Tunisie : Le coup de semonce de Mongi Rahoui et le risque de fissure du FP

Tunisie : Le coup de semonce de Mongi Rahoui et le risque de fissure du FP

 

Les dernières déclarations du député Mongi Rahoui ne seront pas sans lendemains. Connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche, il est, cette fois- ci, allé loin, très loin même en attaquant publiquement l'inamovible Hamma Hammami et le Front populaire auquel il appartient. Déçu de ne pas avoir été écouté par « les camarades » concernant les rapports avec le chef du gouvernement Youssef Chahed, lui qui est allé le rencontrer contre l’avis du FP, Mongi Rahoui n’en démord pas face à cet entêtement  et au rejet de toute proposition aussi  intéressante soit-elle. Le cramponnement dans une opposition sans concession, serait contre productif, notamment par ce temps de crise qui nécessite « l’union sacrée » pour sauver le pays.   

Jeudi 8 septembre, sur Mosaïque-FM, Mongi Rahoui n’est pas allé par le dos de la cuillère. Le Front populaire n’est pas un mouvement démocratique, dit-il en espérant qu’il le deviendra un jour en prenant exemple sur le Watad( le parti des patriotes démocrates unifié) qui lui l’est devenu. Pour lui un parti démocratique, c’est la formation dont on ne sait pas sur quels résultats son congrès va s’achever, pas même les personnes qui vont être élues ou pas, alors que l’on sait d’avance lors des assises du Front populaire sur quoi elles  vont aboutir avant même qu’elles ne commencent.

Mongi Rahoui ne s’arrête pas en son bon chemin. Il est particulièrement critique envers le porte-parole du Front populaire. « Le discours du camarade Hamma (Hammami) n’est plus convaincant, il a besoin de se reposer, tout le capital qu’il a engrangé aux dernières élections présidentielles, il l’a dilapidé » dit-il sans ciller. Les 250 mille voix qu’il a obtenues à ce scrutin sont parties dans la nature, dit-il.  Le Front populaire est isolé sur l’échiquier politique, ce n’est ni son intérêt  ni celui du pays, ajoute-t-il. Mais sa critique virulente ne veut pas dire qu’il a l’intention de quitter la Jebha. « J’y suis bien, j’y reste », dit-il.

L’objet de son courroux, c’est le négativisme  du Front populaire. Dire non avant même d’avoir réfléchi à la position qu’on doit prendre. Mongi Rahoui n’a pas admis la position prise par la Jebha contre l’initiative de gouvernement d’union nationale et surtout d’avoir refusé de rencontrer  Youssef Chahed lors de la formation de ce gouvernement. Pour lui,  la situation extrêmement difficile dans laquelle se trouve le pays aurait commandé une attitude plus positive. « Qu’aurait-on perdu si on l’avait écouté ». C’est ce qui explique  son vote à la séance d’investiture à l’ARP. Par son abstention, il entend ne pas donner sa confiance au gouvernement, ce qui ne va pas l’empêcher de le soutenir lorsqu’il prend les bonnes décisions. Ce vote, il l’a fait en conscience et en toute responsabilité, a-t-il dit quand on lui fait remarquer qu’il avait pris le contrepied de ses camarades députés du FP qui comme un seul homme ont refusé d’accorder leur confiance à Youssef Chahed et à son gouvernement..

Tout en étant critique envers le FP, Mongi Rahoui n’a pas tari d’éloges sur Youssef Chahed qu’il connait depuis 2011 lorsque ce dernier a entamé la constitution de sa première formation, la Voie du Centre. « Il a  des qualités certaines, il est jeune, il est sérieux et il est probe » dit-il.

Revenant sur l’offre qui lui a été faite de faire partie du gouvernement, il a reconnu que Youssef Chahed lui a proposé de lui présenter trois portefeuilles parmi lesquels il choisirait celui qu’il allait lui confier. Mais cela n’est pas allé plus loin, démentant au passage qu’il eut exigé le ministère des Finances comme le bruit en avait couru.

Votre commentaire