Slim Chaker candidat à la succession de Habib Essid?
Ce qui se chuchotait dans les coulisses est apparu au grand jour, rien ne va plus entre le chef du gouvernement Habib Essid et Nida Tounes. Auréolé par sa victoire aux législatives d’octobre 2014, l’ancien parti de Béji Caid Essebsi avait entériné, à son corps défendant, la candidature d’Essid à la Kasbah, mais il s’est vu presque relégué au rang d’un simple membre d’une coalition au pouvoir. Avec six ou sept portefeuilles ministériels dont un seul ministère régalien, les affaires étrangères, Nida Tounes pense avoir été floué puisque il n’a pas la main haute sur les nominations dans l’administration centrale ni dans les entreprises publiques. Certains de ses dirigeants ne mâchent plus leurs mots en accusant le chef du gouvernement d’être l’otage de deux ou trois de ses proches conseillers qui soufflent le chaud et le froid. Et ils ne sont pas les seuls puisque même au sein du mouvement Ennahdha, on trouve le même son de cloche. A preuve « cette guerre » larvée au sujet de la nomination des gouverneurs.
C’est pourquoi, du côté du Nida, on commence à penser sérieusement au remplacement de Habib Essid par une personnalité issue de son rang. Et c’est le nom de l’actuel ministre des finances Slim Chaker qui émerge du lot. Jeune, bon communicateur et sans affinités particulières avec les clans au sein du parti ni avec les groupes de pression, il se présente comme un homme de consensus. Avec le passé militant de son grand père notamment feu Hédi Chaker figure de proue du mouvement national tunisien, tombé en martyr le 13 septembre 1953 à Nabeul sous les balles de la main rouge, Slimest le fils de M’Hamed Chaker ancien ministre de Bourguiba. Ancien membre du gouvernement de transition de Béji Caid Essebsi dans lequel il a occupé successivement le poste de secrétaire d’état au tourisme avant d’être nommé à la tête du ministère de la jeunesse et du sport où il laissé de bons souvenirs, Slim Chaker est membre fondateur de Nida Tounes et il est, également, le co-auteur avec Mahmoud Ben Romdhane du programme économique du Nida .
Même si certains lui reprochent son inexpérience et son air un peu indifférent, sa méconnaissance des hommes et des femmes, entendre les compétences, ainsi que son manque de charisme, il a l’appui d’une bonne partie des membres du bureau exécutif du parti qui s’activent pour « faire tomber » le gouvernement Essid « insensible » à leurs réclamations et à leur programme social et économique. Toutefois, Essid continue à bénéficier du soutien du président de la République Béji Caid Essebsi et du président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi. Mais jusqu’à quand?
La rentrée politique s’annonce chaude, très chaude. Les manœuvres ont déjà commencé et les critiques contre l’action du gouvernement et de son chef se font de plus en acerbes. « Nous sommes comptables de l’action du gouvernement qui n’est pas le nôtre », a confié un membre du bureau exécutif de Nida Tounes. « Demain, c’est le parti qui va répondre de cette action devant le sélecteurs et il risque d’être sévèrement sanctionné ».
Demain, ce n’est pas loin…
B.O