Tunisie: Mohamed Ghannouchi ouvre le forum des hommes d'affaires maghrébins

Le deuxième forum des hommes d'affaires maghrébins s'est ouvert, lundi, au siège de l'UTICA à Tunis, sous la

présidence de M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre et se poursuivra jusqu'à mardi.

Placé sous le haut patronage du Président Zine El Abidine Ben Ali, ce forum est organisé par l'Union Maghrébine des employeurs (UME), l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) et le groupe "Iktissad wa Aamal" avec la participation d'environ mille hommes d'affaires maghrébins, de plusieurs hauts responsables maghrébins, des présidents de centrales patronales et de représentants de plusieurs organisations nationales et régionales.

M. Mohamed Ghannouchi a mis en exergue, à cette occasion, les prémices d'une dynamique enregistrée dans l'action maghrébine commune, comme en témoignent la succession des rencontres ministérielles et sectorielles ainsi que les manifestations économiques et commerciales organisées dans les différents pays maghrébins.
Toutefois, les avancées enregistrées, a-t-il relevé, restent en deçà des ambitions et des objectifs fixés.
Le Premier ministre a précisé que malgré les efforts déployés pour impulser les échanges commerciaux entre les pays maghrébins, les résultats demeurent modestes et en deçà des opportunités et capacités existantes.


Les échanges commerciaux entre les pays maghrébins modestes et en deçà des opportunités et capacités existantes

A titre indicatif, les échanges entre les pays maghrébins ne dépassent pas les 3 pc de leurs échanges avec l'extérieur alors que ce taux atteint 70 pc avec les pays de l'Union Européenne.

De même, les investissements mixtes demeurent limités malgré une certaine amélioration due à l'augmentation du nombre des projets réalisés en commun, notamment dans les domaines de l'industrie, de l'agriculture et des services, a-t-il indiqué, avant de relever que le poids économique des pays maghrébins reste, en l'absence de complémentarité et d'intégration, en deçà des opportunités et capacités des pays de la région.

Le Premier ministre a souligné que l'intégration économique des pays maghrébins permet, selon les rapports des experts, d'accroître de 2 pc le taux de croissance du PIB et d'attirer près de 3 milliards de dollars d'investissements directs étrangers par an, de manière à créer un nombre additionnel important d'emplois surtout que le nombre de chômeurs dépasse actuellement, dans la région maghrébine, les 3 millions de personnes (plus de 12 pc de la population active).

M. Ghannouchi a précisé que l'intégration régionale est possible tant elle est favorisée par l'adoption par tous les pays maghrébins de l'économie du marché, basée sur l'ouverture et l'intégration au processus de mondialisation.

Il s'est félicité de la tendance de plusieurs entreprises maghrébines à intensifier leurs investissements dans la région, soulignant les efforts déployés par la Tunisie aux fins de renforcer cette orientation, d'attirer les investissements maghrébins et de faciliter l'investissement des entreprises tunisiennes dans les pays de l'UMA.


Favoriser la mise en place d'une zone de libre échange maghrébine et réduire le volume du commerce parallèle

Le rôle des gouvernements, a-t-il poursuivi, est essentiel dans le renforcement de cette orientation pour éviter d'entraver les initiatives lancées par les promoteurs et les opérateurs économiques, faciliter les procédures douanières, harmoniser les normes et la reconnaissance réciproque des certificats de conformité et accélérer le démantèlement des droits de douane de manière à favoriser la mise en place d'une zone de libre échange maghrébine et de réduire le volume du commerce parallèle.

Le Premier ministre a mis l'accent sur le rôle de l'infrastructure de base dans la dynamisation des échanges à tous les niveaux, évoquant les effets bénéfiques de la réalisation de grands projets d'infrastructure dans les pays maghrébins.

Il a exprimé, à cet égard, l'espoir de voir le rythme de la réalisation de l'autoroute maghrébine, s'accélérer, précisant que la Tunisie a entamé la réalisation du tronçon relevant de son territoire outre la mise à niveau du réseau ferroviaire et son parachèvement et la réalisation du câble maghrébin des télécommunications et de l'interconnexion électrique entre les pays de l'union.

M. Ghannouchi a affirmé que la mise en place de la Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieur (BMICE) constitue un mécanisme nécessaire pour le financement des projets mixtes, la facilitation du transfert des capitaux et le développement des échanges commerciaux, exprimant la volonté de voir l'activité de cette banque démarrer dans les plus brefs délais.

Ce forum, a-t-il avancé, constitue une opportunité pour développer les relations de coopération et de partenariat dans des secteurs vitaux à l'instar des énergies renouvelables, des industries pharmaceutiques, des technologies de l'information et de la communication (TIC) ainsi que dans le domaine de la recherche scientifique et de l'innovation technologique.

Le Premier ministre a appelé à la nécessité d'approfondir l'étude pour la création d'un fonds maghrébin mixte destiné à participer aux capitaux des projets innovants et à valoriser les brevets.


Assurer le suivi de la création d'un label économique maghrébin

Il a aussi recommandé d'assurer le suivi de la création d'un label économique maghrébin devant être accordé aux produits de sociétés mixtes outre l'adoption de règles d'origine pour les pays maghrébins et la création d'une banque de données maghrébine pour la collecte des statistiques, des données économiques et des risques de changes sur le plan maghrébin.

Il s'agit de faciliter les opérations de transfert de devises directement entre les pays de la régions sans avoir recours aux devises étrangères.

M. Ibrahim Hafedh El Omrani, président de l'Union Maghrébine des Employeurs a mis l'accent sur les potentialités que recèle la région maghrébine qui s'étend sur 6 millions de km2 et compte plus de 85 millions de personnes, nombre qui sera porté à cent millions au cours des prochaines années.

Il a indiqué que la complémentarité économique maghrébine permettra de réaliser des projets de grande envergure, répondant aux besoins d'un marché commun et favorisant une réduction des coûts de production.

Il a plaidé pour la création d'entreprises maghrébines de travaux publics et d'infrastructure, pour l'établissement de liaisons diverses (terrestre, ferroviaire, maritime) et pour la mise en place de moyens de communication modernes, le but étant de renforcer l'intégration entre les différents pays de l'UMA.

Le président de l'UME a aussi préconisé la création de grandes sociétés maghrébines dans l'agriculture et l'agroalimentaire, outre, le développement des échanges commerciaux entre tous les pays de l'UMA. Il a noté, à ce niveau, une évolution significative des échanges entre la Tunisie, la Libye et l'Algérie.

M. Hédi Djilani, président de l'UTICA, a indiqué, dans son intervention, que les différentes études révèlent un manque à gagner en matière de croissance, représentant une perte de plus de 200 mille emplois par an.

Il a relevé la nécessité de conjuguer les efforts et d'accélérer la mise en place d'un groupement économique du Maghreb arabe pour faire face à l'émergence, ces dernières années, à de nouveaux groupements économiques.

Il a souligné que les entreprises du Maghreb sont incapables dans la plupart des cas, de lutter contre la concurrence féroce des groupes économiques mondiaux, en ce qui concerne la conquête des marchés extérieurs ou de proximité et même parfois au niveau de leurs marchés intérieurs. D'où la nécessité, a-t-il poursuivi, de multiplier les efforts en vue de la réalisation de la complémentarité maghrébine et de la création du marché maghrébin commun.

M. Habib Ben Yahia, secrétaire général de l'UMA, a appelé à la promotion de la coopération économique maghrébine notamment au niveau du secteur privé. Il s'agit d'inciter les opérateurs économiques à accroître leur capacité de production et instaurer un partenariat maghrébin favorisant l'intégration des économies de l'UMA.

Une étude réalisée par le secrétariat général de l'UMA a montré que la création d'un groupement économique maghrébin constitue une opportunité pour résoudre de façon collective, les problèmes générés par le chômage, en abaissant son taux de 1 pc mais aussi, et par l'exiguïté du marché.

Il a évoqué des projets d'études sur l'harmonisation des législations des pays de l'UMA et le système d'arbitrage maghrébin.

source: T.A.P