Tunisie: Sommes-nous des bilingues ou des bi-bègues ?
Par Nouredine Ben Mansour (*)
Parler arabe ou parler français. Il ne faut pas mélanger ces deux langues. Eviter de se montrer en intellectuel en utilisant un faux arabe massacré garni de mots en français mal utilisés.. Du charabia et de la fausse personnalité.
Des faux intellectuels de tout genre nous bombardent chaque jour par un langage incompréhensible, un langage qui ressemble beaucoup à un plat de faux ckftegi. Des faux politiciens et des pseuo-intellectuels à travers les missions télévisées nous parlent, nuit et jour, avec un langage incompréhensible, un langage batard. Une phrase en arabe garnie par quelques mots en français ou autrement du multicolore.
À mon avis, tous les maux de nos sociétés proviennent essentiellement de deux réalités : la première est qu’une bonne partie de l'élite tunisienne est loin de la masse puis l’influence des faux francophiles. Chacune est dans un monde. Il n'y a presque aucun lien d'association intellectuelle.
Le problème réside principalement chez une partie de l'élite francophile et non francophone, qui essaie depuis toujours de destruire toute une culture arabo tunisienne et plus exactement cette tache est transmise a travers les générations depuis le début de la colonisation.
La culture arabe a marqué toute l'histoire de la Tunisie et plusieurs éminents hommes de lettre et de science ont bien protégé la culture tunisienne. Ce sont les Jaiet, les Ben Mrad ; les Lasram ; les Chebbi ; les Achour ; les Mohsen et autres grands hommes au noble sens du terme. C’est grâce à eux et autres éminents hommes de savoir que la Tunisise a pu garder son identité et son patrimoine culturel.
Les patriotes de tous genres ont bien défendu la nation tunisienne dans son grand sens. Ils se sont opposés à la francisation de la Tunisie. Ces gens et autres patriotes tunisiens ont bien combattu pour préserver la culture tunisienne au plus large sens.
Ces faux patriotes et faux francophiles regardent la culture arabe d'une manière basse et hautaine. Ce qui est sûr ces gens dans leur majorité ne veulent pas parler en arabe car pour eux c'est une langue qui ne marche pas avec leur mentalité et puis cette langue selon eux freine la modernisation du pays.
La deuxième réalité réside dans le fait que la Tunisie ne pourrait avancer scientifiquement qu'en utilisant sa propre langue, l'arabe, tout en maîtrisant d'autres langues, d'où la nécessité d'une vraie arabisation de l'enseignement en Tunisie. Tous les pays industriels ont avancé dans le développement scientifique que par l'utilisation de leurs propres langues.
Quels sont les savants tunisiens francophiles qui ont marqué l'histoire de la Tunisie? Certains de ces gens dominent les administrations et sont devenus des lobbies qui stoppent la carrière de tous les autres Tunisiens qui ont étudié en dehors des écoles françaises. Tout en vous signalant que vous êtes l'un des rares scientifiques tunisiens qui ont marqué l'histoire de la Tunisie parce que vous êtes un vrai patriote non francophile.
Dans le monde entier, les pays qui ont avancé et qui avancent sont ceux qui utilisent leurs propres langues. Il est sûr que les Coréens et les Japonais utilisent leurs langues même dans les domaines scientifiques et il suffit de jeter un coup d'œil sur leurs publications universitaires de recherche et vous allez constater cette réalité.
Utiliser la langue arabe ne signifie pas abandonner les autres langues mais au contraire la maitrise d’autres langues et surtout l’anglais, langue nécessaire pour le développement scientifique du pays.
Faisons un petit calcul: quelles sont les recherches des universités tunisiennes qui ont trouvé une application industrielle? Et ce malgré qu'elles sont écrites en français. On ne peut penser correctement qu'avec sa propre langue. La valeur d'une université se mesure par le nombre de ses recherches appliquées.
Quels sont les savants tunisiens, dans les sciences exactes, qui ont contribué à l'avancée de l'industrie tunisienne? La modernisation du pays se fait en s'attachant aux divers principes du pays tout en ayant un esprit ouvert aux autres.
Pourquoi les français défendent-ils leur langue contre l'anglais. Je vous cite un exemple: lors d'une discours ou d'un entretien (à Strasbourg) le général De Gaulle a dit apprenez leur (les Nord-africains) la langue française pour qu'ils achètent français.
La Corée du sud, en 1956, a été au niveau de la Tunisie et aussi il faut voir la Chine qui utilise sa propre langue où en est-elle maintenant? Ce n'est pas du chauvinisme mais c'est du patriotisme. Ce n’est pas une affaire purement linguiste mais plutôt une mentalité hybride qui ne connait aucune vraie direction.
Malheureusement en Tunisie, on ne parle ni arabe ni français. On parle un langage incompréhensible et à la longue l’individu tunisien ne pourrait maitriser ni le français ni l’arabe. Ceci nous rappelle les langues d’indigènes au temps du colonialisme.
La modernisation du pays ne pourrait avoir lieu qu'avec du patriotisme scientifique et non des clichés importés de l'étranger par des francophiles.
Plusieurs tunisiens maitrisent plus de deux langues mais ils s'attachent à fond à leurs propres langues car ces gens ont compris l'influence de la langue dans le comportement intellectuel de l'individu. Allez visiter l'Allemagne ou le Japon et vous allez comprendre l'importance de la langue. Le problème n'est pas dans la langue arabe mais il est en nous (c’est du franco arabe). Il faut arabiser davantage les livres scientifiques écrits en anglais et ce comme le font les Français qui sont entrain de les traduire.
Donc au lieu de se référer à une langue qui prend ses connaissances à partir de l'anglais traduit en français, il serait plus bénéfique d'aller directement à la source, c'est-à-dire la langue anglaise.
Donc la langue française n'est pas dans une meilleure situation que l'arabe. Le seul avantage c'est que les français intensifient du jour en jour la traduction de l'anglais (l’américain). C'est comme l'élite tunisienne qui envoie ses fils étudier en France, l'élite française envoie ses enfants étudier en Amérique.
Chaque pays à un dialecte ou des dialectes, voire chaque région. Je crois que Mahmoud Messadi ou Abou El Kacem Ecchabi n'a pas écrit en dialecte tunisien. Victor Hugo ou autre écrivain français n’a pas écrit en jargon. Ces arguments ne mènent pas loin.
Chaque nation a une langue. Je crois les journaux ne sont pas en dialecte tunisien ? Certains même font appel à l’instauration de la langue berbère sachant que depuis l’arrivée des carthaginois la langue berbère s’est transformée en dialecte carthaginois appelé TAPHANAK (si on supprime T ca devient phanak ou phinikia).
Le franco-arabe ne tient plus le coup. La France a essayé de malmener la langue arabe mais elle n'a pas pu atteindre son objectif. Les temps ont changé. Apprendre les langues étrangères est un atout pour le devenir scientifique d'un pays mais tout doit être imprégné par la propre culture, la culture du pays.
(*) dr.ing
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