Tunisie 2018 : croissance, inflation et chômage
Par Mohsen Hassen (ancien ministre du Commerce)
L’économie tunisienne a enregistré une croissance de 2,5% en 2018 contre 1,9% en 2017, selon les chiffres publiés le 15 février 2019 par l’institut national de la statistique (INS), cette accélération de la croissance s’explique essentiellement par les bonnes performances des secteurs de l’agriculture, dont la valeur ajoutée a augmenté de 9,8% comparativement à 2017 et des services (+3,3%).
La valeur ajoutée du secteur des industries non manufacturières a, quant à lui, affiché un repli de -1,2% en 2018, comparativement à 2017.
À l'inverse, le chômage reste élevé, très inégal selon les régions, et touche plus durement les jeunes et ce malgré la baisse du taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur.
Le taux enregistré pour le quatrième trimestre de 2018 est de 15,5%, en stagnation par rapport au troisième trimestre de la même année, selon les résultats d’une enquête réalisée par l’institut national de la statistique .
Le problème étant que dans de nombreux pays la reprise n'est pas génératrice d'emplois car elle s'opère via des gains de productivité.
Pour donner un coup de fouet au secteur de l’emploi, il s’avère nécessaire de développer des qualifications en adéquation avec les besoins de l’entreprise et promouvoir l’auto-emploi.
La promotion de l’emploi ne passe pas uniquement par des stratégies nationales, mais aussi par des programmes locaux et régionaux. L’objectif est d’élaborer un système régional intégré de promotion de l’emploi, aussi bien l'emploi rémunéré que l’auto-emploi et d’améliorer l’employabilité à travers la formation qualificative
Coté inflation, l’IPC a enregistré, au terme du premier mois de l’année en cours une baisse pour atteindre 7.1%, contre 7,5% un mois auparavant.
Malgré cette baisse, la quasi-totalité des facteurs stimulants de l’inflation sont là :
• Inflation d’origine monétaire: Création monétaire contre garantie de BTA
• Inflation par les coûts de salaires: Cercle vicieux de hausse des prix, revendications sociales et ajustement des salaires à la hausse non indexé à la productivité
• Inflation d’origine importée: la forte baisse du dinar entraîne la hausse des prix des matières premières et donc du produit final
• Inflation d’origine financière: Les entreprises répercutent l’augmentation du taux d’intérêt (charges financières) sur les prix
• Inflation d’origine structurelle: Intermédiation, spéculation et inefficience des circuits de distribution.
Les pressions inflationnistes qui continuent a engendrer l’érosion du pouvoir d’achat des ménages en Tunisie, nécessitent un suivi rigoureux afin de prévenir l’impact des facteurs susceptibles d’accélérer la remontée des prix au cours de la période à venir, et prendre en conséquence les mesures qui s’imposent.
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