Taoufik Baccar appelle à la mise en place d’une stratégie globale de maîtrise de la dette
Les données sur la dette tunisienne, aussi bien la dette publique que la dette extérieure, sont sans appel: le Stock de la dette publique aurait doublé entre fin 2010 et 2016 passant de 25,6 milliards de dinars en 2010 à 50,4millards de dinars en 2016. Une autre lecture consisterait à dire que la moitié du stock de la dette publique date d'après 2011 et ce, malgré les ressources financières qui étaient disponibles au début de 2011. Quant à la dette extérieure elle aurait connu la même tendance quant à son niveau global. Cependant l'indicateur le plus pertinent demeure le stock de la dette extérieure nette des réserves en devises et à ce titre ce stock serait passé de 10 milliards de dinars en 2010 (23millards de dette extérieure moins 13 milliards de réserves en devises) à 31 milliards en 2016 (43-12) soit plus qu'un triplement de niveau. Pour l'honnêteté, une partie de cette augmentation s'explique par la baisse du dinar mais cette baisse en elle même est le reflet de l'échec des stratégies et des politiques économiques menées par les gouvernements successifs depuis 201. Une différence énorme est cependant à souligner ; la dette d'après 2011 est assortie de conditions plus difficiles: des maturités plus courtes, des marges d'intérêt plus élevées et surtout cette dette n'a pas convenablement été mise à contribution pour accélérer la croissance puisqu'elle a financé au moins pour partie des frais de fonctionnement.
A ceux qui appellent à un audit de la dette, je leur dit que, personnellement, je suis pour un audit de la dette de l'Etat à condition que cet audit couvre toute la dette contractée jusqu'à 2016 y compris celle enregistrée depuis 2011 et les ressources financières disponibles au début 2011 (5.6 milliards de dinars) qui ont remplacé un recours supplémentaire à l'endettement rendu nécessaire par les dépenses et les déficits publics et que cet audit couvre non seulement le stock mais également les conditions de la dette (maturité, marge, procédure..,) et surtout l'utilisation de cette dette et son impact sur la croissance et les charges de remboursement pour les générations futures.
Pour les profanes, depuis 2006 la Tunisie a engagé une politique dite de gestion dynamique de la dette et a remboursé par anticipation un milliard de dinars de dette contractée durant les années quatre vingt et quartes vingt dix à des taux supérieurs au taux que lui permettait son rating sur le marché international qui s'était amélioré depuis ,ce qui a généré au pays un gain de plus de 35 millions de dinars. De même la Tunisie forte de la connaissance des marchés décidera de ne pas sortir sur le marché financier international depuis un certain juillet 2007 date du démarrage de la crise financière internationale pour mettre le pays à l'abris d'une augmentation de taux bien que celui de juillet 2007 a été réalisé à une marge de 0,7 % pour un prêt de 20 ans( à comparer à 4.1% pour le prêt de 1 milliard de dinars réalisé sur le marché fin 2014/début 2015) . Le projet de création d'une agence de gestion de la dette sous la dénomination de « Tunisie trésor » découlait droit de cette expérience et de cette connaissance des marchés riches de plus de vingt ans.
J'espère que ce projet qui date de 2009 autant d'ailleurs que le projet de création de la caisse de dépôt et consignation (CDC) se concrétisera prochainement et qu'une stratégie globale de maîtrise de la dette soit mise en place le plus rapidement possible. Il y va de l'avenir des générations futures de ce pays.
Votre commentaire