Qui veut la peau du ministre des Affaires étrangères Noureddine Erray ?

Qui veut la peau du ministre des Affaires étrangères Noureddine Erray ?

 

Même si elle a été dès le départ au conditionnel, la nouvelle s’est propagée sur la Toile comme une traînée de poudre. Reprise de la page d’un journaliste- depuis peu à la retraite- la nouvelle disait qu’au cours de leur rencontre mercredi matin, le président de la République Kaïs Saïed aurait demandé au chef du gouvernement (chargé d’expédier les affaires courantes), Elyès Fakhfakh de démettre le ministre des Affaires étrangères Noureddine Erray-dont il ne cite pas l’identité- de ses fonctions pour avoir émis des avis sur la question libyenne qui ne seraient pas conformes à la position officielle de la Tunisie.

L’information est vite reprise par des sites d’information non reconnus qui lui ôtent le conditionnel et en ont fait une nouvelle tenue de source sûre. On ne sait d’ailleurs pas si la nouvelle a été soufflée au journaliste en question par un de ces sites. Ainsi la boucle est bouclée !

Il faut dire que ce n’est pas la première fois que le ministre des Affaires étrangères Noureddine Erray est mis à l’index. On se rappelle l’audience que lui a accordée le président Saïd au cours de laquelle il a subi le courroux de ce dernier pour l’augmentation des tarifs des frais de chancellerie du reste décidée par le ministère des Finances et que les ambassades et les consulats n’ont fait qu’appliquer.

Il était alors question de la révocation du ministre Erray qui pour la petite histoire a rencontré Kaïs Saïed lors du déplacement de ce dernier à Mascate pour présenter ses condoléances suite au décès du Sultan Qabous d’Oman. Erray officiait là-bas comme ambassadeur de la République tunisienne. La petite histoire dit que Saïd a reconnu en lui un de ses anciens étudiants à la Faculté des sciences juridiques, ce qui lui a valu d’être choisi pour diriger la diplomatie tunisienne.

Mis une première fois à l’index, Erray a failli ne pas accompagner le président Saïed lors de sa visite de travail et d’amitié à Paris, ce qui aurait fait mauvais genre. D’ailleurs on avait appris que son ministère n’a été associé qu’à la toute dernière minute à la préparation de cette visite et que tout a été organisé entre le Palais de Carthage et l’ambassadeur de France en Tunisie Olivier Poivre d’Arvor.

D’ailleurs depuis quelques temps on a observé que le président de la République recevait peu son ministre des Affaires étrangères alors que cela devait être périodique surtout en ce moment où se prépare le mouvement annuel des chefs des missions diplomatiques et consulaires.

En fait d’info, le limogeage d’Erray ne serait en fait que de l’intox. Car le chef de l’Etat n’a pas besoin de donner des instructions au chef du gouvernement pour démettre le ministre des Affaires étrangères. Les questions diplomatiques faisant partie des attributions exclusives du président de la République, la constitution lui donne un droit de regard sur la nomination du ministre des Affaires étrangères et par conséquent de sa révocation. Dans ce cas le chef du gouvernement ne peut qu’obtempérer.

De plus on attribue à Noureddine Erray le fait d’avoir pris des positions sur la Libye non conformes à la position officielle définie par le chef de l’Etat. Ceci paraît sans fondement, car on n’a pas entendu le ministre des Affaires étrangères faire des déclarations tonitruantes sur le dossier libyen. Certes, il pourrait le faire sans que l’opinion publique ne soit informée mais on le voit mal aller dans cette voie, lui qui est un pur produit de l’école diplomatique tunisienne où la prudence est mère de sûreté.

Qui veut donc la peau de Noureddine Erray ? La place peut intéresser plus d’un et d’éventuels remplaçants doivent piaffer d’impatience surtout s’ils ont goûté aux délices du pouvoir !

RBR

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