Quand l’acquis le plus important de la révolution est menacé: La Tunisie classée 73 ème !
Le bureau de Reporters Sans Frontières à Tunis a annoncé aujourd’hui, lors d’une conférence de presse organisée au Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) que la Tunisie est classée 73ème, selon son baromètre mondial de la liberté de la presse pour 2021.
Il s’agit en effet d’une baisse du classement de la Tunisie d'un point par rapport à l’année dernière. Chose qui est en réalité attendue, avec ce que nous avons enregistré cette année comme actes d’agressions contre les journalistes et les médias.
Durant cette année écoulée, il y avait déjà à maintes reprises des confrontations sévères entre les journalistes, le gouvernement et le parlement par rapport aux projets de lois liés au secteur. Mais les nominations gouvernementales à la tête de l’Agence Tunis Afrique Presse (TAP) et la radio Shems FM sont déjà suffisantes pour confirmer que la liberté d’expression est menacée.
Lors de cette conférence, Amira Mohamed, la vice-présidente du SNJT a rappelé aux journalistes présents la gravité de la prise d'assaut assurée par la force générale du siège de la TAP, ce qui est considérée comme étant un précédent très dangereux qui menace la liberté du travail journalistique.
Bien que les journalistes de la TAP aient clôturé leur Sit-in, les journalistes de Shems FM tiennent toujours à clarifier la situation de cette radio publique, ex-propriété de Sirine Ben Ali.
A propos des médias privées, Amira Mohamed a mis l’accent sur l’ambiguïté du financement des médias, en absence de transparence. Ce qui touche réellement la liberté d’expression étant donné que les hommes d’affaires manipulent l’opinion publique à travers ces médias.
Notons également que le SNJT publiera à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 03 mai prochain, une liste de personnalités et de partis ennemis de la liberté de la presse en Tunisie. Amira Mohamed a signalé d’ailleurs, que le SNJT a porté plainte contre ceux qui jouissent de l'immunité parlementaire, à cause de leurs discours violents et haineux envers les journalistes.
De son côté, Suhaib Al-Khayati , directeur du bureau de Reporters sans frontières à Tunis, a rappelé que le cadre législatif lié à la liberté de la presse en Tunisie est incomplet, et il fait partie des indicateurs qui ont provoqué ce classement.
Quant à l’accès à l’information, le blocage mené par le ministère est clair. En, effet, selon RSF, les journalistes se trouvent confrontés à un blocage d’accès au terrain comme aux sources d’information, sous prétexte de la crise sanitaire.
Selon ce rapport, le journalisme est visé dans plus de 130 pays sur un total de 180. Et comme à l’accoutumée, se démarquent les pays scandinaves comme la Norvège, la Finlande, la Suède et le Danemark, en figurant aux premières places du classement établi sur 180 pays, en matière de liberté de la presse.
De même, RSF a signalé dans son rapport qu’en 2021, 6 journalistes ont été tués et 304 journalistes ont été emprisonnés. 100 journalistes citoyens et 12 collaborateurs ont été également emprisonnés.
Nouha Belaid
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