Tunisie: Abir Moussi de nouveau, ce vendredi, devant la justice

Tunisie: Abir Moussi de nouveau, ce vendredi, devant la justice

Détenue depuis octobre 2023, la présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, comparaît ce vendredi 24 octobre devant la justice dans l’affaire dite du bureau d’ordre de la Présidence de la République. Déjà condamnée à un an de prison à la suite d’une plainte déposée par l’ISIE, l’opposante fait l’objet de nouvelles poursuites que ses avocats jugent politiques. Amnesty International, de son côté, appelle une nouvelle fois à sa libération immédiate et sans condition.

La présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, comparaîtra ce vendredi 24 octobre devant la quatrième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis.
L’avocate et ancienne députée, détenue depuis le 3 octobre 2023, sera entendue dans le cadre de l’affaire dite du « bureau d’ordre de la Présidence de la République », un dossier qui continue de cristalliser les tensions politiques et les inquiétudes des défenseurs des droits humains.

Selon l’acte d’accusation, Abir Moussi est poursuivie pour « attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d’inciter les gens à s’armer les uns contre les autres ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien », en vertu de l’article 72 du Code pénal qui prévoit la peine capitale.
Des accusations jugées disproportionnées et politiquement motivées par ses avocats, qui dénoncent une instrumentalisation du système judiciaire pour neutraliser une opposante farouche au président Kaïs Saïed.

Condamnations antérieures sur plainte de l’ISIE

Cette comparution intervient alors qu’Abir Moussi a déjà été condamnée en juin dernier à deux ans de prison, en vertu du décret-loi n°54 à la suite d’une plainte déposée par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Son comité de défense a interjeté appel.

Le 26 mai, elle a fini de purger une première peine de 16 mois dans une affaire ouverte également à la suite d’une plainte déposée par l’Isie. Sans oublier qu’en août 2024, elle avait déjà été condamnée à deux ans de prison dans une autre affaire en vertu du décret 54. La peine avait été réduite à un an et demi en appel.

L’appel d’Amnesty International

Le 16 octobre, Amnesty International a adressé une lettre officielle au président de la République Kaïs Saïed pour réclamer la libération immédiate d’Abir Moussi, incarcérée depuis deux ans. L’organisation internationale de défense des droits humains dénonce une détention « prolongée et injuste », estimant que la cheffe du Parti Destourien Libre (PDL) est emprisonnée uniquement pour avoir exercé pacifiquement ses droits fondamentaux.

L’organisation internationale a appelé les autorités tunisiennes à respecter les garanties d’un procès équitable et à mettre fin aux poursuites politiques visant les figures de l’opposition.

Amnesty a également rappelé que la Tunisie, signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, est tenue de garantir la liberté d’expression et la participation politique sans représailles.

Un test pour l’indépendance de la justice 

L’audience de ce vendredi sera suivie de près par les observateurs nationaux et internationaux.
Pour beaucoup, le sort judiciaire d’Abir Moussi constitue un indicateur clé de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Alors que le climat politique reste tendu, cette affaire s’impose comme un révélateur des rapports de force entre le pouvoir exécutif et ses opposants, à l’approche d’échéances électorales décisives.

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