Tunisie - La récupération des biens pillés par Ben Ali, "un casse-tête chinois"

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"La récupération des biens pillés par les proches du président déchu et placés à l'étranger, nécessite une action politique d'envergure, à l'échelle internationale afin de venir à bout des multiples difficultés qui se présentent dans ce domaine", a affirmé samedi dernier, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari, qui préside la Commission nationale en charge de ce dossier.

Intervenant dans un séminaire sur «l'entreprise tunisienne face aux exigences de transparence et d'intégrité: quelles démarches et quelles solutions ?», M. Ayari, a précisé que "les procédures judiciaires engagées étant insuffisantes, une pression politique doit être exercée à cette fin ".

Cette pression, a-t-il dit, doit cibler les pays «frères et amis», où se trouvent ces biens ainsi que les organisations internationales, telles que les Nations-Unies et l'Union africaine, en vue de favoriser l'adoption de résolutions permettant à la Tunisie à récupérer ses avoirs.

Le gouverneur a évoqué l'importance d'une coopération régionale dans ce domaine, notamment avec les autres pays du « printemps arabe» essentiellement, la Libye et l'Egypte.

"Lors des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui se sont tenues du 9 au 14 octobre, à Tokyo, les pays du G8 concernés par la réussite de la transition en Tunisie, ont exprimé leur disposition à nous venir en aide, c'est donc à ce niveau que la pression doit être exercée".

La récupération des biens pillés par les proches de l'ancien président, Ben Ali, est devenue «un casse-tête chinois» aux dires du gouverneur de la BCT. "Il s'agit d'un problème de corruption moderne complexe compte tenu de plusieurs facteurs et notamment, l'émergence de plusieurs instruments d'épargne et d'investissement virtuels et le niveau de sophistication des fonds pillés (sociétés écrans sur des marchés financiers développés). Ceci fait de leur repérage et suivi, une tâche très difficile et même, parfois, impossible".

Il a évoqué "la multiplicité des intermédiaires dans ce domaine et les rémunérations coûteuses qu'ils exigent (commissions et rétrocommissions)".

La Tunisie doit faire face à d'autres formes de corruption, a-t-il ajouté, dont le «détournement des lois », à l'instar de la loi sur les entreprises en difficulté (1995) qui a permis à certaines entreprises non éligibles, de bénéficier de l'abandon de leurs dettes auprès de certaines banques publiques, d'un rééchelonnement de la dette ou encore de la privatisation.

Ce séminaire a été organisé par l'Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) et le bureau régional de «Global infrastructure

Anti-corruption Centre» que dirige Kamel Ayadi, ancien secrétaire d'Etat à l'équipement, sous Ben Ali.

M. Ayadi, qui préside également, la "Commission permanente pour la lutte contre la corruption" a évoqué "une opinion publique choquée par le niveau de la corruption découvert après le 14 janvier 2011 et une forte médiatisation des affaires de corruption avec une plus grande instrumentalisation de cette thématique non seulement pour lutter contre ce phénomène mais également comme instrument de vengeance, de diabolisation et de règlement de comptes politiques et autres". Cette orientation est "malheureusement de nature à ralentir la prise de conscience et partant les efforts de lutte contre la corruption".

TAP