Mouchiroud: «Un vent de renouveau souffle depuis la Tunisie vers le reste du monde»

alt

Michel Mouchiroud est en charge des appuis de l'UE à la société civile. Son rôle consiste principalement à mettre en place des mécanismes et projets pour renforcer la contribution de la société civile tunisienne au processus de transition et au développement socio-économique tunisien».

Récemment, il a accepté de soutenir les Journées du Cinéma des Droits et des Libertés (JCDL), manifestation organisée par les associations tunisiennes Afrique Alliance Méditéranée avec Thala Solidaire et comptant avec le soutien de l'Institut Arabe des Droits l'Homme et la participation de plusieurs associations locales tunisiennes, telles que, la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH), l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD), la section tunisienne d’Amnesty international, la Fédération Tunisienne des Cinés Club (FTCC), la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs (FTCA), l’Association Mass’art, l’Association les Couleurs de la Liberté, l'association Article13, l’Association des Etudiants et Stagiaires Africains en Tunisie (AESAT), l’Association des  Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur le Développement (AFTURD), la  Ligue des Electrices Tunisiennes (LET), l'Association Terre d’Asile Tunisie, le Conseil Tunisien pour les Réfugiés et le Migrants (CTRM) et des associations locales telles que Act Kef et ASM Kef.

Pour lui, globalement, les JCDL ont été un succès. D’ailleurs, il nous a déclaré : «Je pense que le public à Thala et au Kef ont vraiment profité de cette manifestation et qu'elle a engendré plein de discussions et rencontres sur les droits et libertés de chacun(e). Le concert de clôture à Tunis a été un super moment qui a réuni les jeunes tunisois autour de ce thème (NDLR : Droits et libertés) et qui a montré l'importance de ce genre de manifestation pour donner un espace pratique d'expression».

Outre les JCDL, l’Union Européenne soutient d’autres événements et manifestations chez nous –même si cela varie selon le budget annuel pour ce genre de soutien– comme «Doc à Tunis», «Collines en collines», etc., et organise les Journées du cinéma européen. Michel Mouchiroud nous a avoué : «J'aspire et espère à avoir toujours plus de moyens pour appuyer les initiatives culturelles, car je pense qu'elles sont un bon moyen de rassembler les gens et valoriser leur patrimoine, leur histoire, et de découvrir et de se découvrir dans le partage et au contact de la création,  de l'image ou la musique».

Et d’ajouter : «Le 22 mars, nous avons aussi lancé un appel à propositions sur l'IEDDH (NDLR : l'instrument européen pour la Démocratie et les Droits de l'Homme) qui est en cours jusqu'en juin 2013, pour recevoir des propositions dans le domaine de la participation citoyenne au prochain cycle électoral et dans le domaine du genre et de la promotion des droits des femmes. Pas mal des informations sur notre travail avec la société civile est disponible en ligne sur le site web de la Délégation de l'UE en Tunisie».

Les objectifs annuels du travail de l’Union Européenne chez nous et de ses appuis sont définis à partir des discussions et rencontres avec les organisations et les citoyens tunisiens tout au long de l'année. Et Michel Mouchiroud de nous expliquer : «Nos partenaires sont des clés pour nous remonter les informations de la situation sociale, politique et économiques dans les différentes régions ; le suivi de l'actualité politique et notre travail de coopération avec le gouvernement nous fournit aussi des éléments importants. Avec cela, nous essayons de pouvoir répondre au mieux aux enjeux du contexte tunisien, au fur et à mesure qu'il évolue. Je crois aussi qu'il est important de souligner que toute aide que nous apportons est un don. Nous ne demandons rien en retour, si ce n'est que les projets soient utiles et aident les gens, facilitent une activité dans une région délaissée, ouvrent les esprits, engagent la discussion. Après tant de restriction, nous essayons d'appuyer les initiatives qui peuvent faire bouger les choses et les gens».

Alors, l’UE était maîtresse en Tunisie ? Non, puisque, selon le chargé de la société civile : «Notre coopération en Tunisie est soumise à l'accord de partenariat entre la Tunisie et l'UE et que chaque année le plan de travail est revue avec le gouvernement tunisien. Nous encourageons les citoyens et les organisations de la société civile à prendre part à ce dialogue, et pour cela nous allons continuer à mettre en place des mécanismes pour garantir que leurs opinions fassent parties intégrantes de la définition des programmes et actions de coopération. Nous continuons dans notre volonté d'appuyer la consolidation d'une société civile plurielle et qui puisse avoir un impact dans la construction actuelle du pays, dans le développement économique et social, dans la protection de l'environnement, dans la promotion et les garanties des droits de l'homme, dans l'indépendance des médias, dans la réforme de la justice, dans l'ouverture culturelle, dans le respect des valeurs de tolérance, de transparence, d'égalité des chances, pour ne citer que quelques secteurs».

Pourquoi l’UE s’intéresse tant à notre société civile ? Une question à laquelle Michel Mouchiroud a répondu : «Nous croyons en la force de la société civile comme vigie, comme acteur de développement, comme promoteur de droits et faisons le possible pour l’appuyer dans sa structuration et la doter d'instruments et outils techniques et légaux. Dans ce sens, nos appuis continuent à se multiplier pour travailler non seulement au niveau local, dans les régions défavorisées, mais aussi soutenir la société civile dans son travail d'incidence et plaidoyer auprès des instances nationales et de réformes. L'UE et la Tunisie font parties de la même zone de voisinage méditerranéen, une zone qui a vu beaucoup d’échanges entre les peuples, et ce, depuis plusieurs siècles et civilisations. Il est donc important que nous continuions à échanger et à s'appuyer les uns et les autres».

Pour conclure, Michel Mouchiroud nous a déclaré : «Pour moi, 2011 a insufflé un vent de renouveau et pouvoir citoyen qui a soufflé depuis la Tunisie vers le reste du monde. Cela nous a obligé à revoir notre approche et manière de travailler, non seulement dans la coopération avec d'autres pays mais aussi sein de l'UE. Même si ça prend du temps à se mettre en place, je crois que les échanges sont maintenant beaucoup plus sincères et basés sur le dialogue et la prise en compte des multiples opinions.

Il est important de maintenir à l'esprit une certaine vision de pourquoi nous collaborons ou souhaitons échanger, et pour moi ça va au-delà du contexte commercial ou des accords politiques. Nous sommes voisins et inévitablement allons être en contact, donc il ne tient que nous de prendre conscience des difficultés des uns et des autres et des opportunités pour nous appuyer et échanger à bon escient.

L'UE n'est pas en Tunisie pour imposer ou donner des leçons mais plutôt pour mettre à disposition des outils ou expériences qui peuvent renforcer la réflexion et la définition d'outils et actions propres à la Tunisie, et cela dans le but d'une meilleure entente et du développement des peuples sur les deux rives, sans parler du carrefour que représente la Tunisie dans les relations avec le moyen orient et le reste de l'Afrique. Par ailleurs, je crois qu'on a encore beaucoup à apprendre de l'Histoire de la Tunisie et des différentes civilisations qui l'ont construite depuis des siècles».

Charm ATA