Tunisie, Maroc, Algérie et Libye) où seuls les deux premiers ont développé le tourisme de croisières et les ports de plaisance, alors que les deux autres, bien que riches d’un potentiel énorme, souffrent du manque d’infrastructures et sont pénalisés par leur ouverture très tardive sur le marché du tourisme international.
-Les pays du sud-est de la Méditerranée (Turquie, Égypte, Liban, Syrie, Palestine et Israël) où seulement en Turquie et dans un degré moindre l’Egypte, où le transport maritime à des fins touristiques continue son développement sans être affecté par les problèmes sécuritaires et les politiques internes pénalisantes du secteur.
Les croisières en Méditerranée: Un succès à consolider
Le bassin méditerranéen est le premier (et certainement le plus ancien) espace touristique mondial, recevant chaque année plus de 270 millions de touristes. Il représente un quart de la capacité hôtelière mondiale, 30 % des recettes et des flux touristiques mondiaux et 40 % des arrivées internationales. Le secteur est la source de près de 10% des emplois dans la zone.
La région méditerranéenne a, en effet, connu une augmentation significative et rapide des mouvements de navires de croisière au cours des deux dernières décennies. Elle s’est imposée comme la deuxième région de croisière au monde, après les Caraïbes (avec 15,8 % du déploiement de la flotte de croisière mondiale).
Dotée d’une cinquantaine de ports pouvant accueillir les navires de croisière, dont 36 ports considérés majeurs et pouvant accueillir plus de 120 mille passagers par an, dont évidement celui de Barcelone (le port leader des croisières en Méditerranée et en Europe), la mer Méditerranée vit un plein essor du secteur des croisières, grâce à l’attractivité de ses villes portuaires, ainsi qu’au pouvoir d'achat des populations vivant dans l'espace concerné.
Située au carrefour de trois continents, la Méditerranée est bordée de plusieurs massifs montagneux s'enfonçant dans la mer, créant des péninsules, des caps et de grandes baies propices à la navigation. Elle est également parsemée d'îles de toutes tailles dans un espace étroit, bordé de nombreux États. Également équipées d’infrastructures nécessaires (ports avec terminaux de passagers, hôtels), les villes portuaires méditerranéennes de Barcelone, Rome, Venise, Naples, Palerme, Athènes, Salonique, Limassol, Larnaka, Tunis, La Valette, Marseille, Antibes, Saint-Tropez, La Corse, Istanbul, Izmir, Antalya, et Tirana…(pour ne citer que celles-là), sont très prisées par les croisiéristes.
Autre point fort favorisant ce développement exponentiel des croisières, la Méditerranée constitue un bassin quasi idéal pour la navigation, car presque clos, associé à un climat tempéré, doux et chaud, qui permet un fonctionnement de l'offre de croisière durant la plus grande partie de l'année.
En effet, les compagnies peuvent planifier la navigation neuf mois par an, voire parfois plus.
Les possibilités de croissance de la zone demeurent énormes
Bien qu'étant la premiére région touristique de la planéte, la Méditerannée n'a donc pas encore exploitée tout son potentiel et les possibilités de croissance sont énormes en misant sur ce transport maritime.
Pour cela, il faut d’abord travailler l’image du tourisme des croisières en la rajeunissant et en investissant dans de vastes campagnes promotionnelles, tout en insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un produit de luxe réservé uniquement à une clientèle du troisième âge.
Il faut aussi enrichir et diversifier l’offre de la région pour la rendre plus séduisante afin de lui donner un nouvel attrait.
En plus des pôles traditionnels du pourtour méditerranéen, les Balkans, l’Algérie ou encore la Libye peuvent présenter de nouvelles offres-destinations. Et ce, grâce notamment aux investissements publics locaux ou privés (russes, chinois ou turques) qui tentent d’exploiter l’environnement naturel de la région balkane (littoral et îles de Croatie; mais aussi les stations balnéaires bulgares) et les patrimoines exceptionnels de l‘Algérie ou de la Libye (vestiges romains, désert, thermalisme, 2000 km de côtes pour le premier pays cité et 1200 pour le second), souvent intacts, ce qui représente un avantage concurrentiel énorme, à l’heure du tourisme durable.
Ce tourisme; bien plus développé dans la partie nord de la Méditerranée, qui se caractérise aussi par sa très forte concentration autour de quelques sites naturels ou culturels, qui ont bénéficié d’investissements lourds, comme l’atteste le développement d’infrastructures et de complexes hôteliers; a donc besoin d’un rapide élargissement de la zone touristique vers le sud où les infrastructures et les réseaux de transport doivent être consolidés.
La Méditerranée doit aussi s’imposer comme la destination la plus populaire et la plus sure pour la navigation de plaisance. Ce secteur vaste et hétérogène comprenant à la fois de petits navires (< 24 m) et de grands navires (yachts > 24 m et méga-yachts > 34 m), qui est attractif par son paysage marin, ses baies et ses îles, ainsi que par le nombre élevé d’installations pour les activités nautiques, principalement situées le long des côtes de la façade nord-ouest du bassin, (800 ports de plaisance en Italie, 291 en Espagne, 184 en France et 13 à Malte).
La Méditerranée a, par ailleurs, tous les atouts pour développer le transport maritime des passagers entre les diverses villes souvent proches de son bassin, surtout que les voyages en mer sont un mode de transport peu coûteux, économe en énergie, sûr et accessible durant pratiquement toute l’année.
Pour développer ce secteur, il faut multiplier le nombre de ports sur la rive sud du bassin méditerranéen, avec tout ce que cela implique comme infrastructures et services. Il faut, dans ce cadre, séduire le voyageur et le mettre en confiance, non seulement en améliorant la qualité des services, mais aussi en garantissant la sécurité nécessaire dans tous les ports du pourtour de la Méditerranée qui doit devenir une zone plus stable.
Les défis sont donc nombreux pour la promotion et l’amélioration du transport maritime en Méditerranée à des fins touristiques dans le cadre d’un développement durable: durabilité, changement géo-politique, sécurité, concurrence accrue, changement de profil des consommateurs, innovations technologiques pour économiser de l’énergie…..
Et c’est aux gouvernements et aux professionnels de s’adapter pour diversifier et enrichir l’offre touristique méditerranéenne, en lui donnant un nouvel attrait dans un cadre de développement durable qui prend en considération son coût environnemental et sanitaire.
KAIS BEN MRAD
Votre commentaire