Saida Agrebi : « Histoire d’une mère trahie par …la mère patrie »

Saida Agrebi : « Histoire d’une mère trahie par …la mère patrie »

 

Dans son exil parisien, elle suit de très près le cours des événements dans son pays, la Tunisie. Depuis qu’elle a quitté le territoire national, en toute légalité dit-elle, le 30 juillet 2011, elle n’a pas échappé aux rumeurs, pour la plupart fantaisistes et sans fondements.  Car, « contrairement à tout ce qui a été dit, j’ai quitté la Tunisie de la façon la plus légale et je n’ai jamais cherché à m’enfuir clandestinement. Il n’y avait aucune action en justice à mon encontre, ce que le ministère de l’Intérieur avait d’ailleurs publiquement confirmé ».

Elle c’est Saida Agrebi, la fondatrice et ancienne présidente de l’organisation tunisienne des mères et trois fois députée. La mort de son fils unique Ahmed et son enterrement à Tunis, sans qu’elle puisse jeter un dernier regard sur lui, lui est restée au travers de la gorge et malgré la blessure, elle pardonne à toux ceux qui l’en ont empêché. Et si elle remercie les personnes qui lui ont présenté leurs condoléances, elle n’en veut, pour autant pas, aux ingrats qui l’avaient ignorée dans son deuil et sa douleur. Mais elle en veut à ces visiteurs de la nuit qui avaient cambriolé sa maison à l’Ariana et volé toutes ses médailles et distinctions nationales et internationales, un précieux trésor qui lui tenait à cœur et qu’elle gardait jalousement. En juin 2015, elle reçoit le prix Femmes d'excellence décerné en marge du 25e sommet des chefs d'État africains organisé à Johannesburg,  en Afrique du Sud.

Femme qui a la politique dans les veines, elle a connu les heurts et malheurs d’une vie qui est loin d’être un long fleuve tranquille. Elle a connu toute la classe politique du temps de Bourguiba et de Ben Ali. A bientôt 70 ans, elle s’apprête à publier un livre sous un titre fort évocateur : « Histoire d’une mère trahie par …la mère patrie ». Car elle se sent profondément trahie par ces gens qui, il n’y a pas longtemps,  lui faisaient la courbette.

Dans cinq chapitres, elle racontera son parcours durant l’occupation, la période bourguibienne au cours de laquelle elle a été choisie par Bourguiba pour aller suivre, pendant 7 ans, des études sur la communication sociale et la santé dans les universités américaines de Maryland et Californie. Elle parlera longuement de la période de Ben Ali au cours de laquelle, elle a été l’un des principaux acteurs. L’avant dernier chapitre sera réservé à sa vie en exil alors que le dernier sera une ode à son fils Ahmed dont « la disparition subite et tragique, arraché à la vie loin de son pays et de sa mère juste à peine père de son deuxième bébé, privé de la tendresse de sa maman » la torture toujours.On s’attend à plusieurs révélations sur des personnalités politiques de l’ancien régime mais aussi du régime actuel.

Saida Agrebi est prête à rentrer dans ce  pays « qui lui manque tant » et qu’elle «  a aimé et servi tout au long de  sa vie » et à se présenter devant la justice pour répondre à toutes les accusations dont elle fait l’objet et dont elle « est innocente », affirme-elle, pourvu qu’on lui garantisse les conditions  d’un procès équitable.  


 

 

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