Que faire pour soutenir l’Etat de droit et la justice en Tunisie ?

Que faire pour soutenir l’Etat de droit et la justice en Tunisie ?

Fin juin 2021 le président tunisien, un ancien assistant en droit à l’université, a rappelé que sa vision, ses idées et ses solutions proposées permettrons de résoudre non seulement les problèmes politiques, économiques et sociaux du pays mais qu’ils sont aussi valables pour le monde entier et pourront ainsi participer au changement du destin de l’humanité. 

Il envisage de créer des assemblées et des conseils populaires de délibération qui seront élues et auront le pouvoir délibératif et exécutif. Son projet est basé sur la gouvernance locale et il préconise une représentation des peuples sans partis politiques et sans parlement.

Un mois plus tard, soit le 25 juillet 2021, il décide, et en se basant sur sa lecture et son interprétation personnelle d’un article de la constitution tunisienne, de limoger le gouvernement, de fermer le parlement et de lever l’immunité parlementaire de ses membres élus.

Depuis, le pays est suspendu à la formation promise d’un nouveau gouvernement, l’avenir du processus démocratique est mis en suspens : le président ne cesse de critiquer et surtout de menacer ces adversaires, les partis politiques et le parlement et prône un pouvoir resserré autour de la présidence et de sa personne. La semaine dernière, il a qualifié les centaines de personnes qui ont manifesté contre sa manière de gérer les affaires et pour le retour à la démocratie et le respect des droits humains de « des gens ivres et payés pour nuire à sa personne »
 
Ce jour, après plus de 60 jours, la Tunisie est sans gouvernement, sans parlement et sans vision pour sortir de la crise profonde que vit le pays : nous assistons à une gouvernance par le chaos.

Le président s’est illustré par son mutisme et par le flou qu’il entretient dans la gestion des affaires de l’Etat. Il utilise un discours populiste sur la corruption pour attaquer ces adversaires politiques et les exposer à la vindicte populaire sans pour autant les nommer ou passer à l’acte et affronter réellement les corrompus ou s’approcher de leurs intérêts. On assite aux :

·Descentes policières, arrestations et l’application de mesures extra judiciaires et administratives (interdictions de voyager à l’étranger, assignations à résidence, arrestations…) contre des personnalités publiques, politiques et des personnes actives dans les affaires.

·Mise sous séquestre de l’Instance Nationale de lutte contre la corruption et les centaines de milliers de personnes qui ont faits leurs déclarations de revenus et les lanceurs d’alertes ont le droit de s’inquiéter du sort de leurs dossiers avec l’absence de garantie de la protection de leurs données personnelles.

·Fermeture de l’instance et autorité provisoire de contrôle de la constitutionnalité des lois et s’auto-proclamer seul en mesure de diriger le pays et maintenir tous les pouvoirs de l’exécutif au législatif en passant par la justice.

Nous tenons à alerter l’opinion publique suisse et la Genève Internationale sur ces dangereux dérapages et nous appelons :

Ø  La société civile en Suisse à condamner fermement les actions anti-démocratiques et appeler à l’arrêt immédiat de cet acharnement contre les adversaires politiques et l’utilisation des institutions de l’Etat par la présidence de la république

 Ø  La classe politique et le gouvernement suisse à jouer un rôle dans la situation actuelle et favoriser le dialogue entre la présidence, le parlement, les partis politiques et les organisations au niveau national pour rétablir le dialogue, renforcer la justice, la loi et l’Etat de droit dans le pays.

 Ø  La communauté tunisienne en Suisse à rester unie dans ces moments difficiles et continuer de défendre les droits légitimes du peuple tunisien et les valeurs démocratiques en Tunisie.

 Ø  L’ambassade tunisienne en Suisse de sortir de son mutisme et de son silence et prendre une position claire face à les agissements solitaires et dangereuses du président actuel.

 
Comité suisse de soutien à la démocratie en Tunisie CSSDT

Genève, le 27/09/2021

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