Rétention des notes, l’escalade mènera à la ruine de l’école publique

Rétention des notes, l’escalade mènera à la ruine de l’école publique

Devant le bras de fer engagé par la fédération de l’enseignement secondaires soutenue par la centrale syndicale conter le ministère de l’éducation et le gouvernement au sujet de la rétention de des notes des élèves, l’opinion reste comme abasourdie par cette intransigeance. La tension est en train de monter d’un cran et chaque partie veut imposer ses conditions, avant de reprendre langue. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed a déclaré qu’il est inadmissible de prendre en otage l’avenir des élèves et de compromettre l’année scolaire, sans pour autant remettre en cause les revendications des enseignants. De son côté le ministre de l’éducation Hatem Ben Salem exige la levée de l’embargo sur les notes des élèves avant d’entamer des négociations avec la fédération. Le secrétaire général de cette même fédération Lassad Yakoubi menace de son côté d’aller jusqu’au bout, en affirmant que « les menaces du ministre et du chef du gouvernement de ne pas verser les salaires des professeurs ne nous font pas peur ! ». Le secrétaire général de l’UGTT et son porte-parole Sami Tahri, prédécesseur de Yakoubi à la tête de ce puissant syndicat, vole au secours de la fédération. Il considère que le ministre, par se déclarations jugées provocatrices, ne fait que compliquer la situation.

Pourtant, sur instructions du chef du gouvernement, les ministres des affaires sociales, des finances et de l’éducation se sont réunis avec le secrétaire général de e

l’UGTT pour tenter de débloquer la situation.  Noureddine Tabboubi s’est déclaré optimiste quant à une issue « heureuse pour les familles tunisiennes » et a souligné au terme de la réunion que « les deux parties désirent une sortie de crise ».

Et alors que l’on s’attendait à une annulation, du moins à un report de la grève des enseignants annoncée pour mercredi dernier, la fédération de l’enseignement secondaire s’est montrée inflexible en la maintenant.

Rien donc ne pourrait infléchir sa position, même pas la décision du juge de la famille qui l’a appelée à revenir sur sa décision.  Il a considéré que le blocage des notes constitue une forme de violence contre l’enfant, notant qu’il s’est chargé de cette affaire dans le cadre de l’application de l’article 51 du code de la protection de l’enfant qui stipule que le juge de la famille est saisi de la situation de l’enfant menacé suite à une simple demande émanant du délégué à la Protection de l’Enfance comme il peut se saisir de lui-même.

A son tour, l'Instance nationale de protection des données personnelles (INPDP), s’est saisie de la question après des plaintes de quelques parents. Son président Chawki Gaddes, a précisé que l'examen de cette question s'inscrit dans le cadre des prérogatives de l'INPDP qui veille sur la protection des données personnelles, faisant savoir que les notes des examens sont considérées comme étant des données personnelles et sont, de ce fait, soumises à l'article 24 de la Constitution qui oblige l'Etat à les protéger.
Interprétant l'article 93 de la loi n ° 63 de 2004 relative à la protection des données personnelles, le président de l'INPDP a déclaré que toute personnes qui restreint ou refuse le droit d'accès à l'information est punie de huit mois d’emprisonnement et d’une amende de trois mille dinars. Selon lui, le dossier sera transféré devant le procureur de la république près du tribunal de première instance de Tunis qui décidera des suites à donner à l’affaire.

Nonobstant les revendications légitimes des enseignants, quoique excessives mais qui méritent d’être négociées avec le gouvernement la rétention de notes de élèves et le refus de participer aux conseils des classes est une première dans les annales syndicales. Elle est, en plus, une atteinte aux droits de l’élève censé être au « centre de l’action éducative »(article 2 de la loi d’orientation du 23 juillet 2002 relative à l’éducation et l’enseignement).  L’escalade ne pourrait qu’abîmer davantage l’image de nos enseignants, déjà fortement écornée, et mener à la ruine de l’école publique que tout le monde, ministère et syndicats, se gargarise de défendre.

B.O

 

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