Ridha Choukandali met en garde contre le nouvel impôt sur la richesse

Ridha Choukandali met en garde contre le nouvel impôt sur la richesse

Le professeur d’économie Ridha Choukandali tire la sonnette d’alarme au sujet du projet de loi de finances 2026, qui prévoit l’instauration d’un impôt sur la richesse immobilière et mobilière. Selon lui, cette mesure, conjuguée à un mécanisme de surveillance généralisée des comptes bancaires, pourrait avoir des conséquences économiques graves sur la stabilité financière et sur la confiance des épargnants tunisiens.

Une nouvelle taxe sur les patrimoines élevés

Le projet propose d’imposer une taxe annuelle de 0,5 % sur les patrimoines dont la valeur dépasse 3 millions de dinars, sans excéder 5 millions, et de 1 % sur les patrimoines supérieurs à 5 millions de dinars.
Sont concernés à la fois les biens immobiliers, les avoirs mobiliers, les dépôts bancaires, les valeurs mobilières et les possessions appartenant aux enfants mineurs à charge.

Toutefois, le texte prévoit certaines exemptions : la résidence principale et son mobilier, les biens à usage professionnel, les fonds de commerce exploités ainsi que les véhicules non utilitaires de moins de 12 chevaux fiscaux ne seront pas soumis à cette taxe.

Une surveillance bancaire sans précédent

Le professeur Choukandali souligne également que cette réforme s’accompagnera d’un renforcement du contrôle sur les comptes bancaires grâce au système LICOBA, une plateforme numérique permettant à l’État d’accéder à toutes les données bancaires et financières des citoyens et de suivre en temps réel les mouvements de leurs comptes.

Selon l’économiste, cette mesure « introduit une logique de surveillance systématique qui risque d’éroder la confiance des épargnants dans le système bancaire » et pourrait inciter les détenteurs de capitaux à retirer leurs fonds pour les placer dans l’économie parallèle, où les transactions en espèces demeurent sans plafond légal.

Un effet domino sur l’économie réelle

« Après la loi sur les chèques, qui a contribué à alimenter l’économie informelle et à favoriser les transactions en liquide, cette nouvelle taxe risque de produire un effet similaire, voire plus grave », avertit Ridha Choukandali.

D’après ses analyses, la chute continue du taux d’épargne nationale, passé de 21 % du PIB en 2010 à 4,7 % en 2024, révèle déjà une crise de confiance profonde entre les citoyens et les institutions financières.
L’introduction d’un impôt sur la richesse pourrait ainsi accélérer la fuite des capitaux, aggraver la pénurie de liquidités bancaires et réduire la capacité de financement du secteur privé.

Une contradiction avec la politique d’autosuffisance

Pour l’économiste, cette réforme contredit directement la philosophie économique du président de la République, fondée sur l’autosuffisance nationale et l’investissement local.
« L’épargne nationale constitue la base même de la souveraineté financière. Moins les Tunisiens font confiance à leurs banques, plus le pays devient dépendant du financement extérieur, ce qui va à l’encontre de la politique de reliance sur les ressources internes », souligne-t-il.

Choukandali estime que l’État, au lieu de multiplier les impôts, devrait favoriser l’investissement productif, simplifier la fiscalité, et instaurer un climat de confiance permettant aux capitaux tunisiens de rester dans les circuits officiels.

« Ne pas répéter l’erreur de la loi sur les chèques »

En conclusion, le professeur met en garde les parlementaires :

« Adopter cette loi, c’est se tirer une balle dans le pied. Le député avisé ne se laisse pas tromper deux fois : il a déjà voté une loi sur les chèques qui a fragilisé le système financier ; qu’il n’en vote pas une seconde qui risque d’en accélérer l’effondrement. »

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