Un deal entre Fakhfakh et Ghannouchi pour faire tomber le gouvernement Méchichi ?
L’on s’attend à ce que le chef du gouvernement désigné Hichem Méchichi annonce ce lundi 24 Août la composition de son équipe après l’avoir présentée au président de la République Kais Saied. Ce dernier doit, selon les usages constitutionnels, solliciter l’Arp pour un vote de confiance qui devrait intervenir au plus tard dans une semaine.
Face au mutisme de Dar Dhiafa qui abrite les concertations pour la formation du gouvernement, on a vécu ces derniers jours au rythme des listes fuitées et qui ont suscité de réactions pour la plupart hostiles de la part des partis politiques actuellement représentés au sein du parlement. Méchichi a en effet péché par manque de communication. Pourtant, il avait promis d’organiser deux points de presse hebdomadaires pour fournir des détails sur l’avancement des concertations. Mais à part une seule apparition de quelques minutes, le temps d’annoncer sa décision de former un gouvernement de compétences indépendantes de tous les partis politiques, dont « Le centre d’intérêt est le citoyen et sa priorité est de lui présenter des solutions urgentes, loin des tiraillements des conflits politiques », aucune autre déclaration n’est venue jeter la lumière sur ce qui se concocte loin des projecteurs.
Ce comportement irrite certains partis, notamment Ennahdha et le Courant démocrate. Ce dernier parti, qui compte 22 députés, a déjà annoncé sa décision de ne pas accorder la confiance au gouvernement. Par contre, Ennahdha continue de tergiverser et de faire pression sur Méchichi en posant des conditions. Tout comme Qalb Tounes qui jusque-là ne s’est pas exprimé sur le sort du gouvernement.
Pour le moment le Mouvement Achaab(16 députés) a décidé d'accorder sa confiance au gouvernement de Hichem Mechichi. Alors que le Parti destourien libre( 16 députés) favorable dès le départ au choix de Méchichi, ne s’est pas clairement prononcé, dans l’attente de l’annonce de la composition du gouvernement. Le groupe de la Réforme(16 membres) et le groupe National( 11 membres) ont apporté leur soutien à Méchichi.
Aujourd'hui, rien n’est clair et l’on navigue dans le flou. L’avenir semble même incertain et l’on risque d’entrer dans une période de turbulences. Selon le journaliste Hechmi Nouira, ancien directeur de la rédaction du quotidien Assahafa, Ennahdha se serait mis d’accord avec Elyès Fakhfakh et d’autres groupes parlementaires pour faire tomber le gouvernement de Méchichi. Le chef du gouvernement démissionnaire qui ne veut pas quitter son fauteuil à la Kasbah rumine une certaine vengeance aurait proposé au président d’Ennahdha Rached Ghannouchi une sorte de deal consistant en la proclamation d’un état d’urgence économique d’une durée entre 6 et 8 mois, avant d’aller éventuellement vers des élections législatives anticipées. D’ailleurs, Fakhfakh a demandé au président de l’ARP de convoquer une session extraordinaire de l’Assemblée pour faire passer le projet de loi relatif à la dynamisation de l’économie, l’intégration de l’économie parallèle et à la lutte contre l’évasion fiscale. Ce projet de loi a été adopté, le 10 juin 2020, par un conseil des ministres.
Ennahdha qui se trouve dans de mauvais draps après avoir perdu l’initiative laquelle est revenue au président de la République, ne veut pas quitter le pouvoir. D’autant plus qu’il n’est pas à l’abri d’une surprise de la part de Kais Saied ni de son « poulain » Hichem Méchichi.
Entre temps, le pays s’enlise de plus en plus dans une crise sans fin.
B.O
Votre commentaire