Zohran Mamdani, un enfant d'Afrique sur le point de diriger New York

À 33 ans, Zohran Mamdani, fils de la cinéaste Mira Nair et du grand intellectuel Mahmood Mamdani, est en passe de créer l’événement à New York. Porte-voix des classes populaires, défenseur acharné de la justice sociale et de la cause palestinienne, il incarne une nouvelle génération de responsables politiques américains, plus proches du peuple que des lobbies. À quelques jours du scrutin, tous les sondages le placent en position de force pour ravir la mairie de la plus grande ville des États-Unis.
Qui est Zohran Mamdani ?
Né le 18 octobre 1991 à Kampala, en Ouganda, et élevé à New York, Zohran Mamdani est le fils de deux figures majeures de la culture et de la pensée contemporaine. Sa mère, Mira Nair, est la célèbre cinéaste indo-américaine récompensée à Cannes en 1988 pour Salaam Bombay ! ; son père, Mahmood Mamdani, enseigne les sciences politiques et l’anthropologie à l’université Columbia.
Un programme municipal au service des New-Yorkais
Mamdani s’est imposé comme l’un des élus les plus engagés du paysage politique new-yorkais. Il a participé à une grève de la faim aux côtés des chauffeurs de taxi, obtenant plus de 450 millions de dollars d’allégements de dettes. Il a également réussi à débloquer plus de 100 millions de dollars dans le budget de l’État pour améliorer le service de métro et lancer un projet pilote de bus gratuits. Par ailleurs, il a mobilisé des milliers de citoyens pour faire échouer un projet de centrale électrique polluante.
Son programme, résolument progressiste, s’articule autour de mesures sociales fortes :
Gel des loyers,
Bus rapides et gratuits,
Garde d’enfants universelle,
Création de magasins d’alimentation municipaux,
Construction de 200 000 logements publics,
Lutte contre les propriétaires abusifs,
Fiscalité renforcée sur les grandes entreprises et les ultra-riches.
Des sondages optimistes et une dynamique populaire
Le vote anticipé à l’élection municipale de New York a commencé le samedi 25 octobre. Les premiers chiffres sont impressionnants : plus de 164 000 électeurs se sont déjà déplacés, soit cinq fois plus que lors des municipales de 2021. Cette mobilisation témoigne de l’élan suscité par la campagne Mamdani.
Le week-end de lancement du vote anticipé a été marqué par des soutiens politiques de poids : Hakeem Jeffries, chef de la minorité à la Chambre des représentants, ainsi qu’un meeting géant dans le Queens avec Alexandria Ocasio-Cortez et Bernie Sanders.
Les dernières estimations donnent Mamdani à 93 % de chances de victoire, avec 52 % des voix contre 28 % pour l’indépendant Andrew Cuomo. Le soutien inattendu d’une partie de la communauté juive new-yorkaise à Mamdani, en raison de sa position humaniste sur Gaza, pourrait s’avérer décisif.
La cause palestinienne, moteur de la campagne
Au-delà des enjeux locaux, la bataille pour la mairie de New York prend une dimension symbolique nationale et internationale. Elle oppose deux visions de l’Amérique : celle du candidat pro-palestinien Mamdani, défenseur d’une société juste et inclusive, et celle du camp pro-israélien, soutenu par les réseaux conservateurs proches de Donald Trump et de l’AIPAC.
L’élection du 5 novembre sera un test grandeur nature de l’influence des mouvements sociaux et des manifestations massives contre la guerre à Gaza. Les jeunes électeurs et les minorités, en particulier, semblent déterminés à traduire leur colère et leur espoir dans les urnes.
Par ailleurs, les critiques envers l’ingérence de l’AIPAC et les liens troubles de certains réseaux d’influence avec des affaires d’espionnage ou de chantage médiatique renforcent la volonté d’un changement profond.
Trois lignes de fracture structurent le vote :
L’opposition à la guerre d’anéantissement contre Gaza,
Le rejet des dérives autoritaires de Donald Trump,
La dénonciation de l’ingérence étrangère dans la politique américaine.
Une élection à portée historique
Cette élection new-yorkaise ne se limite pas à un affrontement municipal. Elle cristallise les tensions d’une Amérique en pleine mutation : entre un establishment fragilisé par les scandales et un peuple en quête de justice.
Le duel symbolique oppose, d’un côté, Trump, les partisans de la guerre à Gaza et les lobbies pro-israéliens, et de l’autre, une nouvelle génération d’Américains mobilisés pour la paix, l’égalité et la démocratie.
Si la victoire de Zohran Mamdani se confirme, elle marquera plus qu’un tournant politique à New York : elle symbolisera la montée d’une Amérique alternative, solidaire et décoloniale. Une Amérique qui, dans un contexte de fractures sociales et de guerre à Gaza, semble enfin prête à rompre avec la peur et les puissances de l’argent pour renouer avec les idéaux fondateurs de liberté et de justice.
A.K
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