Tunisie: le secteur de l'agriculture en pleine croissance selon OBG

La Tunisie cherche à accroître son secteur agricole, y compris le domaine de l'agriculture biologique, dans le

cadre d'un programme visant à améliorer la sécurité alimentaire domestique, à augmenter les revenus ruraux et à développer davantage un commerce d'exportation de produits agricoles déjà fructueux

L'agriculture est l'un des piliers de léconomie tunisienne et a contribué à 23% du produit intérieur brut (PIB) en 2009, selon les chiffres publiés à la fin du mois de janvier par le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche. Alors que l'ensemble de léconomie a affiché une croissance de 3.1% au cours des douze derniers mois, on estime que le taux de croissance du secteur agricole a, quant à lui, doublé pour atteindre les 6%, malgré une légère chute de la valeur de la production oléicole

Un des éléments clés de la jeune croissance agricole est le secteur de l'agriculture biologique, un modèle d'agriculture qui repose sur la rotation des cultures, les agents de lutte biologique, le non-recours ou le recours très limité aux engrais synthétiques et aux pesticides. Le gouvernement a reconnu que le domaine de l'agriculture biologique disposait d'un fort potentiel en matière d'exportation. Ainsi, dans le cadre de ses efforts visant à se faire une place sur le marché lucratif international des produits alimentaires biologiques, la Tunisie n'a cessé d'augmenter au cours des dix dernières années la superficie de terres agricoles cultivées selon des méthodes naturelles approuvées

Ainsi, la Tunisie est devenue un acteur clé de l'agriculture biologique et se situe au deuxième rang à léchelle africaine et à la 24e place au classement mondial en matière de production biologique - un secteur qui devrait continuer de progresser. Au cours des dernières années, la production de semences biologiques a connu une forte augmentation, passant de tout juste 9 000 tonnes en 2002 à 170 000 tonnes en 2008. Les recettes provenant des exportations ont également monté en flèche, atteignant les 33.5 millions d'euros, contre 1.7 million en 2003

Cette augmentation de la production va de pair avec la hausse du nombre de terres cultivées : le nombre d'hectares cultivés est passé dà peine 300 en 1999 à 285 000 en 2009. Dans le cadre du programme présidentiel pour 2009-2014, le dernier plan de développement quinquennal mis en place pour le gouvernement, ce chiffre devrait augmenter de plus de 40. Ainsi, la culture de produits biologiques devrait sétendre sur 500 000 hectares d'ici léchéance du programme

Le secteur de l'agriculture biologique couvre un vaste éventail de produits en expansion : 115 000 hectares sont actuellement consacrés à la culture d'oliviers, 600 autres hectares aux arbres fruitiers biologiques - l'arboriculture est un domaine similaire utilisé au profit de la culture de plantes aromatiques et médicinales - et 100 hectares supplémentaires servent à la culture de palmiers. En outre, les 163 000 hectares cultivés restants sont réservés à la forêt et à la culture céréalière

Parallèlement aux efforts déployés sur le terrain, des mesures ont été prises afin de renforcer la commercialisation des produits tunisiens. Ainsi, en vue de mieux promouvoir ses produits alimentaires biologiques en Tunisie et à létranger, l'Agence de promotion des investissements agricoles (APIA) a recommandé la conception d'une étiquette de marque tunisienne afin d'offrir un profit international aux produits du royaume

Conformément à la proposition de l'APIA, une cinquantaine de produits arboreraient une étiquette de marque tunisienne, au cours d'une période de trois ans, soit un gage de qualité pour les acheteurs étrangers, peut-on lire dans un récent rapport publié par l'agence

Les chiffres avancés par l'APIA démontrent que les investissements au profit du secteur ont accru l'année dernière : 204 millions d'euros ont été injectés dans l'industrie, soit une augmentation de 12.6% par rapport aux dépenses enregistrées en 2008. Bien que certains des investissements aient profité aux nouveaux équipements, à l'amélioration des terres et à la formation, des investissements considérables ont été consentis afin de promouvoir l'approvisionnement en eau, l'un des éléments les plus élémentaires de l'agriculture

Ainsi, dans le cadre de cette démarche, le gouvernement a redoublé d'efforts afin d'améliorer les services d'irrigation. Compte tenu des précipitations relativement faibles dans certaines régions et des sécheresses qui perturbent parfois la production, le Président Zine El Abidine Ben Ali a ordonné détendre le système d'irrigation du pays et de renforcer la protection des ressources en eau.

Actuellement, la Tunisie compte quelque 405 000 hectares de terres cultivées, dont la plupart sont dédiés à l'agriculture biologique. Un rapport rédigé par l'agence de presse d'Etat a mis la lumière sur la valeur ajoutée de l'irrigation des terres et de la meilleure utilisation des ressources. En effet, le rapport a démontré que bien que les terres irriguées ne représentaient que 8% de l'ensemble des terres utilisées pour l'agriculture céréalière, la culture irriguée contribuait à 37% de la production agricole, à 10% des exportations et à 27% des emplois de l'industrie

Parmi les mesures prises afin d'améliorer les meilleures pratiques en matière d'irrigation figurent les subventions versées par l'Etat aux régions qui adoptent l'irrigation au goutte-à-goutte, un système permettant de réaliser des économies d'eau. Un autre programme est à létude et consisterait à recycler les eaux usées des zones urbaines au profit du secteur agricole. Ces projets et autres devraient à la fois encourager un plus vaste usage de l'irrigation et susciter un intérêt accru pour l'agriculture biologique, qui correspond bien à de telles méthodes

Si les efforts déployés par le gouvernement permettent de garantir un approvisionnement en eau pour l'agriculture, alors les bénéfices pourraient être considérables. Les clients, notamment ceux des principaux marchés tunisiens en Europe, devenant de plus en plus sensibles aux questions telles que la présence d'additifs, de conservateurs et de produits chimiques dans les aliments, l'agriculture biologique représente un secteur de grande valeur en pleine croissance face auquel la Tunisie semble être bien placée pour tirer de nombreux profits.

source: Oxford Business Group