Tunisie: Disparition de Sofiane et Nadhir en Libye, un an après, l’incertitude demeure
Un an après la disparition des deux journalistes, Sofiane Chourabi et Nadhir Ketari, en Libye et en réponse à une proposition de neuf organisations nationales et internationales, le Président de la République Essebsi a déclaré le 8 septembre comme journée nationale pour la protection des journalistes.
Les organisations de défense des droits de l’homme appellent à présent à la mise en place d’une commission nationale pour faire la lumière sur la disparition des deux hommes.
A l’occasion du premier anniversaire de la disparition des deux journalistes, une conférence de presse organisée par des organisations nationales et internationales de défense de la liberté de la presse et de droits humains s’est tenue ce matin au siège du syndicat national des journalistes tunisiens.
L’événement avait pour objectif principal de réitérer la demande adressée au gouvernement de créer une commission mixte composée de membres du gouvernement, du Parlement et de la société civile. L’Assemblée des représentants du peuples (ARP) a d’ailleurs d’ores et déjà désigné un représentant pour cette commission.
Elles ont également demandé à l’ARP de questionner et d’auditionner tous les responsables dans cette affaire, et ce depuis la date de la disparition de Sofiane et Nadhir, et de rendre les conclusions de ces auditions publiques. Le rôle essentiel du juge d’instruction enquêtant sur cette affaire a été aussi souligné.
Les organisations présentes en ont profité pour exprimer leur satisfaction suite à l’accord donné par le président de la République, M. Beji Caied Essebssi, afin de faire du 8 septembre, une journée nationale pour la protection des journalistes, répondant ainsi favorablement à une proposition de la société civile.
Respectivement journaliste et caméraman pour la chaîne First TV, Sofiane Chourabi et Nadhir Ketari se sont rendus en Libye en septembre 2014 dans le cadre d’un reportage pour leur émission “Dossiyates”. Les deux journalistes ont été arrêtés une première fois dans la ville d’Ajdabiya le 3 septembre avant d’être relâchés le 6. Le soir même, Sofiane publiait sur twitter et facebook :« Merci à tous encore une fois. Je parlerai des détails quand je reviendrai en Tunisie. En attendant, je compte poursuivre ma mission de journaliste ».
Depuis le 8 septembre, les deux journalistes n’ont plus donné signe de vie et aucune revendication n’a été signalée jusqu’ici. Le chaos sécuritaire régnant en Libye depuis juillet 2014 a compliqué ostensiblement le travail d’enquête. L’absence d’une contrepartie gouvernementale claire et la multiplication des acteurs sur le terrain ont mené à la propagation de rumeurs et de déclarations jamais vérifiées. Parmi les plus inquiétantes : celle du 8 janvier 2015 annonçant l’exécution des deux Tunisiens sur un site internet présumé proche de la branche libyenne de l'organisation de l’Etat islamique (EI).
Le 29 avril 2015, c’est au tour d’un membre du ministère de la Justice du gouvernement de Tobrouk d’annoncer l’assassinat de sept journalistes, parmi lesquels Sofiane et Nadhir, par des membres de groupes armés. Cette déclaration officielle se basait sur l’aveu de cinq suspects récemment arrêtés par les autorités. Là encore, l’information n’a pas pu être vérifiée et la visite d’un juge d’instruction tunisien en Libye en mai n’a donné aucun résultat.
Une coalition civile pour la vérité sur Sofiane et Nadhir composée d’organisations nationales et internationales de défense de la liberté de la presse et des droits humains s’est alors créée en Tunisie afin de plaider auprès des autorités tunisiennes et des acteurs du processus transitionnel libyen la cause de Sofiane et Nadhir.
Reporters sans frontières