Pourquoi la Tunisie se prive des touristes chinois ?
Avec plus que 150 millions de vacanciers qui voyagent chaque année, les Chinois sont les citoyens qui voyagent le plus au coude à coude avec les touristes américains. Ils sont à l’origine de 20% des dépenses touristiques dans le monde.
En raison de l’amélioration du niveau de vie en Chine, ces chiffres sont appelés à s’accroître d’une manière substantielle au cours des prochaines années et la Chine sera pour très longtemps le marché le plus émetteur de touristes dans le monde.
Face à ces données, tous les pays touristiques récepteurs ont adopté des stratégies de séduction pour attirer les Chinois et bénéficier ainsi du flux lucratif que représentent ces voyageurs dépensiers et ultra-connectés.
A titre d’exemple, le Maroc qui demeure un des concurrents majeurs de la destination Tunisie a adopté, depuis une dizaine d’années, une stratégie pour se positionner comme une destination de choix pour les touristes chinois.
Depuis 2016, à l’époque de la visite du Roi Mohammed VI à Pékin, il a été décidé de supprimer les visas pour les ressortissants chinois. Cette décision a représenté une première étape dans un important processus de séduction de ces touristes, qui vient d’être complétée par d’autres initiatives concrètes dont l’ouverture par la Royal Air Maroc d’une ligne directe entre Casablanca et Pékin et l’engagement par l’Office national marocain du tourisme du voyagiste chinois Ctrip pour promouvoir la destination Maroc auprès 150 millions de vacanciers chinois qui voyagent annuellement.
Il est à signaler dans ce cadre que Ctrip est la plus grande agence chinoise de voyage en ligne et l’une des plus importantes au monde avec 300 millions d’utilisateurs actifs pour un chiffre d’affaires de plus de 4 milliards de dollars.
Pendant ce temps et malgré les bras ouverts de Pékin rien ou presque n’a été fait du côté tunisien pour se concentrer sur le marché chinois. Pourtant, tous les ministres qui se sont succédé à la tête du département du tourisme ont essayé de faire bouger les choses
Depuis qu’Amel Karboul, a annoncé en 2014 une exemption de visa pour les touristes chinois et indiens qui viennent visiter le pays en voyages organisés, à condition que leurs documents de voyage approuvés soient valables et accompagnés d'une réservation prépayée, les autorités nationales n’ont rien fait pour bénéficier de cette manne touristique.
Le fameux visa reste jusqu’à présent en vigueur pour les demandes des citoyens chinois qui souhaitent visiter la Tunisie en dehors du cadre des voyages organisés (visa obligatoire pour les visites privées et pour le tourisme d'affaires).
Son obtention est très compliquée puisque la procédure en ligne est embrouillée et les touristes chinois désireux de visiter la Tunisie ne peuvent pas s’amuser à se déplacer jusqu’à nos services consulaires à Pékin dans un pays d’une superficie 9 596 960 km2 (le 3éme au monde).
Par ailleurs, aucune mesure concrète n’a été faite pour séduire les touristes de ce pays et booster la coopération tuniso-chinoise dans le secteur touristique. Ni actions promotionnelles en Chine pour mettre en exergue les principaux points d'attraction de notre pays, ni engagement de partenaires locaux pour promouvoir l’image de la Tunisie, ni recherche d’influenceurs pour le faire, ni échanges, ni levée du fameux visa.
Face à ce constat, il urge de faire preuve d'une réelle volonté politique au plus haut sommet de l’Etat pour faire évoluer les choses et permettre à la Tunisie de bénéficier de cette manne chinoise au moment où les marchés européens classiques sont en déclin continu.
Kais Ben Mrad
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