Non, M.Yakoubi, les enseignants ne sont pas des « moutons de Panurge »

Non, M.Yakoubi, les enseignants ne sont pas des « moutons de Panurge »

Le secrétaire général de la fédération de l’enseignement secondaire, Lassad Yakoubi, promet une riposte encore plus forte au cas où le ministère de l’éducation procède à la saisie des salaires des enseignants qui n’ont pas rendu les notes de leurs élèves à l’administration. Il a rassemblé, ce jeudi 22 mars, ses troupes devant le siège du ministère à l’avenue Bab Bnet pour réitérer ses menaces et faire monter l’escalade. Cette réaction vient à la suite de la décision prise hier par le Conseil des ministres de donner le feu vert au ministre de l’éducation pour prendre « toutes les mesures organisationnelles, juridiques et administratives » afin de mettre fin au blocage des notes décidé par la fédération  de l’enseignement afin de permettre aux élèves de trouver leur équilibre et d’arrêter « cette perturbation déraisonnable du système éducatif ».

Cette décision de ne pas rendre les notes des élèves à l’administration est inédite dans les annales du militantisme syndical. Elle rappelle un précédent adopté par le syndicat du primaire dirigé alors par un certain Mastrouri Gammoudi de ne pas surveiller les examens du primaire. Ce qui est grave dans cette histoire c’est que le syndicat prend plus de 900.000 élèves et leurs familles en otages. Les enseignants, pour la plupart de parents, sont comme inconscients des conséquences de cette décision sur le climat au sein des établissements scolaires et sur les rapports entre ses différentes composantes. Certes, ils subissent le diktat de quelques syndicalistes qui n’hésitent pas à les menacer et les harceler, mais ils ne doivent pas se comporter comme des moutons de Panurge qui, tous, ont fini par se noyer.

Mais ce qui est étonnant c’est le silence de la direction centrale de l’UGTT qui n’a pas annoncé clairement sa position et n’a pas appelé la fédération de l’enseignement secondaire à plus de retenue. Face aux menaces de Lassad Yakoubi et certains membres de son équipe et qui, des fois, ont frôlé l’insolence, les voix de l’organisation tunisienne de l’éducation et de la famille et les associations des parents sont restées comme atones. Alors qu’elles devraient réagir avec la même vigueur, mais dans le cadre de la loi. Elles ont laissé le ministère seul devant cette situation trop compliquée. Des rassemblements devant le siège de la fédération de l’enseignement secondaire, dans la place Mohamed Ali, devant les établissements scolaires, pourraient convaincre les enseignants à se résoudre à la raison.

Il est évident que personne ne conteste la légitimité des revendications des enseignants, ni leurs droits de réclamer l’amélioration de leurs conditions de travail. Mais de là à recourir à tous les moyens y compris les plus « illégitimes » et les plus illégales pour faire plier le gouvernement, est inadmissible. Car cela touche à l’intérêt supérieur de l’élève qui est au cœur de l’action éducative, comme le dit la loi.

Lassad Yakoubi et les membres de son bureau doivent savoir que leurs menaces et escalades écornent l’image de la centrale syndicale et ne font qu’enfoncer davantage l’école tunisienne dans la crise.

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