Tunisie: La dette publique pourrait dépasser 80% en 2021 et 100% à l’horizon 2024-2025
« La dette publique poursuit une trajectoire inquiétante qui peut devenir compromettante, puisqu’elle représente 77% du PIB à fin 2018 contre respectivement 70% à fin 2017 et 62% à fin 2016.
A ce rythme, conjugué à un niveau de croissance insuffisant à terme, la dette publique en % du PIB pourrait dépasser 80% en 2021 et avoisiner 100% à l’horizon 2024-2025 », c’est ce qu’on peut lire dans la lettre de conjoncture économique « Prospective, Veille et Recherche Economique » publiée par la BIAT.
Et c’est la conjugaison du niveau de la dette publique à sa structure singulière qui fait planer le risque majeur : en effet la proportion de 3/4, de cette dette, est extérieure ce qui est susceptible d’avoir des conséquences fâcheuses sur notre souveraineté financière mais aussi économique et budgétaire.
A moins d’être pragmatique, agile et proactif pour adresser puis redresser la situation, la complexification de l’issue serait de plus en plus inévitable. Dans son introduction du rapport annuel de la BCT, le Gouverneur a considéré que la question de la soutenabilité de la dette publique est sérieusement posée et que cette dernière a connu une envolée depuis 2011.
Selon a note en question, le taux de croissance au 2ème trimestre (1.2% en GA) est venu confirmer celui réalisé durant le 1er trimestre (1.1% en GA) : le 1er semestre s’achève donc avec un taux de croissance de 1.1% (versus respectivement 2.6% et 1.9% durant la même période en 2018 et 2017) annonciateur d’un atterrissage qui serait vraisemblablement en deçà de 2%, en net décalage par rapport à la prévision officielle de 3.1%.
La note a souligné en outre que malheureusement la contreperformance, qui est devenue durable dans le secteur industriel, a occulté les progressions enregistrées au niveau de la valeur ajoutée des services marchands qui a augmenté de 2.6% durant le 1er semestre (tirée par le tourisme +7.2%) et de celle de la valeur ajoutée de l’agriculture et pêche dont la reprise est nette durant le 2ème trimestre (+2.8% grâce à l’effet positif de la production céréalière qui va aussi impacter le 3ème trimestre).
In fine, quand la création de richesses est grippée, les autres leviers de politiques monétaire et budgétaire ne peuvent avoir qu’une portée limitée et s’orientent plus vers des actions de résolution des déficits et de l’inflation. Cette situation délicate présente un risque qui supplante tous les autres : celui qui pourrait guetter notre souveraineté financière.
B.R.
Votre commentaire