Mohammed Deif : La fin d’un chapitre, mais pas d’une guerre

Mohammed Deif : La fin d’un chapitre, mais pas d’une guerre

Par Aymen Wafi

Le 30 janvier, la voix d’Abou Obeida, porte-parole des Brigades Ezzedine Al-Qassam, a résonné à travers les ondes, portant une annonce qui a secoué Gaza, la Palestine et bien au-delà.

Mohammed Deif, Abou Khaled, commandant en chef des Brigades Ezzedine Al-Qassam, est tombé au cours de la guerre de 15 mois menée contre Gaza. Un nom qui, pendant des décennies, n’était qu’un murmure insaisissable, une ombre fuyante que les services de renseignement israéliens traquaient sans relâche. Aujourd’hui, ce nom devient légende, gravé à jamais dans l’histoire d’un peuple qui refuse de plier.

L’homme qui a façonné la résistance

Mohammed Deif n’était pas un simple chef militaire, il était une idée, un architecte de la patience et de la stratégie. À l’heure où d’autres croyaient la Palestine soumise, il a bâti, dans le silence et la clandestinité, une force que l’ennemi lui-même a dû reconnaître. Il n’apparaissait jamais, ne parlait jamais, et pourtant, chaque action portait son empreinte. Il a transformé une résistance éparse en une organisation redoutable, conçu des stratégies qui marqueront l’histoire militaire, et donné à son peuple l’arme la plus précieuse: l’espoir.

Son chef-d’œuvre, il l’a signé le 7 octobre 2023. “Le Déluge d’Al-Aqsa” n’a pas été une simple attaque, mais un séisme. Un événement qui a montré au monde que la Palestine n’était pas une cause oubliée, que sous les ruines et les blocus, un peuple préparait son heure. Cette journée a redéfini la guerre, bousculé les équilibres internationaux et rappelé à ceux qui l’avaient oublié que l’occupation avait un prix.

Une mort, une renaissance

Israël a traqué Deif toute sa vie, l’a blessé, lui a arraché des proches, a cru à maintes reprises en sa disparition. Mais il a toujours ressurgi, comme une vérité que l’on ne peut effacer. Aujourd’hui, ils ont fini par l’atteindre. Mais que signifie la mort d’un homme qui est déjà devenu immortel ?

L’histoire du peuple palestinien est celle d’un combat qui traverse les générations. Chaque enfant qui a grandi sous les bombes, chaque femme qui a vu son foyer réduit en cendres, chaque vie brisée par l’occupation porte en elle la mémoire des martyrs. Mohammed Deif ne disparaît pas avec son dernier souffle ; il renaît dans chaque Palestinien qui refuse d’oublier.

Un avenir marqué par son héritage

Aujourd’hui, un cessez-le-feu est annoncé, une pause dans la tempête, un répit que beaucoup espèrent durable. Mais ceux qui ont grandi dans la guerre savent qu’elle ne se mesure pas en jours de trêve, mais en décennies de lutte. Gaza n’a pas connu de répit durable, et chaque génération porte en elle les cicatrices de celle qui l’a précédée.

Les enfants d’aujourd’hui, ceux qui ont vu leurs maisons s’effondrer, qui ont entendu les cris de leurs mères, qui ont vu partir leurs pères, grandiront avec un feu que rien ne pourra éteindre. Ils se souviendront que Mohammed Deif a donné sa vie pour qu’un jour, eux n’aient plus à se battre. Ils porteront son nom dans leurs cœurs et son héritage dans leurs actions.

Israël a peut-être tué un homme, mais il a forgé une légende. Et les légendes ne meurent jamais.

La décision qui divise

Si la guerre a emporté Deif, un autre débat continue de déchirer la scène palestinienne. La décision d’attaquer les colonies israéliennes autour de Gaza, notamment sur la bande de Gaza elle-même, reste encore un sujet brûlant. Certains saluent cette offensive comme une étape nécessaire dans la lutte pour la liberté, tandis que d’autres s’interrogent sur ses implications stratégiques à long terme. L’encre coule encore sur cette question, et son poids pourrait bien marquer l’avenir de la résistance palestinienne.

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