Tunisie: Conférence nationale sur l'emploi
Sur instructions du Président Ben Ali, M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, a présidé, mardi, à Gammarth
, l'ouverture de la conférence nationale sur l'emploi dont les travaux dureront deux jours.
Le Premier ministre a souligné à cette occasion, que l'emploi est une cause nationale majeure en ce sens qu'il représente l'un des fondements de la dignité de l'individu et l'un des principaux facteurs de croissance.
M.Ghannouchi a expliqué que c'est dans ce contexte que s'inscrit la décision du Chef de l'Etat d'organiser une consultation nationale élargie sur l'emploi dans le but de coordonner les avis et les positions concernant les orientations visant à rationaliser les moyens mis en oeuvre pour promouvoir l'emploi et élargir les perspectives d'insertion des jeunes dans la vie active.
Le trio croissance, emplois et pouvoir d'achat
Le Premier ministre a rappelé que l'emploi est l'une des priorités absolues du programme électoral du Président Zine El Abidine Ben Ali. Il a également mis en exergue les grands efforts consentis par l'Etat en vue de répondre aux demandes additionnelles d'emploi.
Il a souligné qu'en dépit d'une maîtrise de la croissance démographique qui a chuté de 2,4 pc durant la période 1984-1994 à 1 pc aujourd'hui, la structuration démographique et les demandes additionnelles d'emploi ont entraîné une augmentation de 2,5 pc par an de la population active. Les demandes additionnelles sont passées de 70 mille durant le 9ème plan (1997-2001) à 88 mille durant le 11ème plan.
Le Premier ministre a également rappelé l'arrivée croissante des femmes sur le marché de l'emploi et qui est la résultante d'un choix national bien établi. M. Ghannouchi a indiqué que le gouvernement est parvenu à gérer cette pression grâce à une politique volontariste multidimensionnelle qui prend en considération la nécessité d'assurer l'adéquation entre les systèmes de l'enseignement et de la formation, d'une part, et les besoins des entreprises et les exigences du marché du travail, d'autre part, l'objectif étant de promouvoir l'investissement, d'accélérer le rythme de croissance, et d'en diversifier la base.
Le Premier ministre a relevé, à ce propos, la relation étroite entre le taux de croissance, le rythme des créations d'emplois et l'amélioration des revenus des citoyens. L'approche tunisienne dans ce domaine, a ajouté le premier ministre, s'est également illustrée par la diversification des mécanismes d'encadrement et de soutien aux demandeurs d'emploi.
M. Ghannouchi a mis en exergue la réussite de la Tunisie, en dépit des exigences inhérentes au processus de mise à niveau économique, de la restructuration des unités de production et d'une conjoncture internationale défavorable.
Près de 600 mille nouveaux postes d'emploi en 2000-2007
Il a rappelé que cette réussite intervient malgré l'augmentation croissante du nombre des demandes additionnelles d'emploi, précisant que près de 600 mille nouveaux postes d'emploi ont été créés durant la période 2000-2007. Le taux du chômage, a-t-il ajouté, a reculé de 15,6 pc en 1999 à 14,1 en 2007.
M. Ghannouchi a précisé, dans ce contexte, que la période de chômage est en moyenne de l'ordre d'une année aux maximum pour près de 60 pc des demandeurs d'emploi et de deux ans au maximum pour près de 80 pc d'entre eux.
M. Mohamed Ghannouchi a souligné l'impératif, pour toutes les parties concernées, de conjuguer leurs pour relever le défi de l'emploi, face à l'évolution de la structure des demandes additionnelles et à la progression continue du nombre des diplômés de l'enseignement supérieur qui représentent 55 pc de l'ensemble de ces demandes.
Il a, d'autre part, mis l'accent sur la volonté du gouvernement, sous l'impulsion du président Zine El Abidine Ben Ali, de rationaliser davantage la politique adoptée pour augmenter le rythme de croissance, renforcer l'investissement et valoriser davantage les ressources humaines, en ciblant, en particulier, les spécialités porteuses, de manière à consolider davantage la plateforme nécessaire à l'accélération du rythme des créations d'emploi, dans toutes les régions du pays, et à réduire le taux du chômage.
Le Premier ministre a réaffirmé, dans ce contexte, la détermination du gouvernement à oeuvrer en vue de concrétiser les décisions, les orientations et les objectifs fixés par le chef de l'Etat.
Il a rappelé, à ce propos, l'importance des réformes, mesures et législations décidées sous l'impulsion du président de la République, en 2007 et 2008, pour promouvoir davantage le secteur de l'emploi. Il a cité, à titre d'exemple, la loi sur l'initiative économique en vertu de laquelle la liberté d'investir est devenue la règle et l'autorisation l'exception.
Il a aussi cité la loi sur les marchés publics qui a unifié le cadre juridique régissant les appels d'offres et qui vise à réduire les délais et à encourager les promoteurs à investir dans le secteur de l'infrastructure et des équipements collectifs. Le Premier ministre a aussi rappelé la loi sur l'enseignement supérieur qui a institué le système "L.M.D." dans l'objectif de hisser les établissements d'enseignement supérieur au niveau des normes internationales, d'améliorer la qualité de leur enseignement et de faciliter l'équivalence entre les diplômes nationaux et les diplômes étrangers.
M. Ghannouchi a aussi cité la loi sur la formation professionnelle qui a favorisé la complémentarité entre ce secteur et celui de l'éducation et de l'enseignement supérieur, à travers, notamment, la création d'un baccalauréat professionnel.
Accélération du rythme d'investissement en 2008
M. Mohamed Ghannouchi a, en outre, mis l'accent sur l'accélération remarquable qu'a connue le rythme de l'investissement qui a atteint un taux de 23,9 pc du PIB, en 2007 et 25,1 pc en 2008, dépassant ainsi les prévisions du XIe plan de développement.
Il a fait remarquer que l'investissement dans le secteur de l'énergie a contribué à cette évolution, en plus de l'augmentation notable de l'investissement privé qui représente 60 pc du total des investissement. Il a précisé que l'investissement direct étranger est passé de 3,5 pc à 5,5 pc du PIB.
Le Premier ministre a fait remarquer que des efforts sont entrepris pour améliorer l'environnement des affaires, s'agissant en particulier de la révision des législations et des réglementations et de la promotion de la qualité des ressources humaines et de l'infrastructure.
En parallèle, a-t-il indiqué, la Tunisie oeuvre aussi à mettre en place des stratégies sectorielles dans les activités porteuses telles que les technologies de la communication, les services de santé, les services financiers, l'agriculture biologique, les industries agroalimentaires et l'industrie aéronautique. Ces stratégies, a-t-il poursuivi, sont, actuellement, en cours de préparation, avec la coopération de bureaux d'études étrangers spécialisés.
Il a expliqué que cette orientation entre dans le cadre du souci d'impulser davantage l'investissement, dans les secteurs à haute valeur ajoutée, grands pourvoyeurs de main d'oeuvre, notamment les diplômés de l'enseignement supérieur, et d'accélérer le rythme de croissance pour favoriser la multiplication des créattions d'emploi.
Recul du taux du chômage
M. Mohamed Ghannouchi a indiqué que le traitement radical et rapide de la question du chômage passe inéluctablement par trois orientations fondamentales: l'augmentation du taux de croissance à un rythme de 5,7%, à 7% annuellement, la hausse de la part de l'investissement dans le PIB qui doit passer de 25% à 28% et l'amélioration de la capacité de formation dans les filières scientifiques et technologiques.
Il a insisté sur la responsabilité qui incombe à toutes les parties concernées dans ce domaine, exprimant le souhait de voir la consultation sur l'emploi déboucher sur des approches pratiques impliquant les différentes composantes de la société civile et assurant une mobilisation efficiente en vue de tirer profit des opportunités offertes pour réaliser le bond qualitatif escompté.
Il a relevé que la consultation nationale sur l'emploi est appelée à contribuer au changement des mentalités, à impulser l'esprit d'initiative et à exploiter au mieux les mécanismes d'encadrement, d'appui et de financement mis en place afin d'encourager le travail indépendant.
Le premier ministre a ajouté que cette consultation a aussi pour objectif de convaincre les chefs d'entreprises quant à l'importance de conforter la transparence en matière de gestion, de renforcer les programmes qualité et de conformité aux normes internationales et de tirer le meilleur profit des compétences et des expertises disponibles notamment les qualifications dont disposent les diplômés de la formation professionnelle et de l'enseignement supérieur.