Tunisie: Les temps sont durs, mais on s'en sortira !
Nous rédigeons cet essai alors que les « Politiques » et les « Experts » se plaisent à annoncer l’apocalypse à longueur d’articles de presse et d’interviews télévisées…ce qui ne sert aucunement les intérêts du pays ni son image…
Le gouvernement provisoire n'a pas fait mystère des difficultés qui attendent le pays…mais gardons toujours la foi...c’est ce qui nous reste ! Mais, ces discours engendreraient des frustrations et des tensions à côté desquelles les difficultés du pays sembleront joyeuses.
Déficits et Dettes : Et Alors !
Le déficit budgétaire aurait atteint les 6.8% en 2013, et risque de s’aggraver en 2014, bien que la BCT table sur une réduction à 5.7 % en ayant recours aux emprunts, abstraction faite de la dette, dans une conjoncture économique mondiale des plus difficiles. En rappelant que le seuil admissible internationalement est de 3% du PIB.
ANNEE DEFICIT BUGETAIRE * DETTE PUBLIQUE *
2010 2.5 % 40.4 %
2011 7.3 % 43.9 %
2012 5.1 % 44.0 %
2013 6.8 % 45.5 %
2014
5.7 % ** 49.0 % **
(*) En % du PIB.
(**) Prévu.
La dette publique va crescendo, alors que le déficit public fluctue au gré des prêts contractés auprès de certains bailleurs de fonds et des aides consenties par certains Etats mécènes non désintéressés.
En rappelant que les dettes extérieures s’élèvent à plus 45 000 Millions TND fin 2013. À la vue de la crise économique sévissant en Europe et qui ne ferait qu’empirer avec le conflit de l’Ukraine, on doit appréhender des temps difficiles.
S’en sortir : Des Idées.
J’avais succinctement présenté, dans de précédents articles, quelques idées simples à développer, il s'agit d'actions ponctuelles et ciblées, pouvant évoluer en des politiques structurelles :
1.Renégocier vers la hausse les revenus provenant des grandes concessions d’exploitation (Énergie, Transport, Agriculture, etc..) accordées à des multinationales étrangères, voire en nationaliser les filiales qui vampirisent le pays.
2.Émettre des Bons du Trésor, à la limite peu ou non rémunérés (Patriotisme oblige), comme il a été fait au début de l’indépendance, voire lancer des emprunts obligataires garantis par l’État pour limiter le recours aux crédits et les emprunts de l’étranger. Le citoyen serait ainsi partenaire de l’État et non un simple comparse.
3.Négocier et Arrêter un programme d’austérité en concertation avec tous les partenaires sociaux et économiques. Avec, en option, le faire adopter par VOIE RÉFÉRENDAIRE pour s’assurer l’adhésion de la majorité des tunisiens : Un bon exercice de démocratie directe.
Car une telle mesure décidée par Oukase, risque, d’être fortement contestée et par l’opinion publique et les organisations syndicales qui risquent de batailler ferme contre l’idée, sur fond de montée accablante du chômage et d’inflation galopante.
4.Développer un système de fiscalité juste et équitable, voire régionalisé, où le riche paie pour le pauvre, pour renflouer les caisses de l’État et réduire les différences entre les régions.
5.Réduire les importations de produits de luxe, et particulièrement les automobiles, les produits alimentaires et de beauté pour favoriser les placements dans les marchés financiers étrangers.
Ironiquement, en 2013, l’État a permis aux concessionnaires automobiles d’importer des véhicules neufs pour un quota de 45 000 véhicules, d’une valeur globale avoisinant les 1 400 MILLIONS TND.
SOIT PRESQUE 60% DU PRÊT DE 1 740 MILLIONS USD ACCORDÉS PAR LE FMI AVEC DES CONDITIONS DRACONIENNES QUI METTENT EN PÉRIL NOTRE SOUVERAINETÉ :
•La réduction des interventions de la caisse de compensation.
•La recapitalisation des banques.
•Un engagement dans le processus de privatisation !
Une partie de ces montants pharaoniques en devises, placés dans des marchés financiers, pourraient rapporter à l’État des dizaines de millions de TND ANNUELLEMENT !
Acheter de l’Or : Une Alternative à Considérer !
Compte tenu de la conjoncture économique exceptionnellement difficile que traverse le pays, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a exhorté, en Mars 2014, les bijoutiers tunisiens à faire preuve de professionnalisme et de réalisme et à honorer leurs engagements.
L’institut d’émission a souligné que plusieurs réunions ont été organisées avec les bijoutiers, lesquelles ont été couronnées par trois accords.
Ces accords permettraient la simplification des procédures d’achat et de vente de l’or, de fixer les prix en se référant aux cours mondiaux de l’or et de recourir à l’importation en cas de besoin.
La BCT envisagerait d’encourager les tunisiens à déposer une partie de l’or physique qu’ils conservent chez eux dans les banques, pour aider à financer les projets et éviter les prêts des bailleurs de fonds et surtout stabiliser la monnaie nationale et dépendre moins du dollars US et de l’Euro européen.
…Car déposer son or à la banque signifierait que cet or sera éventuellement revendu en bourse…
Dans une course effrénée (voir ici-bas) pour acheter de l’or, les cours vont croissants, et la Tunisie pourrait en revendre au prix fort et ainsi s’autofinancer, sans toutefois la nécessité de le déplacer !
SELON DES SOURCES FIABLES, EN AOUT 2011, LA BCT DÉTIENDRAIT 6.8 TONNES DE CE PRÉCIEUX MÉTAL. SI LES BANQUES DÉTIENNENT UNE MOYENNE DE 10% DE L’OR DU PAYS, LA QUANTITÉ DE L’OR QUE DÉTIENDRAIENT PHYSIQUEMENT LES TUNISIENS SERAIT DE L’ORDRE DE 68 TONNES…DES CENTAINES DE MLILLIARDS !!!
La réserve fédérale des USA détient plus de 8 000 tonnes d’or soit la plus grande part des réserves d’or mondiales estimées à 30 000 tonnes.
La Federal Bank est suivie par la Banque Centrale d'Allemagne, du FMI et de la Banque de France.
Mais vu la conjoncture actuelle, la Chine pourrait devancer les USA et devenir d’ici quelques années le plus grand détenteur d’or dans le monde : Une puissante arme stratégique pour lutter contre l’hégémonie du Dollars US (voir ici-bas).
La Guerre de l’Or : Emboiter le Pas aux Grands
La Banque de France, équivalent de notre BCT, songerait à reprendre son activité de prêt d’or.
Bien que : « …les objectifs de la banque, sur le marché de l’or, sont tout simplement l’allocation d’actifs en devises étrangères et les profits ordinaires pouvant être réalisés sur des transactions, plutôt que d’intervenir sur les marchés des devises ou de l’or… » lit-on dans un journal français spécialisé
…Les risques liés à l’eurozone et à l’endettement des pays européens devraient continuer d’attirer les investisseurs sur le métal jaune….
En Juillet 2013, la Russie, Turquie et la France sont parmi les 15 banques centrales qui ont acheté de l’or. Depuis la crise financière de 2008, certain pays croient au paradigme « Celui qui possède l'or fait la loi ».
Ainsi la Chine et la Russie se sont lancées dans une course effrénée pour remplir leurs réserves en or. La guerre de l’or que se livrent l’Est et l’Ouest est lancée.
Depuis la conférence de Bretton Woods en 1944, les USA font tout pour décourager les pays à détenir de l’or comme réserves monétaires et les pousser à choisir le USD, alors que ces mêmes USA gardent 71.7% de leurs réserves de change en or et sont le deuxième plus gros détenteur de réserves d'or au monde depuis la création de l’Union européenne.
En effet, les USA craignent une crise majeure dans le système monétaire international, qui causerait une vente massive du dollar US, et conséquemment une baisse aussi massive de son taux de change : Un pari que s’était donné la Chine !
Une accélération des achats d’or par les banques centrales et fonds souverains est à prévoir. La Tunisie doit s’y préparer.
Ceci va entraîner une hausse rapide du prix de l’or. L’EURO en crise, cette hausse ne s’arrêtera qu’avec l’arrivée d’un nouveau système monétaire international…cette guerre de l’or entre les banques centrales poussera le prix de l’or à des niveaux dépassant le seuil des 5 000 USD l’once (ca. 33 grammes).
D’où l’encouragement de la BCT aux bijoutiers d’importer de l’or et dans une phase ultérieure encourager le citoyen d’en acheter et d’en déposer une partie dans les coffres de la banque pour le revendre au besoin et au prix fort.
Aux centaines d’économistes et d’experts de la fiscalité et des finances, que compte la Tunisie, de peaufiner ces idées et d’explorer une myriade d’autres solutions, au lieu d’endetter à tort ou à raison le pays, d’hypothéquer l’avenir de nos enfants et d’appauvrir le bon père de famille.
Dr Farouk Ben Ammar