Tunisie : scandale social autour de la fermeture de STRATIS Worldwide à Sfax

Tunisie : scandale social autour de la fermeture de STRATIS Worldwide à Sfax

L’annonce brutale, le 22 septembre dernier, de la fermeture soudaine de la filiale tunisienne de l’entreprise française STRATIS Worldwide à Sfax continue de susciter l’indignation et les réactions. En cause : le licenciement abusif de 45 ingénieurs tunisiens, sans préavis ni justification, dans un silence administratif inquiétant.

L’affaire a éclaté lorsque les employés ont reçu, par simple e-mail, un message de la direction de la filiale de Sfax – spécialisée dans la création de sites web pour les services publics français – les informant de la fermeture immédiate de l’entreprise et de la fin de leur contrat à compter de ce jour.

Pris de court, choqués, les ingénieurs concernés n'ont trouvé aucun interlocuteur officiel pour leur fournir des explications ni défendre leurs droits. N’ayant reçu que la moitié de leur salaire du mois d’août, et laissés sans perspectives, ils ont décidé de lancer un cri de détresse sur les réseaux sociaux, sous le hashtag : #Cri_de_Sfax.

« 45 ingénieurs tunisiens, 45 rêves… effondrés en une seule nuit »

Voici leur message :

« Nous sommes de jeunes compétences tunisiennes. Nous avons travaillé pour une entreprise française appelée STRATIS, qui avait ouvert une filiale à Sfax – STRATIS Worldwide – en nous promettant du travail, de la stabilité, de l’espoir et de la dignité.

Mais le lundi 22 septembre 2025, nous avons reçu un courriel froid, nous annonçant la fermeture définitive de l’entreprise… sans préavis, sans explication, sans respect.

Du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés à la rue. 45 familles plongées dans le choc et la déception.

Depuis août, les salaires arrivaient en retard. Malgré cela, nous avons poursuivi notre travail, donné de notre temps, de notre énergie, de notre santé, en croyant que notre engagement serait respecté.

Ce que nous avons récolté ? Un licenciement abusif, sans droit, sans excuses, avec des portes closes et des codes d’accès changés.

Nous avons fait appel à un huissier, contacté l’inspection du travail, mais nous savons que le cadre légal seul ne suffit pas.

Nous ne sommes pas des numéros. Nous sommes ingénieurs, techniciens, designers, développeurs – diplômés des universités tunisiennes, formés pour apporter de la valeur.

Et pourtant, nous avons été exploités dans un système offshore qui considère les cerveaux tunisiens comme de la main-d’œuvre bon marché.

Nos compétences ont été utilisées, puis jetées comme si nous ne valions rien.

Et le plus grave : cet investisseur étranger a agi avec une telle assurance, comme si la loi ne le concernait pas… comme si nous vivions dans un pays sans souveraineté ni justice. »

Un silence qui interroge

L'affaire soulève de nombreuses questions sur le cadre légal de l’investissement étranger en Tunisie, la protection des travailleurs dans les secteurs offshore, et le rôle des autorités dans la prévention de tels abus. Jusqu'à présent, aucune déclaration officielle n’a été faite, ni par l'entreprise mère, ni par les ministères concernés.

Les 45 ingénieurs, eux, continuent leur combat pour faire valoir leurs droits. Et à travers leur cri, ils interpellent l’État, les syndicats, les médias et la société civile :
« Jusqu’à quand allons-nous tolérer l’exploitation des compétences tunisiennes ? »

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