Tous les chemins mènent au club de Paris …
Par Mahjoub Lotfi BELHEDI
Spécialiste en réflexion stratégique
Pour ne pas rompre avec la marée surréaliste qui règne plus d’une décennie, on va admettre, virtuellement, que le FMI va nous accorder au cours de ce premier trimestre son aumône miraculeux d'un montant de 1,9 milliard de dollars sur quatre ans !
Mais, est-ce vraiment la fin du drame Tunisien ?
En réponse à ce dilemme existentiel, deux interrogations majeures surgissent :
Une première relative à l’octroi du crédit FMI, à savoir, est-il suffisant pour qu'on puisse échapper de l'état d'impasse économique auquel nous sommes confrontés ?
Paradoxalement, si cet « acte libérateur » du FMI - au moins auprés d’une bonne partie de nos experts - pourrait drainer un flot de crédits à caractère bilatéral et mercantile (marchés financiers), le retour d'investissement escompté des grandes réformes à entamer requiert forcement un «time factor» s'inscrivant dans le moyen et le long terme, en conséquence, un surendettement supplémentaire ne fait qu'envenimer une situation économique globale chaotique caractérisée par une stagflation (stagnation + inflation) générale et généralisée.
En effet, les chiffres du ministère des finances révèlent que le taux d’endettement de la Tunisie s’est élevé à 78,5% du PIB atteignant 109,620 milliards de dinars à fin août 2022 ventilé comme suit :
- La coopération multilatérale constitue 60,2% du volume des dettes extérieures,
- Le marché financier détient 22,1%
- La coopération bilatérale près de 17,7%.
Une seconde interrogation afférente aux alternatives possibles au crédit FMI que nos officiels s'obstinent à ignorer par phobie des organisations professionnelles, en particulier, l’UGTT…
Dans un contexte socio-économique complexe digne d'un cas d'école, il s'avère évident, sauf aux daltoniens, que l'effet domino FMI se s'arrête pas aux portes de cette institution où le système institutionnel financier international a mis à la disposition des pays en difficulté de paiement de ses dettes une piste alternative, en l'occurrence, le club de Paris
D'après son site officiel, il s'agit « d’un groupe informel créanciers publics dont le rôle est de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement de pays endettés. Les créanciers du Club de Paris leur accordent un allègement de dette pour les aider à rétablir leur situation financière. Cet allègement de dette peut être obtenu par un rééchelonnement ou, en cas de traitements concessionnels, une réduction des obligations du service de dettes pendant une période définie (traitements de flux) ou une date fixée (traitements de stock).
L’origine du Club remonte en 1956 lorsque l'Argentine accepta de rencontrer ses créanciers publics à Paris. Depuis, le Club de Paris a conclu 478 accords avec 102 pays endettés. Depuis 1956, le montant total de la dette traitée par les accords du Club de Paris s'élève à 614 milliards de $ ».
Sur ce plan, il convient de préciser que les pays bénéficiaires du concours du club de Paris ont été tous recommandés, au préalable, par le FMI et qu'en mois de février 2022 le directeur général du trésor français et le président du club de Paris, Emmanuel Moulin, a entamé une visite en Tunisie !?
En abrégé, il est fort probable qu’un plan B ciblant notre pays est en cours de fermentation dans les labos du FMI et du club de Paris…
A suivre !
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