Tunisie : L’augmentation du prix du baril de pétrole enfoncera le clou
Par Amine Ben Gamra
Les prix du pétrole ont bondi récemment au lendemain de l’annonce choc, par des membres de l’organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+), d’une réduction drastique dès mai de leur production, dans le but de faire remonter les cours après la récente chute.
Ces coupes montrent que l’Opep+ fera tout pour défendre un prix plancher bien supérieur à 80 dollars le baril, sans se soucier de l’inflation galopante.
La perspective de franches réductions a aussitôt fait remonter les cours, d’autant plus qu’elle s’inscrit dans un contexte de forte demande avec la réouverture économique de la Chine, premier importateur mondial de pétrole brut.
Cet été, le brent montera jusqu’à 110 dollars.Ce reflux tendanciel attendu des prix de l’énergie (pétrole, gaz, etc.) devrait progressivement peser sur l’inflation touchant les aliments… et donc l'inflation globale et les taux directeur.
Il est à rappeler que le gouvernement tunisien a décrété une augmentation des prix du carburant à cinq reprises au cours de l’année 2022, dont la dernière en date, remonte au mois de novembre 2022.Le ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines avait expliqué ces augmentations par les perturbations enregistrées sur le marché énergétique mondial, notamment en termes de régression de l’offre et du coût élevé des produits pétroliers.
A cet égard, le gouvernement prévoit dans le cadre de la réforme du système de subvention de carburants, d’abandonner les subventions pour trois types de carburants d’ici fin 2023, afin qu’ils atteignent leurs prix réels, tout en optant à l’ajustement automatique des prix, en cas de nécessité.L’ajustement des prix du carburant et l’abandon progressif des subventions constituent l’une des réformes importantes exigée par le Fonds monétaire international (FMI), pour la conclusion d’un accord de financement, au profit de la Tunisie.
Il est à noter que le budget de l’Etat pour l’année 2023 a été élaboré sur la base d’un nombre d’hypothèses, notamment le prix moyen du baril de pétrole au niveau de 89 dollars, et qu’une augmentation d’un dollar du prix du baril de pétrole représente un surcoût de 142 millions de dinars (MD) pour le budget de l’Etat.
Dans une économie qui reste convalescente, la capacité d'absorber un choc pétrolier est très limitée, même un choc de faible ampleur. L’augmentation des prix du pétrole va ajouter de nouvelles pressions sur le budget du pays, rendant la résolution du problème des subventions à l’énergie plus urgente que jamais.
Le développement des énergies renouvelables réduira la dépendance aux combustibles fossiles importés et renforcera la sécurité énergétique. Ainsi, il faut chercher à accroître les investissements dans ce secteur dans le cadre d’une stratégie de diversification du bouquet énergétique, jusque-là dominé par la STEG qui est à l’origine de 90% de la capacité de production. Nous avons aussi des gisements en mer que nous devons exploiter et prendre le courage de les développer, mais ce sont des projets extrêmement coûteux.
Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie
Votre commentaire