Remue-ménage à Carthage

Remue-ménage à Carthage

Presque deux ans jour pour jour, c’était le 30 juillet 2016, Habib Essid quittait le siège de l’Assemblée des représentants du peuple sous les applaudissements nourris des députés qui venaient, pourtant, de lui retirer leur confiance. Ce lundi 6 août, il revient aux affaires en tant que conseiller spécial auprès du président la république. Un poste qui ne sied guère à une personnalité qui a été à la tête de l’exécutif avec de très larges prérogatives. Ce haut commis de l’Etat qui a été rappelé au service par ce même Béji Caid Essebsi quand il était premier ministre de transition en 2011, pour lui confier le très sensible département de l’intérieur, a été, en 2015, propulsé à la tête du gouvernement à la suite des élections législatives d’octobre 2014.

Après son départ de la Kasbah, Essid s’est interdit toute déclaration publique, respectant l’obligation de réserve que lui impose le devoir de l’Etat. Entre temps, Béji Caid Essebsi s’est rendu compte qu’il a été induit en erreur sur la personne d’Essid, on lui a rapporté des choses que l’ancien chef du gouvernement n’avait pas dites. Il l’a reçu à Carthage et l’a décoré des insignes du grand cordon de la république.

Beaucoup parmi ceux qui connaissent Essid, haut commis de l’Etat d’une extrême probité, ne croyaient pas qu’il accepterait de revenir dans un poste de moindre importance après la sortie humiliante qu’on lui a fait subir. Mais il semble que l’attrait du pouvoir est bien plus grand que la fierté ou la dignité. A moins qu’il n’y ait de deal en cette phase de fin de règne. Il va certainement jouer le rôle que jouait  feu Abdelaziz Ben Dhia auprès de l’ancien président Ben Ali. Mais sans aune autorité sur le gouvernement.

Toutefois, la nomination de Habib Essid qui intervient en pleine crise entre Carthage et la Kasbah, va, certainement,  entrainer un remue-ménage au palais de Carthage. D’autant plus que l’ancien chef du gouvernement va croiser des conseillers qui l’ont menacé d’humiliation. Le président de la république avait tout dernièrement réuni les membres de son cabinet dont certains sont soupçonnés d’être mèche avec Youssef Chahed pour leur faire signifier que ceux qui voulaient partir, ils n’avaient qu’à le faire en leur montrant la porte de sortie. "Je ne retiendrais personne contre son gré" leur a-t-il lancé. C’est pourquoi l’on s’attend à des départs de Carthage, mais des départs plutôt forcés pour certains. Comme il n’est pas exclu de voir d’autres nominations suivre. On parle même d’un ancien ministre, récemment, limogé par Chahed qui intégrerait le staff présidentiel.

 

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