ONU: Le Conseil de sécurité adopte une résolution tuniso-française pour l’arrêt des conflits dans le monde
Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté mercredi à l'unanimité une résolution réclamant l'arrêt des conflits dans le monde pour faciliter la lutte contre la pandémie de Covid-19, après plus de trois mois de négociations laborieuses.
La résolution, approuvée lors d'un vote par écrit, a été rédigée conjointement par la France et la Tunisie, qui ont salué son adoption, l'ambassadeur tunisien à l'ONU, Kais Kabtani, évoquant un "acquis historique" pour les deux pays.
Certains experts doutent cependant de la suite qui sera donnée à ce texte après une très longue paralysie du Conseil qui a mis à bas sa crédibilité.
Bloquée pendant des mois par la Chine et les Etats-Unis, opposés sur la place à accorder dans le texte à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la résolution vise à soutenir un appel du 23 mars du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour un cessez-le-feu mondial.
Elle demande "une cessation des hostilités immédiate et générale" dans tous les conflits à l'agenda du Conseil de sécurité, à l'exception des combats contre les groupes jihadistes. Elle réclame "une pause humanitaire pour au moins 90 jours consécutifs" afin de faciliter l'assistance internationale aux populations.
Le texte adopté ne comporte plus comme sa version précédente de paragraphe faisant allusion à l'OMS, auquel s'étaient opposés catégoriquement le 8 mai les Etats-Unis.
Selon des diplomates, c'est à l'initiative de l'Indonésie, membre non permanent du Conseil, qu'un compromis a pu être trouvé. Un paragraphe a été ajouté au préambule se bornant à rappeler l'adoption d'une résolution le 2 avril par l'Assemblée générale de l'ONU.
Dans ce texte sur la nécessité d'une solidarité mondiale pour surmonter la pandémie, l'Assemblée générale engage les 193 membres de l'ONU "à apporter tout l’appui et toute la coopération nécessaires à l’Organisation mondiale de la Santé".
- "Occasion manquée" -
Cette vague référence à un texte de l'Assemblée générale a été jugée acceptable par la Chine qui voulait souligner le rôle de l'OMS et par les Etats-Unis qui ont rompu avec l'agence onusienne accusée de mauvaise gestion de la pandémie et qui ne voulaient aucune mention explicite ou implicite à son égard.
La résolution du Conseil de sécurité est sa première réelle prise de position officielle depuis le déclenchement en début d'année de la pire crise depuis 1945. A l'exception d'une réunion le 9 avril, organisée par l'Allemagne et l'Estonie, deux membres non permanents, le Conseil était resté jusqu'à présent largement silencieux sur l'épidémie meurtrière qui bouleverse la planète.
Une deuxième réunion sur la pandémie est prévue jeudi, à nouveau à l'initiative de l'Allemagne, présidente en exercice en juillet de la plus haute instance exécutive de l'ONU.
Depuis trois mois, la paralysie du Conseil de sécurité due à la rivalité croissante de ses deux plus gros contributeurs financiers, les Etats-Unis et la Chine, tous deux menaçant de recourir à leur droit de veto, a été souvent dénoncée. Certains membres de l'instance ont été jusqu'à la qualifier de "honte".
La semaine dernière, Antonio Guterres s'était félicité que sa demande de cessez-le-feu ait été soutenue par près de 180 pays et plus de 20 groupes armés. Il avait cependant reconnu qu'elle manquait de concrétisation.
Au Yémen ou en Libye, la violence a même redoublé.
Son entourage estime qu'une "déclaration forte et unie" du Conseil de sécurité "devrait faire de (son) appel à un cessez-le-feu une réalité".
"Il semble peu probable" que la résolution du Conseil de sécurité "ait réellement beaucoup d'impact dans de nombreuses zones de guerre", affirme toutefois à l'AFP Richard Gowan du centre de réflexion International Crisis Group.
"Après des mois de diplomatie difficile", cette adoption permet "de sauver la face". Mais le Conseil a "manqué l'occasion de renforcer l'appel du secrétaire général en faveur d'un cessez-le-feu mondial en avril ou mai, lorsqu'une résolution aurait pu faire une différence significative", estime-t-il.
AFP
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