Tunisie-Crise économique : Nouri Jouini et Fathallah Oualalou prennent la parole
Les travaux du XXIème symposium international du rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD)
se sont poursuivis, lundi après-midi, avec une nouvelle série d’interventions assurées par d’imminentes personnalités du domaine des finances et des affaires ainsi que des hauts responsables locaux et étrangers. Et à l’image du concept de « système économique mondial équitable » prôné à l’occasion du Symposium, la répartition des communications programmées en cet après-midi était pour le moins équitable avec deux intervenants européens et deux autres arabes.
Pour la partie arabe, c’est MM. Fathallah Oualalou et Mohamed Nouri Jouaini, respectivement Maire de Rabat (ancien ministre des finances) et ministre du développement et de la coopération internationale qui s’y sont collés.
Le premier qui devait normalement intervenir au cours de la séance matinale sur le thème « la crise globale : ses origines et les mécanismes de prévention de sa récurrence », a, tout d’abord, noté qu’à la différence des crises cycliques qui l’on récemment précédée comme la crise des valeurs technologiques, qu’on a appelé la crise Internet, la crise régionale qui a affecté les pays d’Asie, cette crise dite des « subprimes » débouche sur une crise globale poly-sectorielle.
C’est à dire qu’elle affecte tous les secteurs d’activités et toutes les régions du globe. Et d’ajouter qu’elle a d’abord concerné la sphère financière globale avant de s’élargir irrésistiblement à l’économie réelle. « C’est une traduction dans la réalité des effondrements d’un système construit sur la liberté et l’anarchie des transactions financières introduite par la déréglementation de l’activité de crédit.
Selon ses propres termes, c’est la première crise globale du néolibéralisme, elle affecte réellement le monde entier, aussi bien les pays développés, les pays émergents que les pays en voie de développement. Aucune région du monde n’est épargnée, aucun système économique, aucun secteur n’est ménagé. Ainsi, a-t-il précisé, il s’agit bien d’une crise typique du point de vue de son origine mais également singulière par son ampleur et sa magnitude.
Et pour cause, explique-t-il, tous les pays ne subissent pas les mêmes retombées d’après crise. Pour ce faire, il prend l’exemple des pays du Maghreb qui demeurent relativement à l’abri des impacts néfastes de la crise économique mondiale et n’ont pas été directement touchés.
Développer un espace économique commun
Pour lui, l’intégration économique du Maghreb au sein de l'espace euro- méditerranéen est vitale, mais ne doit pas le poussé à oublier le continent Afrique, les USA et l'Europe qui présentent l'un et l'autre des atouts et des potentialités pour la promotion d'activités diverses et cette expérience peut être un exemple de ce partenariat global. Un partenariat devenant l'axe privilégié du rééquilibrage du Sud, permettant par des actions concrètes de promouvoir la synergie de systèmes privés, politiques et administratifs, afin de développer une coopération pour un développement durable ente le Nord et le Sud.
M. Oualalou parle même d’assainissement des bases de la solidarisation d’intérêts en soulignant l’impératif de se fédérer et de solidariser les intérêts économiques sans plus tarder et de joindre les efforts des uns et des autres au service d’une convergence économique qui aura la primauté sur la convergence politique.
Et de renchérir qu’il existe aujourd’hui une volonté réelle des opérateurs économiques Maghrébins de vouloir développer un espace économiques commun, viable et solide, à l’heure ou le monde se regroupe en ensembles économiques régionaux. « Le Maghreb ne peut et ne doit en aucun cas rester en dehors de ces développements économiques », a-t-il avancé pour ajouter que la crise économique a induit des changements importants et profonds qui continueront certainement à influer sur l’économie mondiale pendant 50 ans encore.
Edifier un système économique équitable
Intervenant pour le compte de la deuxième moitié de la journée d’ouverture du symposium du RCD, ayant pour thématique principale : « pour un système économique global garantissant la stabilité internationale et l’égalité des chances entre tous les peuples », M. Mohamed Nouri Jouini, ministre du développement et de la coopération internationale a, pour sa part, axé sa communication sur les issues les plus sûres pour se prémunir et sortir de la crise.
Il a, dans ce sens, indiqué que face à cette crise qui a insufflé un sentiment d’urgence, les défis sont nombreux. Il s’agit notamment de stabiliser de façon pérenne le système financier international, de se doter d’un nouvel ordre monétaire, de transformer les systèmes de production et d’échange, d’adapter les modes de consommation aux capacités de reproduction de la biosphère, d’œuvrer pour une gouvernance mondiale qui soit à la hauteur des enjeux, et d’engager des transformations sans précédent pour faire de nos sociétés des sociétés justes et durables.
C’est là un résumé pour le moins bref des approches et actions préconisées par l’intervenant afin de prémunir les retombées négatives de la crise économique mondiale. Il s’agit également de profondes mutations qui, selon lui, prendront du temps car elles impliquent un renouvellement profond des concepts, des façons de penser et de faire l’économie.
Relever ces défis exige, pour lui aussi, un effort concerté, faisant appel à un partenariat solidaire mettant les forces des uns au profit des autres.
Bonne réactivité tunisienne face à la crise
Abordant le chapitre du Maghreb, M. Nouri Jouini a choisi, bien sur, de prendre l’exemple de la Tunisie qui, explique-t-il, est un petit pays avec un petit marché financier et donc ne se trouvant pas dans le champ direct de propagation de l’onde de la crise partie des U.S.A. Néanmoins, cela ne peut empêcher le fait qu’elle subisse quand même les effets indirects de la crise financière et économique mondiale.
Toutefois, la Tunisie a la chance d’avoir une gestion macroéconomique saine de son économie, avec un savant équilibre entre liberté d’action pour l’initiative privée et un rôle d’arbitre présent de l’Etat. En plus, les autorités tunisiennes ont eu la sagesse et l’inspiration d’engager pendant les dernières années plusieurs actions et réformes du système bancaire qui s’avèrent aujourd’hui forts utiles pour mieux résister à la crise.
La Tunisie a réussi, en effet, à endiguer les effets de la crise grâce à la vision prospective du Président Ben Ali, qui a pris les devants depuis août 2007, permettant de prévenir les effets de la crise financière sur l’économie nationale.
Le secteur financier et monétaire a toujours joué, dans ce contexte, un rôle très important dans le renforcement et le soutien de l’économie nationale.
Ceci a fait qu’en Tunisie, l’impact de cette méga crise n’est pas pour le moment très important et ce, grâce notamment à des fondamentaux sains et à un système bancaire réglementé.
Il faut dire que la situation financière de la Tunisie est différente à de nombreux égards. L'une des raisons en étant que les taux de prêt ne sont pas aussi élevés que dans d'autres pays.
Ceci dit, qu’une propagation de la crise mondiale à l'économie tunisienne est « théoriquement impossible », parce que les autorités financières nationales contrôlent les trois canaux par lesquels cette crise pourrait frapper la Tunisie : l'investissement en devises étrangères, le recours aux marchés financiers mondiaux, et l'investissement étranger sur les marchés des actions en Tunisie.
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