Tourisme: Les réalisations de la Tunisie, du Maroc et de l’Egypte à fin juin 2025

La Tunisie, le Maroc, l’Egypte, les trois pays leaders du tourisme en Afrique, ont accueilli 22 millions de visiteurs au terme des six premiers mois de l’année 2025. Le duel Maroc-Egypte pour la place de première destination touristique du continent est de plus en plus serré, alors que la Tunisie est désormais larguée très loin derrière ce duo. Les perspectives sont encore meilleures pour le second semestre, période de pics d’arrivées de touristes étrangers et de retour des diasporas.
2025 s’annonce exceptionnelle en termes d’arrivées de touristes pour les pays d’Afrique du Nord, après les records enregistrés en 2024. En tout cas, les performances enregistrées au terme du premier semestre augurent de très bonnes perspectives.
En effet, au titre du premier semestre 2025, le Maroc, l’Egypte et la Tunisie, qui occupent les trois premières places en termes de destinations touristiques au niveau du continent, ont cumulativement accueilli 22 millions de visiteurs, contre 18,60 millions à la même période de l’année dernière, soit une progression de 18,28%, ou 3,83 millions de visiteurs supplémentaires, grâce aux progressions enregistrées par les trois pays.
Au rythme actuel, les records d’arrivées de touristes enregistrés au niveau des trois pays ne tiendront pas longtemps.
La dynamique du secteur touristique mondial, l’augmentation des connexions aériennes, la réduction de l’effet de saisonnalité touristique comme en atteste les performances enregistrées durant le printemps, les stratégies de promotion et les politiques de visa ont contribué à ces performances.
Le second semestre s’annonce donc prometteur. Les pics de touristes enregistrés durant la période estivale, le retour des diasporas durant cette période et les fêtes de fin d’année devraient permettre aux trois pays d’atteindre les objectifs fixés, avec des records d’arrivées de touristes jamais enregistrés auparavant.
Seulement, les trois pays doivent aussi faire face à la concurrence des destinations méditerranéennes du vieux continent, que sont l’Espagne, la Grèce, l’Italie et la Turquie.
Maroc: possibilité de dépasser la barre des 20 millions de touristes
Le Maroc maintenu son rang de première destination touristique africaine. Le Royaume a accueilli 8,9 millions de touristes durant les 6 premiers mois de l’année en cours, affichant une progression de 19% (plus de 1,4 million de touristes supplémentaires) par rapport à la même période de l’année dernière.
Les atouts touristiques du Royaume, l’amélioration de la connectivité avec notamment l’offre low-cost, les promotions des différentes offres touristiques et la dynamique du tourisme mondial ont contribué à ces performances.
Cette tendance à la hausse qui se dégage confirme le positionnement du Maroc comme destination de choix. «Ces résultats confirment l’attractivité du Maroc et notre capacité à attirer un nombre croissant de touristes», a souligné Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’artisanat et l’économie sociale et Solidaire.
Parallèlement, du côté des recettes, celles-ci se sont établies à 45 milliards de dirhams, soit un peu plus de 4,5 milliards de dollars, à fin mai 2025, en progression de 8,5%. On note un décalage entre les progressions des arrivées de touristes (+19%) et des recettes (8,5%). Si les arrivées augmentent deux fois plus rapidement que les recettes, cela s’explique par un certain nombre de facteurs.
D’abord, les recettes générées par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) ne sont pas totalement prises en compte du fait qu’elles sont dépensées loin des circuits officiels. Ensuite, une partie importante de ces touristes ne fréquente pas des établissements hôteliers. Enfin, il y a aussi le fait que les touristes arrivant par le canal des compagnies low-cost qui sont de plus en plus nombreux et sont globalement connus pour être généralement moins dépensiers que ceux empruntant les compagnies aériennes classiques.
La dépense moyenne par touriste, à fin mai 2025, s’établit à 6.250 dirhams, soit un peu plus de 625 dollars. Un montant supérieur à celui de la Tunisie et qui s’explique par la prépondérance de l’offre «culture» qui attire à elle seule plus de 50% des visiteurs du Maroc, devant le balnéaire, la nature, le sport et loisirs…
Du côté des perspectives d’arrivée de touristes, celles-ci s’annoncent prometteuses. En atteste la bonne performance enregistrée durant le mois de juin dernier avec 1,7 million de touristes accueillis, soit une progression de 11% par rapport au même mois de l’année dernière. Il s’agit d’un niveau record jamais enregistré pour ce mois, augurant de bonnes perspectives pour la saison estivale qui représente un pic d’arrivée de touristes au Maroc. A cela s’ajoute l’organisation de la CAN en décembre-janvier prochains, événement sportif phare qui ne manquera pas de booster le nombre de visiteurs.
Du coup, il est possible que le Maroc dépasse la barre des 20 millions de touristes au titre de l’exercice 2025.
«Nous entamons la deuxième moitié de l’année avec deux chantiers prioritaires: le renforcement de l’aérien et l’accélération du développement de l’offre d’hébergement et d’animation pour satisfaire une clientèle de plus en plus exigeante», a expliqué la ministre.
Egypte: 8,7 millions de touristes en attendant l’inauguration du Grand musée égyptien
Les arrivées de touristes en Egypte se sont établies à 8,7 millions de visiteurs, en hausse de 24% par rapport à la même période de l’année dernière. Cette progression a été légèrement altérée durant le mois de juin par la guerre Israël-Iran qui a entrainé un taux de 10% d’annulation des réservations d’hôtels durant le mois de juin dernier. Les touristes viennent de l’Allemagne, de la Russie, de l’Arabie saoudite, du Royaume-Uni, de la Pologne…
Cette forte progression des arrivées s’explique par plusieurs facteurs dont les atouts touristiques du pays, la dynamique du secteur du tourisme mondial, les politiques de promotion de la destination égyptienne, les assouplissements au niveau des visa avec la possibilité d’obtenir un e-visa touristique pour des ressortissants de 74 pays, l’apaisement relatif des tensions géopolitiques au Moyen-Orient,…
Du côté des perspectives, l’Egypte table sur 18 millions de touristes au titre de l’exercice 2025, soit une croissance de l’ordre de 14% par rapport à l’année précédente. En clair, le pays doit accueillir un peu plus de 9 millions de touristes durant le second semestre pour atteindre son objectif.
La Tunisie a accueilli, à fin juin 2025, 4,3 millions de touristes, un volume en progression de 11% par rapport à la même période de l’année dernière. Les recettes touristiques se sont établies à 1,04 milliard de dollars pour les 6 premiers mois de l'année.. DR
Pour ce faire, il compte sur la période estivale et surtout sur l’inauguration du grand Musée égyptien (GME) prévue durant le second semestre de l’année en cours, après avoir été repoussée à plusieurs reprises à cause des tensions au Moyen-Orient. Ce musée comptera 100 000 objets historiques, dont le célèbre trésor de Toutankhamon et son masque d’or emblématique. Construit sur 50 hectares, ce musée, le plus grand du monde, offre un voyage à travers 7.000 ans d’histoire et pourrait contribuer à augmenter l’afflux des touristes, grâce à toute la promotion faite autour de l’évènement.
Tunisie: croissance atténuée par les arrivées d’Algériens
Au terme des 6 premiers mois de l’année, la Tunisie a accueilli 4,3 millions de touristes, un volume en progression de 11% par rapport à la même période de l’année dernière. Cette évolution moindre, comparativement à celles enregistrées par l’Egypte et le Maroc, s’explique essentiellement par la croissance moindre (autour de 7%) des arrivées des touristes algériens qui représente généralement presque le tiers des touristes visitant le pays. Ils étaient 3,51 millions à avoir visité la Tunisie en 2024.
En dehors des touristes maghrébins, Algériens et Libyens, la Tunisie a accueilli surtout des Français, des Anglais et des Allemands. Pour ces visiteurs, la Tunisie est une destination plutôt balnéaire, avec soleil et plage, sans oublier, en prime, un rapport qualité-prix très compétitif. Une donnée qui a fait que l’exigence faite aux touristes européens en voyages organisés avec les tour-opérateurs de disposer d’un passeport avec une validité minimum de trois mois à partir du 1er janvier 2025, au lieu d’une simple carte d’identité, et la généralisation de la taxe de séjour dans les hôtels et autres lieux d’hébergement des touristes n’ont pas affecté les flux de touristes européens.
Reste que cette offre ne génère pas assez de recettes, comparativement aux pays concurrents de la région. Les revenus du tourisme se sont établis à 3 milliards de dinars tunisiens, soit environ 1,04 milliard de dollars, en augmentation de 8% en glissement annuel. Cela donne un ratio de dépense moyenne par touriste de 241 dollars. Ce qui est très faible et s’explique par le modèle de touriste de masse adopté jusqu’à présent par la Tunisie et où le «all inclusive» qui profite essentiellement aux Tours opérateurs.
Une situation qui a poussé les autorités tunisiennes à encourager la diversification de l’offre touristique avec une stratégie axée sur la qualité, le développement durable et la valorisation des atouts culturels et naturels du pays. Une stratégie qui s’accompagne d’une modernisation des structures d’hébergement et la formation du personnel afin de mieux répondre aux attentes d’une clientèle plus exigeante.
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