Que se passe-t-il à l’Alliance Démocratique ?
Bien que les dirigeants de l’Alliance Démocratique aient toujours démenti l’existence de tiraillements et de différends au sein du parti, la décision de certains membres de la commission du règlement intérieur d’écarter Mahmoud Baroudi sans même consulter la commission de discipline, le bureau politique ou au moins le Secrétaire Général, est venue confirmer le malaise que vit le parti cher à Mohamed Hamdi.
Il est clair, dans ce sens, que Mahmoud Baroudi est à l’origine depuis de longs mois de nombreuses controverses au sein du parti.
Tantôt accusé d’indiscipline en refusant d’appliquer aux positions du parti, Baroudi a été généralement soupçonné d’être très proche de Nidaa Tounes et de servir les intérêts de ce parti plutôt que ceux de l’Alliance. Certains au sein de ce parti le cataloguent ironiquement d’ailleurs comme le représentant de Nidaa à l’Alliance.
Les protestataires contre Baroudi l'accusent, d’autre part, d'avoir des liaisons pas trop claires avec des hommes d’affaires et des responsables sécuritaires, indiquant qu’il n’hésite pas à servir les intérêts de ces lobbys en véhiculant des informations ou même des rumeurs infondées qu’ils veulent passer au public.
Ces protestataires estiment que le fait que Baroudi ait continué à faire cavalier seul, bien qu’il ait été rappelé à maintes reprises à l’ordre, afin au moins d’éviter de faire des déclarations qui expriment des positions différentes de celle de l’Alliance, prouve qu’il n’a pas l’intention de se soumettre à la discipline de son parti.
Néanmoins, bien qu’il ait toujours assumé sa proximité avec Nidaa Tounes, Baroudi a toujours réfuté toutes les autres accusations, estimant qu’il est visé par certains dirigeants de l’Alliance reconnus pour leurs positions radicales proches du CPR et des islamist0es.
Ceux qui soutiennent Baroudi au sein du parti estiment d’ailleurs que l’annonce de son éviction est un véritable coup d’Etat décidé par ces dirigeants qui sont jaloux de la montée en puissance de ce député et qui veulent à tout prix le casser.
Ainsi donc, il est clair que l’Alliance Démocratique vit, depuis quelque temps, de fortes dissensions internes entre deux tendances entre les pro et les anti Baroudi.
Les premiers sont favorables à une alliance stratégique avec Nidaa Tounes, alors que les seconds refusent catégoriquement de tomber dans le piège de voir « l’Alliance bouffée par le parti d’Essebssi », préférant demeurer comme une troisième alternative aux Tunisiens qui ne se retrouvent dans Ennahdha et Nidaa Tounes.
Ces derniers sont favorables à des alliances avec Al Joumhouri, le parti du travail, le parti du peuple ou encore le Courant Démocrate de Mohamed Abbou.
Ainsi donc, à l’approche des élections, l’Alliance Démocratique est plus que jamais divisée entre deux clans. Et la tâche de son Secrétaire Général, Mohamed Hamdi, ne sera pas de tout repos pour éviter l’implosion de ce parti dont les positions ont toujours été respectables.
S.M.