Projet de budget du ministère de la culture : l'état des lieux et les programmes et les attentes
L'examen du projet de budget du ministère des Affaires Culturelles pour l'année 2025 a démarré, dimanche, au palais du Bardo, au cours d'une séance plénière commune entre l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et le Conseil national de Régions et des Districts (CNRD).
L’examen du projet de loi du ministère des Affaires Culturelles s'inscrit dans le cadre des débats sur le budget de l'État pour l'année 2025.
Lors de la plénière, la ministre des Affaires Culturelles, Amina Srarfi, a déclaré que le budget alloué à la mission des Affaires culturelles pour l'année 2025 est estimé à 425,4 millions dinars, enregistrant une augmentation de 3 % par rapport à 2024.
92 % du budget de son département seront répartis sur 5 programmes : le programme des arts, le programme du livre et de la lecture, le programme de l'action culturelle et le programme du patrimoine. Les 8% restants du budget seront consacrés au programme de pilotage et d'appui.
Questions des députés
L'adoption d'une approche culturelle de développement, la promotion de l'inclusion culturelle, la décentralisation et la révision de lois régissant le secteur culturel et artistique étaient au cœur des interventions des députés à l'ARP et au CNRD.
Les élus ont notamment souligné la nécessité d'accorder d’avantage d'intérêt aux maisons de la culture, aux musées et aux monuments historiques et archéologiques.
S'agissant de la décentralisation, ils ont souligné la nécessité de renforcer l'action culturelle et artistique dans les régions et en particulier dans les zones rurales.
Les critères d'attribution des financements aux oeuvres littéraires et artistiques et la stratégie à adopter dans la répartition du budget alloué au secteur de l'audiovisuel, œuvres télévisuelles et cinématographiques, et aux festivals tunisiens d'envergure internationale , nationale et régionale ont été également abordés.
Parmi les interventions, on cite celle du député Aymen Akraa qui a souligné la nécessité de préserver les monuments archéologiques et historiques, notamment dans la ville de Kairouan, -classée au Patrimoine mondial de l'Unesco-, en vue d'inclure la ville dans un vaste projet économique, social et culturel. Le représentant du Bloc voix de la République a estimé que la préservation du patrimoine matériel constitue "le point de départ toute révolution culturelle".
Sami Sayed, député du Bloc honnêteté et travail, a fait constater "le manque des manifestations culturelles dans plusieurs régions, tout en appelant à "une fusion des maisons de la jeunesse et de la culture dans les zones rurales, en coordination entre le ministère des Affaires Culturelles et celui de la jeunesse et des Sports ».
La mise en place d'un projet de développement par la culture et d'une stratégie culturelle cohérente dont les objectifs sont réalisables, telle était l'approche proposée par Faouzi Daass, député indépendant. S'agissant du secteur artistique, le député a souligné la nécessité de réformer le cadre législatif et de réviser certaines lois afin qu'elle coincident avec les besoins actuels du secteur. Concernant le cinéma, il a évoqué l'importance de restructurer le secteur afin d'en faire un véritable outil de développement à travers la promotion de la destination Tunisie et la valorisation de son riche patrimoine naturel et culturel qui demeurent peu exploités".
Le secteur du livre et de l'édition était au centre l'intervention de Nejla Lehiani du Bloc des Libres. La Foire internationale du Livre de Tunis, rendez-vous annuel incontournable pour les éditeurs et les écrivains, "a perdu de son importance et de son prestige", a estimé la députée. Un constat qui s'applique "aux manifestations culturelles les plus importances en Tunisie", a-t-elle fait savoir. La députée s'est également enquise des "critères de nomination des dirigeants des manifestations culturelles et artistiques d'envergure".
Réponse d’Amina Srarfi
Dans ses réponses à une partie des interrogations des députés, la ministre des Affaires culturelles a déclaré que son département a opté, en 2024, pour le renforcement de l’infrastructure culturelle avec travers l’entretien et l’aménagement des institutions sous sa tutelle. "L’orientation était de réduire le nombre des institutions créées", a-t-elle indiqué.
La ministre a souligné l’état critique du réseau national des maisons de la culture, composé de 242 institutions, dont l’infrastructure est à 70% délabrée.
La culture de proximité et la décentralisation culturelle ont été au cœur des actions du ministère des Affaires Culturelles, a fait savoir la ministre. Des financements de l’ordre de 3 millions de dinars ont été consacrés au projet visant l’organisation de manifestations dans les espaces publics et l’animation culturelle mobile dans les zones ne disposant pas d’infrastructure culturelle adéquate, a-t-elle indiqué.
S’agissant de la question des employés dans les établissements relevant de son département, la ministre a déclaré qu’un concours externe a été organisé en vue d’intégrer 200 contractuels. Les dossiers ont été transmis à la présidence gouvernement de la république en vue de valider leur recrutement.
Dans le secteur du patrimoine, le ministère « œuvre au parachèvement du projet de réhabilitation et de restauration du Palais Borj Baccouche », un monument historique en péril datant du 19ème siècle situé au cœur de l’Ariana (Grand-Tunis). « Des financements de 7 millions de dinars ont été alloués à ce projet, classé parmi les projets en suspens, sur lequel travaille le ministère à travers la recherche de nouvelles sources de financements », a expliqué la ministre.
Les institutions relevant du ministère sont « en train d’identifier les monuments en vue de leur réhabilitation et exploitation effective ». « Les monuments historiques, les églises en particulier, seront répertoriés dans un beau livre », a encore fait savoir la ministre.
Le ministère se penche également sur « la mise en place d’un outil de gestion dans les musées, sites et monuments historiques et archéologiques à travers la République, moyennant des financements de l’ordre de 9 millions de dinars ».
En ce qui concerne les festivals organisés par les associations à vocation culturelle, elle a indiqué que « plusieurs correspondances ont été adresses aux organisateurs afin d'améliorer leur programmation et développer leurs méthodes de gestion. »
La ministre a souligné qu’une lettre sera ultérieurement envoyée aux deux chambres parlementaires, ARP et CNRD, afin de répondre à toutes interrogations des députés.
TAP
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