Que vient faire Giorgia Meloni lors de sa 4ème visite en Tunisie en moins d’un an ?
La présidente du conseil italien Giorgia Meloni a inscrit une nouvelle visite en Tunisie sur son agenda sans que son arrivée ne soit forcément souhaitée. En effet, le palais Chigi, siège du gouvernement italien a annoncé que Giorgia Meloni se rendra à Tunis mercredi 17 avril. De même source, on a indiqué qu’elle sera attendue ce jour-là à10h par le président de la République Kaïs Saïed. D’ailleurs, la présidence du conseil italien ne fait que confirmer une information déjà publiée par le quotidien italien la Repubblica qui précise qu’il s’agit de la troisième visite de Meloni en Tunisie dans quelques mois. Du reste, cette visite qui est en fait la quatrième en moins d’un an n’a pas été annoncée par une source officielle tunisienne.
La présidente du conseil italien sera accompagnée par son ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, ce qui indique clairement que le sujet principal qui sera évoqué au cours de cette visite est celui de la migration irrégulière.
Deux raisons majeures guident la cheffe du gouvernement dans sa démarche : d’une part la mise en œuvre du Pacte sur la migration et l’asile qui a été adopté le 10 avril dernier par le Parlement européen et qui devra entrer en vigueur en juin prochain après l’approbation du Conseil européen et d’autre part, les élections européennes qui sont prévues également en juin prochain et dont Meloni entend profiter pour renforcer les assises de son gouvernement et conforter son avenir politique.
S’agissant du Pacte européen sur la migration et l’asile, l’une de ses mesures phares est le traitement des demandes d’asile aux frontières extérieures de l’Union européenne. Ainsi, la gestion des demandes d’asile incombe essentiellement aux premiers pays de transit des migrants, en vertu du règlement de Dublin.
Ce sont notamment l’Italie et la Grèce, au sud de l’Europe, qui se retrouvent en première ligne pour accueillir les demandeurs ayant traversé la Méditerranée. L’Italie souhaiterait dans ce cadre, que la Tunisie devienne un pays de rétention des éventuels migrants qu’ils soient des nationaux ou des sub-sahariens qui forment la cohorte des migrants potentiels qui arrivent en Tunisie par les frontières ouest ou sud-est du fait que le pays n’a pas de frontières communes avec les pays du sud du Sahara.
Précédant cette visite, le chef de l’Etat tunisien a reçu le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger avec lequel il a évoqué les échéances diplomatiques bilatérales ou bilatérales en allusion notamment de la visite de la présidente du conseil italien. Le communiqué du palais de Carthage publié à l’issue de cet entretien précise que le président de la République et le ministre des Affaires étrangères ont abordé la question de la migration irrégulière.
Kaïs Saïed a réitéré son attachement au traitement de la question avec humanité et que la Tunisie ne pouvait pas être considérée comme un simple point de passage, ni un lieu d’accueil. « La Tunisie, qui traite les migrants avec humanité, refuse d'être un point de passage ou un lieu d’établissement ».
Le chef de l’Etat ajoute le communiqué a estimé que la Tunisie subissait les conséquences de ce phénomène et que le système mondial était à l’origine des conditions inhumaines des migrants. Il a, aussi, critiqué l’attitude des organisations internationales spécialisées, qui d’après lui, « au lieu d’exercer leur rôle de soutien à la Tunisie, se contentaient souvent d’émettre des déclarations ou tentaient d'imposer une réalité que les Tunisiens n'accepteront jamais ».
On a remarqué que ces déclarations interviennent alors qu’après une baisse très significative ces derniers mois, les départs repartent à la hausse et alarment l’Italie : 8 000 en trois semaines, selon les chiffres officiels italiens. Pour ce qui est des élections européennes, Giogia Miloni et son parti Fratelli d’Italia ont le vent en poupe puisque les sondages le placent largement en tête.
À deux mois du scrutin, ils lui accordent au moins 27% des voix. Cela veut dire que les électeurs de Meloni, qui l’ont porté au pouvoir à l’automne 2022, lui restent fidèles. Elle a réussi à conserver sa base électorale après avoir passé un an et demi aux affaires, ce qui, en Italie, est quasiment inédit depuis une bonne dizaine d’années.
En venant à Tunis, sur la chemin de Bruxelles où elle prendra part au Conseil européen, la présidente du conseil italien compte imposer ses idées à la Tunisie, le principal pays d’où arrivent les immigrants irréguliers dans la Péninsule. Elle gagnerait, estime-t-elle les dividendes d’une amitié qu’elle cherche à fortifier avec le chef de l’Etat tunisien.
Elle s’estime en droit d’en profiter politiquement surtout qu’on n’exclut pas qu’elle conduise personnellement la liste de son parti aux élections du Parlement européen où elle compte obtenir un nombre élevé de représentants. De quoi lui donner les moyens d’influer sur les décisions européennes.
Mais à l’évidence, les déclarations émises à Tunis lui laissent peu de chances d’obtenir ce qu’elle viendra chercher.
RBR
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