Télévision Tunisienne Nationale: le Coup de gueule de Amel Chahed

Amel Chahed, conceptrice et animatrice de programmes télévisuels sur la chaîne publique, se désolidarise totalement des dirigeants actuels

de la Télévision Tunisienne Nationale et ne manque pas de le faire savoir.

« Moi Amel Chahed j'annonce publiquement que je m'oppose totalement à ce qui se passe à La Télévision Tunisienne Nationale.

Cela fait des semaines que j'essaie de toutes mes forces et de toute ma volonté sincère (je ne suis pas la seule) de travailler positivement dans le sens de rendre une information objective ayant un rapport direct avec les problèmes profonds les plus urgents qui interpellent les tunisiens.

La Direction générale ainsi que la direction de la nationale 1 ne cessent de marginaliser ces efforts sincères et de mettre à l'écart les personnes les plus qualifiées et les plus audacieuses.

J'ai été même sujette à des tentatives d'intimidation basée carrément sur des mensonges et des intox. J'ai fait de mon mieux pour continuer à travailler, à proposer des dossiers et des sujets d'actualité, dont même des scoops.

J'ai été confrontée à une indifférence « préméditée » . Je cite un seul exemple : la semaine dernière, le jeudi 17 Février 2011, je devais recevoir en exclusivité Mrs Nicolas Beau (co-auteur de La régente de Carthage et de Notre ami Ben Ali, l’envers du « miracle tunisien ») et Mohamed Bouabdelli . J'en ai informé la direction une semaine à l'avance, le directeur de la chaine se montre alors très partant pour faire le plateau en direct.

Le mercredi 16 Février (un jour avant le rendez-vous du direct) il m'informe dans son bureau qu'il me répondrait sur ce sujet avant 17H00, j'attends sa réponse jusqu'à aujourd'hui.

J'ai été contactée également, depuis samedi 12 Février, par des collègues, pour participer à l'organisation d'un télédons ...ils m'ont fait entendre par la suite que les décideurs à la tête de la Télévision, préfèrent que je n'y sois pas.

Je ne compte pas faire de cela une affaire personnelle, c'est une question d'état général, de tout un système établi à la Télévision Tunisienne depuis très longtemps et qui résiste férocement aux réformes et au changement auquel nous aspirons.

Par ce texte, j'annonce que je suis dans un conflit profond et de principe avec le PDG de la Télévision Tunisienne et avec le Directeur de la chaine 1.

Je n'adhère pas à leur manière de faire diriger la télévision, à l'improvisation avec laquelle ils font marcher le travail et l'antenne, je refuse radicalement leur absence de programme clair et de ligne éditoriale cohérente, précise et répondant aux impératifs de l'objectivité et de la déontologie.

Je condamne publiquement et de toutes mes forces la malhonnêteté et la mauvaise foi qui se cachent derrière cet agissement de leur part, qui vise à rabaisser le rôle du média le plus important en Tunisie et de le réduire à une vile tâche de diffusion et d'enracinement de l'esprit de « demanditisme », qui monte ces temps-ci (comme du mauvais champignon) ..., au lieu d'établir, dans les délais les plus urgents un programme équilibré et d'opter pour une orientation limpide .

J'aime  la Télévision Tunisienne, j'en fais partie, j'y reste, je la défends, mais je me désolidarise totalement de ses dirigeants actuels  (au niveau de la présidence et de la direction de la chaine 1) et je condamne à haute voix le rendement lamentable que reçoit le peuple tunisien sur antenne et qui est exclusivement la faute de ces dirigeants.

La Télévision nationale (ainsi que tous les médias) doit être INDEPENDANTE et ne servir que l'intérêt public, celui du Peuple Tunisie, car c'est la télévision du peuple et elle doit lui revenir.

Je fais toujours partie de cette télévision, mais je n'adhère à aucun de ces programmes actuellement, tant que l'esprit et la mentalité des dirigeants ne changent pas.

Il faut une rénovation radicale, basée sur la bonne foi, l'adhésion aux principes de la liberté et de l'indépendance de toutes autres instances y compris le gouvernement et le respect des normes professionnelles. J'en suis profondément convaincue. »

 

Par Amel Chahed