Sommet de l'UA : Des ONG africaines se mobilisent contre le retrait du CPI

Sommet de l'UA : Des ONG africaines se mobilisent contre le retrait du CPI

 

Les réunions préparatoires au sommet de l’Union africaine, prévu du 16 au 18 juillet au Rwanda, ont commencé  dimanche 10 juillet à Kigali. Au menu des discussions, notamment, un éventuel retrait des pays africains membres de la Cour pénale internationale. Plusieurs dirigeants accusent en effet la CPI de cibler l’Afrique de manière « trop partiale ». Ces retraits seraient une grave erreur, d’après plusieurs ONG, qui rappellent à quel point la Cour pénale internationale est importante pour les populations. Il s’agit d’abord d’une vidéo, mise en ligne la semaine dernière par 21 ONG, aussi bien africaines qu’internationales. De nombreux activistes, anglophones et francophones, défendent le rôle de la Cour pénale internationale et le danger qu’il y aurait à vouloir la quitter. Un espoir pour les Africains, car la CPI est la seule en mesure de s’attaquer à des personnages haut-placés que les justices nationales ne peuvent parfois pas atteindre : c’est ce qu’explique Lambert Nigarura, il est avocat et président de la Coalition burundaise pour la Cour pénale internationale.« Ce sont des personnes puissantes, ce sont des personnes qui ont une armée, une police, une milice. Si aujourd’hui, ils veulent se donner une immunité, c’est-à-dire que ce sera bonjour l’impunité. Donc nous disons que la CPI reste incontournable, reste un espoir pour les peuples africains victimes de crimes graves. »« Il est normal que personne ne soit au-dessus des lois ». Un point de vue partagé par l'érythréenne Elizabeth Chyrum, présidente de l'association Human Rights Concern Eritrea. Elle soutient cette démarche, car elle estime que la CPI est un moyen, pour les victimes, d'obtenir que justice soit faite quand tous les autres recours ont échoué.

« Dans le cas de l'Erythrée, nous ne disposons d'aucun recours. Les victimes n'ont pas le droit d'accéder aux tribunaux du pays pour demander que justice soit faite. Les mécanismes régionaux n'ont aucun pouvoir. Et même l'Union africaine n'a aucun moyen de contraindre les pays à appliquer les décisions de la Commission africaine des droits de l'homme. Alors, si les victimes ne peuvent pas demander que justice leur soit rendue localement, elles devraient être autorisées à demander cela aux mécanismes internationaux, en l'occurrence à la Cour pénale internationale. »L'association d'Elizabeth Chyrum milite pour la saisine du procureur de la cour, alors que son pays d'origine est accusé par l'ONU de commettre des crimes contre l'humanité contre sa propre population.

« L'Union africaine pense que la CPI cible les dirigeants africains ? Eh bien, si les dirigeants africains ne veulent pas rendre des comptes, ils doivent diriger leur pays sans avoir recours à la torture, par exemple. Si des chefs d'Etats commettent des crimes, il est normal que personne ne soit au-dessus des lois. »Accusée de partialitéParmi les reproches adressés par l'Union africaine à la CPI, sa partialité envers le continent. La Cour ferait preuve d'acharnement envers les Africains, alors que d'autres pays du monde mériteraient tout autant ses investigations. Des reproches qui ne tiennent pas debout, d'après Lambert Nigarura.

« Ce sont des accusations infondées, parce que les affaires qui sont aujourd’hui devant la CPI qui concernent l’Afrique, il y en a six. Il faut comprendre que parmi les six affaires, quatre affaires ont été déférées par les pays africains. Pourquoi dit-on que la Cour indexe uniquement l’Afrique alors que c’est nous-même, Africains, qui avons sollicités l’intervention de la CPI ? ». Pour rester membre de la Cour pénale, un comité de l’Union africaine propose par exemple que les chefs d’États en exercice bénéficient de l’impunité : une position intenable, au regard des statuts de la CPI.

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