Tunisie : Lotfi Touati, nouveau directeur général de Dar Assabah
Le parcours de Lotfi Touati, qui vient d’être désigné directeur général de Dar Assabah à la place de Kamel Sammari (qui a géré la boîte en tant qu' administrateur judiciaire) est révélateur de la victoire de la patience et de la persévérance.
Né dans une famille modeste, il a effectué des études primaires et secondaires sans embûches à l’issue desquelles il a décroché son bac lettres. C’était en 1973. C’est l’année de la création de l’Institut de presse réunissant ainsi une pléiade d’étudiants qui ont opté pour cette nouvelle branche d’études supérieures inédite à cette époque en Tunisie.
Après avoir obtenu la maitrise en journalisme et en sciences de l’information, il a cumulé la fonction d’assistant délégué au sein même de cette institution et de journaliste reporter au sein du journal « L’Action ». La maitrise en poche, il poursuivit ses études à Bordeaux où il obtient un diplôme d’Etudes approfondies en journalisme et en sciences de l’information et de la communication.
Le hasard a voulu qu’il rencontre un jour l’un de ses camarades de promotion à l’IPSI, qui a intégré le ministère de l’Intérieur en tant que commissaire de police après une formation d’une année en France. Il l’a encouragé à opter pour cette branche d’autant plus qu’à l’époque les perspectives du journalisme n’étaient pas prometteuses. Chose faite, il laisse tout tomber pour entamer une expérience différente. Après une formation d’une année à l’école de Saint-Cyr au Mont d ‘or à Lyon, il décroche le diplôme de commissaire de police. C’est ainsi qu’il commença, à son retour en Tunisie, une malheureuse expérience avec le Général Zine El Abidine Ben Ali qui était son chef hiérarchique. Le courant ne passait pas du tout entre les deux protagonistes....
Et les problèmes de plus en plus graves s’accumulèrent.. Le Général lâcha ses fidèles à ses trousses qui suivaient ses mouvements jour et nuit. Les questionnaires s’ensuivirent. Un jour, il a été interrogé par procès-verbal par l’inspection de la police pour avoir dévoilé une affaire de détournement public. Comme il était abasourdi devant une telle attitude, le commissaire central de l’époque lui dit « qui vous dit que nous voulons dévoiler cette affaire ?».
Lotfi TOUATI comprit que son avenir n’est pas dans ce milieu et commença à réfléchir pour présenter sa démission. Quelques jours après, l’équipe de Ben Ali monta une affaire de toutes pièces en contraignant un citoyen à téléphoner à Lotfi TOUATI pour le rencontrer pour affaire très urgente. C'est chose faite dans un hôtel de la place. Après quelques minutes de discussion, le citoyen laisse une enveloppe fermée et part en toute précipitation. Elle contenait des billets de banque qui ont été préalablement photocopiés. Ben Ali lui demande via un inspecteur de police de démissionner tout de suite. Refus catégorique de Lotfi TOUATI. C’est ainsi que les procédures d’une affaire, bien ficelée, en bonne et due forme est transmise devant la justice le 3 octobre 1981 et qui a prononcé une condamnation contre ce jeune de 28 ans à l’époque.
La période d’arrestation a permis à ce jeune de 28 ans de se redécouvrir et de choisir sa voie.
Cette traversée du désert n’a pas découragé Lotfi TOUATI qui a pris son courage à deux mains pour refaire sa vie et replonger dans l’univers du journalisme, sa vocation initiale. C’est ainsi qu’il a repris avec Dar Anwar en tant que rédacteur reporter et de promotion en promotion il atteint le grade de rédacteur en chef.
Il a participé à plusieurs sessions de formation et de recyclage en Tunisie et dans plusieurs pays dont les Etats-Unis, le Canada dans le cadre des échanges culturels et en Belgique, à Paris, à Rabat, à Beyrouth, à Oman, à Bakou, à Bucarest, à Amsterdam dans le cadre des programmes de formation de l’Union européenne.
Il a également participé à une série de stages au CAPJC, sur l’art d’être lu, la presse économique, les élections. Tous ces stages et formations lui ont permis de suivre l’évolution des genres journalistiques dans le monde et d’être au diapason des nouveautés dans le monde dans le domaine journalistique. Il a été sollicité par l’Université arabe des sciences et par l’Institut de presse et des sciences de l’information pour donner une série de cours sur les techniques de l’écriture journalistique et la communication d’entreprise, mission qu’il continue à accomplir jusqu’à maintenant.