Mohsen Hassen a-t-il mis les pieds dans le plat ?
Depuis sa prise de fonction à la tête du ministère du commerce, l’ancien député UPL Mohsen Hassen, est en passe de battre le record d’apparitions sur les plateaux jusque là détenu par son collègue de l’éducation Néji Jalloul. Il se déplace beaucoup, tient des réunions au siège de son département, parle trop, fait des déclarations aux médias, rencontre les gens du secteur et bientôt il engagera un dialogue avec…les gros poissons de la contrebande, ces « barons» qui ont détruit l’économie nationale. Il a affirmé qu’il dispose dores et déjà d’une liste exhaustive des plus grands contrebandiers qui seront invités à s’asseoir autour de la même table avec lui, pour tenter de les convaincre de mettre fin à leurs activités illicites et de les ramener sur le droit chemin. Voilà où nous en sommes ! Et qu’en pensent son collègue Kamel Ayadi, le ministre de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption et Chawki Tabib, le président de l’instance de lutte contre la corruption ? Et pourquoi le ministère public n'a pas réagi aux déclarations du ministre pour récupérer la liste des contrebandiers?
Le plus grave dans tout cela, c’est que Habib Essid n’a pas été informé de cette décision hâtive et incohérente qui risque de porter préjudice à l’action du gouvernement et à l’image du pays en général. Un dossier aussi chaud et épineux ne se traite pas avec une telle légèreté, ni avec de simples intentions, aussi bonnes soient elles. Un manquement isolé peut, à lui seul, suffire à entamer l'image de l'équipe.
Or, certains membres de l'actuel gouvernement n'ont pas eu de précédentes expériences en matière de gestion et pèchent par un manque de culture de gouvernement et de sens de l'Etat. Cette culture ne s’apprend pas à l’école mais dans l’exercice des hautes fonctions. Assez souvent, ils donnent leurs avis sur des sujets parfois sensibles, ne sachant pas, ou faisant comme si, que leurs déclarations engagent le gouvernement. S'ils ont le droit de s'exprimer, ils doivent le faire dans le respect de la confidentialité. Ce qui n'est pas, malheureusement, le cas pour beaucoup d'entre eux.
Certains de nos ministres se font inviter dans n’importe quelle émission, pour se faire parfois ridiculiser. Certains prennent des engagements et annoncent, à tour de bras, des réformes, sans se référer au chef du gouvernement et sans en avoir étudié, auparavant, les incidences budgétaires avec les services des finances. Or les réformes structurelles se traitent en conseil des ministres avant de passer devant le parlement. D’autres se distinguent par un franc parler en donnant leurs avis sur tout et rien, alors qu’ils ont une certaine obligation de réserve.
Face à cete confusion, le chef du gouvernement doit agir pour rappeler à l’ordre ses ministres et leur dresser une ligne de conduite. Il doit taper fort pour éviter tout dérapage et toute déclaration inopportune.
B.O
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