Tunisie: évasion de cinq dangereux prisonniers, cherchez les complices
L’évasion de cinq individus, emprisonnés pour leur implication dans des attaques «terroristes» et considérés comme «dangereux», de la prison de la Mornaguia, vient rappeler aux esprits les années noires du terrorisme qui avait frappé le pays au cours des années ayant suivi le 14 janvier 2011.
Des attaques ont fait, alors, des dizaines de morts parmi les forces de sécurité, la garde nationale, les militaires, les douaniers et les citoyens. Sans oublier les touristes au Bardo en mars 2015 et à Sousse en juin de la même année.
Selon certaine sources, on compte environ 2200 personnes emprisonnées en vertu de la loi antiterroriste de 2015, dont 160 condamnées pour avoir commis des actes terroristes sur le territoire tunisien, en plus d'une dizaine de djihadistes tunisiens, extradés et rapatriés en Tunisie.
Parmi les évadés figure, en effet, Ahmed Melki, 44 ans, surnommé «le Somalien», impliqué dans des assassinats de Chokri Belaid et de Mohamed Brahmi. Il a été condamné en 2017 à 24 ans de réclusion pour sa participation au meurtre le 6 février 2013 à Tunis de Belaïd. Cet assassinat, qui avait choqué l'opinion publique tunisienne, avait déclenché une grave crise politique qui avait obligé le mouvement Ennahdha, à céder le pouvoir.
L'enquête ouverte sur l'assassinat de Belaïd et sur celui le 25 juillet 2013 du député Mohamed Brahmi n'est toujours pas terminée 10 ans après les faits.
Compte tenu de la dangerosité des fugitifs, le ministère de l’intérieur a demandé toutes ses unités à «intensifier les recherches dans le but de les arrêter dans les plus brefs délais». Il a également publié leurs photos et leurs noms et appelé tous les citoyens à signaler à la police toute information pouvant permettre de les retrouver.
Toutefois, une telle évasion, la première dans les prisons tunisiennes, pose la question de la sécurité à l’intérieur et à l’extérieur des établissements pénitenciers. Car, la prison de la Mornaguia, par exemple, est bien sécurisée et bien gardée. Elle ne saurait se produire sans la complicité de certaines gens qui auraient facilité la fuite des détenus. L’enquête diligentée par le ministère de tutelle et confiée à une unité spécialisée dans la lutte contre le terrorisme devrait lever le voile sur cette évasion, déterminer les responsabilités et les complicités.
Deux représentants du ministère public relevant du Pôle antiterrorisme et du Tribunal de première instance de la Mannouba, accompagnés d'un juge d'instruction se sont rendus à la prison civile de la Mornaguia pour effectuer les auditions et les inspections nécessaires, relatives à cette affaire.
Votre commentaire