Mohsen Marzouk appelle à la création d’un « haut comité de réconciliation nationale »
Devant une assistance composée essentiellement des membres de son parti et d’anciennes figures du régime de Ben Ali ainsi que des représentants d’autres formations politiques et de personnalités nationales, le secrétaire général de Mashrou3 Tounes, Mohsen Marzouk a appelé à la création d’un « haut comité de réconciliation nationale ». A l’ouverture du colloque organisé par son parti, samedi 18 mars au palais des congrès, Marzouk s’est étalé sur le processus de réconciliation nationale engagée depuis les premiers jours ayant suivi le 14 janvier 2011 en rappelant que c’est le premier gouvernement de transition conduit par Mohamed Ghannouchi le dernier premier ministre de Ben Ali qui avait adopté un projet de loi d'amnistie générale pour les prisonniers politiques le 20 janvier. Ce décret loi a été promulgué par le président intérimaire d’alors, Foued Mebazaa, une figure de proue des régimes de Bourguiba et de Ben Ali. Il a permis à tous ceux qui ont été emprisonnés ou qui ont été poursuivis pour des crimes de droit commun suite à leurs activités politiques ou syndicales de bénéficier de l'amnistie. Même les personnes impliquées dans les attentats de Soliman ont bénéficié de cette mesure. Sachant que certains d’entre eux ont repris les armes contre l’Etat. Succédant à Mohamed Ghannouchi à la primature, Béji Caid Essebsi a réussi à conduire le pays vers ses premières élections libres et transparentes.
Marzouk a, ensuite, énuméré les tares de la justice transitionnelle adoptée du temps du gouvernement de la Troïka. Malheureusement, selon Mohsen Marzouk, ceux qui sont arrivés au pouvoir à la faveur d’élections démocratiques, ont conçu une justice transitionnelle qui en transfiguré l’essence même. «La justice ne doit pas être vengeance ou représailles et on doit placer l’intérêt supérieur de la nation au dessus de tous les autres intérêts », a-t-il affirmé. Au passage, il a cité les exemples du Chili, du Maroc et de l’Afrique du Sud qui ont réussi leur transition grâce au dépassement des blessures du passé. Le pays est resté l'otage de plusieurs surenchères politiques sur ce dossier, basées sur un sentiment de revanche et attisées par une haine contre tout ce qui a un quelconque rapport avec l'ancien régime. Il ne s'agit pas de revisiter le passé pour raviver les douleurs et remuer le couteau dans la plaie, mais plutôt, pour en tirer les conclusions en s'arrêtant sur les erreurs afin d'éviter qu'elles ne soient plus commises.
Aussi bien Marzouk que le président du groupe parlementaire « Al Horra » Abderraouf Cherif ont assuré que Mashrou3 Tounes et ses députés vont mener campagne auprès des autres partis et groupes pour les sensibiliser à l’idée de ne pas s’opposer de manière catégorique à l’intuitive du président de la république Béji Caud Essebsi sur la réconciliation nationale. Cette initiative présentée depuis juillet 2015 a été revue en fonction des recommandations de la commission de Venise tout en tenant compte des propositions émises par d’autres parties. Elle devra être présentée de nouveau à l’Assemblée des représentants du peuple au cours des prochains jours.
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