Tunisie: Aid El Idha, une fête au goût amer

Les Tunisiens à l’instar des millions de Musulmans du monde entier ont fêté ce vendredi 6 juin 2025, « l’Aid El Idha » plus connu sous le nom de « l’Aid El Kébir. Les Tunisiens qui restent toujours fidèles à la tradition, font du sacrifice une véritable obligation et même les familles nécessiteuses ne lésinent pas sur les moyens pour acheter un mouton.
Mais cette année, la fête a eu un goût amer. Les familles ont assisté, impuissantes, face à l’envolée des prix jamais enregistrés au cours des dernières années. La plupart d’entre elles se sont abstenues, à leur corps défendant, d’aller dans ces « rahbas », de plus en plus rares, dans l’espoir de trouver un petit agneau, d’à peine six mois pour le sacrifier. Les bêlements ont presque disparu et avec eux cette panoplie de métiers occasionnels qui d’habitude fleurissent et s’installent dans les rues et les quartiers populaires. Un petit tour dans quelques quartiers a suffi pour le constater. Les égorgeurs de moutons, d’habitude nombreux, lors de l’Aïd, ne couraient pas les rues. Ces « bouchers saisonniers » sont pour la plupart des ouvriers de chantier, des bergers ou des sans-emplois qui profitent pour se remplir les poches, le temps d’une journée.
Les jeunes, pour la plupart lycéens ou étudiants, qui s’improvisaient en « nettoyeurs » de têtes et de pattes de moutons, n’étaient pas dans leurs coins préférés.
Pourtant, un prix référentiel d’environ 21,900 dinars le kilo (poids vif) pour toutes les catégories de poids, dans les points de vente au poids organisés par les autorités, a été adopté. Toutefois, « ce prix n’est pas contraignant ni obligatoire, mais simplement indicatif », selon Lotfi Riahi, président l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur (OTIC). Le stock national n’a pas permis de couvrir la demande pour l’Aïd. Les prix ont, par conséquent, connu une hausse vertigineuse estimée entre 200 et 300 dinars par rapport à l’année précédente. Le rêve d’acquérir un mouton pour l’Aïd s’est transformé en cauchemar pour les familles tunisiennes, notamment celles à revenu modeste.
Bien pis. Les familles qui se sont rabattues sur la viande déjà découpée et vendue au kilo, se sont heurtées à l’avidité des bouchers. Le kilo qui se vendait l’avant-veille à 50 dinars, a été proposé, la veille de l’Aïd, à plus de 60 dinars, voire beaucoup plus dans certaines régions et dans certains quartiers où le prix a dépassé les 65 dinars. C’était à prendre ou à laisser. En l’absence du contrôle économique, ces bouchers véreux se sont bien remplis les poches aux détriments des pauvres familles qui se trouvent, au moment du décompte, « déplumées », alors que la viande est déjà presque consommée.
Le numéro vert 80 100 191, mis en place par le ministère du commerce pour signaler les fraudes, les prix abusifs, ou les produits non conformes, aurait, sans doute, été très sollicité. Pour quel résultat !
B.O
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